SAN FRANCISCO/NEW YORK (Reuters) – Twitter a fait savoir jeudi qu’il avait déposé un dossier d’introduction en Bourse, première étape en vue d’une mise sur le marché d’un champion de la Silicon Valley qui promet d’être aussi suivie que celle du réseau social Facebook l’an passé.
Les grands établissements financiers de Wall Street courtisent le site de microblogging pour participer au syndicat de placement d’une IPO qui passe d’ores et déjà pour prestigieuse et la banque d’investissement Goldman Sachs a déjà réussi à se placer, a dit jeudi une source au fait du dossier.
Le directeur général de Twitter Dick Costolo a des années durant écarté toute idée d’introduction en Bourse, d’autant que l’IPO ratée de Facebook, et le plongeon du titre qui avait suivi, avaient refroidi les ardeurs des sociétés « dotcom » grand public.
Mais depuis lors, Facebook est revenu vers son prix d’IPO (38 dollars) en juillet et l’action est à un nouveau record après avoir inscrit 45 dollars cette semaine.
Twitter, évalué par des investisseurs privés à plus de 10 milliards de dollars, devrait parvenir au point mort cette année et enregistrer une croissance annuelle de 40% de son chiffre d’affaires pour atteindre le milliard de dollars, selon Max Wolff, de Greencrest Capital.
Depuis que Jack Dorsey, l’inventeur de Twitter, a envoyé son premier message court à partir d’un bureau de San Francisco en 2006, le service a pris une ampleur mondiale avec plus de 200 millions d’utilisateurs réguliers, auteurs de plus de 400 millions de messages quotidiennement.
Twitter fait de l’argent en insérant des publicités ressemblant à des messages habituels d’usagers, initiative dont le succès est tel qu’elle a poussé Facebook à l’imiter l’an passé avec son produit baptisé Sponsored Stories.
Twitter a été l’un des premiers à démontrer que la publicité « dans le flux » (in-stream) pouvait être un moyen viable de faire de l’argent à l’ère du mobile.
« On se demandait vraiment s’il pourrait jamais insérer des publicités sur son site », a dit Nate Elliott, analyste de Forrester. « Il a montré que ça peut marcher et il propose des outils d’évaluation qui sont dans une large mesure meilleurs que ceux de sociétés plus importantes comme Facebook ».
Toujours est-il que la perspective alléchante de voir Twitter devenir une valeur cotée mobilise les énergies des banques de Wall Street, plusieurs d’entre elles étant en discussions informelles avec le site de microblogging pour participer à son IPO, selon des sources proches du dossier.
Le site chinois Alibaba, qui devrait lever plus de 15 milliards de dollars cette année, suscite les mêmes convoitises. Des patrons de banque tels que Jamie Dimon (JPMorgan Chase) et Michael Corbat (Citigroup) ont mis un point d’honneur à rencontrer Jack Ma, le fondateur d’Alibaba.
« DE VRAIES ENTREPRISES »
Les débuts boursiers de Twitter, quoique plus modestes que ceux de Facebook, sont synonymes de dizaines de millions de dollars de commissions pour le seul mandat de placement. En supposant que Twitter place 10% environ de ses titres, soit un milliard de dollars, c’est entre 40 et 50 millions de dollars que le syndicat d’émission pourrait se partager, en prenant pour hypothèse une commission globale de 4% à 5%, selon Freeman & Co.
Mais les retombées d’une participation à cette IPO ne s’arrêtent pas là. « Certaines sociétés diront: ‘Nous aimons bien la façon dont vous avez géré Twitter et nous penserons à vous en priorité lorsque nous ferons notre propre IPO' », explique David Menlow (IPOFinancial.com).
Twitter a déposé un dossier d’IPO confidentiel conformément à une loi de 2012 (loi Jumpstart Our Business Startups) destinée à aider les sociétés dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas le milliard de dollars à entrer en Bourse et l’a fait savoir sur son propre réseau.
Les sociétés qui suivent ce régime peuvent garder certaines informations confidentielles jusqu’à 21 jours avant de commencer les présentations aux investisseurs.
Cela peut permettre à Twitter de s’épargner une analyse très pointilleuse et très critique à laquelle n’ont pas échappé d’autres fleurons d’internet tels que Groupon.
Dans l’intervalle, d’autres firmes de la Silicon Valley qui avaient été décontenancées par les déboires de Facebook espèrent que le redressement de ce dernier et qu’une IPO de Twitter souhaitée sans accroc encourageront les investisseurs à leur faire à nouveau les yeux doux.
« Si 2012 a été marquée par les déconvenues de l’IPO de Facebook, 2013 se présente tout d’un coup sous un jour très sympathique », dit Rick Heitzmann, investisseur de Firstmark Capital spécialisé dans les sociétés d’internet grand public. « Nous voyons qu’on a affaire à de vraies entreprises, capables de réaliser des chiffres d’affaires vraiment impressionnants ».
Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny
Reuters par Gerry Shih et Olivia Oran
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