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Le milliardaire Vincent Bolloré placé en garde à vue

Le milliardaire Vincent Bolloré placé en garde à vue

A la tête d’une fortune estimée à 8 milliards d’euros, l’homme d’affaires Vincent Bolloré a été aujourd’hui mis en garde à vue par le Parquet national financier, à Nanterre. En cause, la corruption dont aurait usée son groupe, la société Bolloré SA, afin d’obtenir la concession des ports de Conakry en Guinée et de Lomé au Togo.

Convoqué dans les locaux de la police judiciaire, à Nanterre, Vincent Bolloré est soupçonné de corruption d’agents étrangers en vue de l’obtention de faveurs économiques de la part des autorités locales susnommées.

Pour comprendre cette affaire, il faut déterminer les personnes (physiques et morales, puisque l’on parle de sociétés) et  les enjeux en question. Remontons donc à l’année 2009. Cette année là, Vincent Bolloré est à la tête d’un conglomérat industriel présent notamment dans la logistique et l’agro-business. Mais le patron à la réputation de « raider » entend diversifier son groupe aussi bien économiquement que géographiquement, suivant une stratégie forgée depuis des décennies.

 

Ainsi en 2005 a t-il entrepris la prise de contrôle par rachats d’actions cotées en Bourse de l’agence de publicité Havas. Havas, ex agence de presse, est un leader mondial du conseil en communication (à l’instar des WPP, Publicis ou Omnicom). En devenant l’actionnaire majoritaire de cette araignée financière, Bolloré se retrouve au centre d’une toile économique, sociale et politique.

En effet , la prestigieuse Havas conseille plusieurs hommes politiques français et internationaux de toutes obédience (en particulier ceux se prédestinant à une carrière d’envergure « nationale »). Havas noue des partenariats avec mouts entreprises clientes pour leur fournir services dédiés, et en cela voie son influence dans les milieux économiques avoisiner celui d’une banque d’affaires comme Lazard. Enfin, notons que le carnet d’adresse de l’agence est aussi large que peut l’être une boîte protéiforme dont les conseils peuvent couvrir un large éventail et s’adresser à une clientèle diversifiée (collectivités, associations etc).

 

De cette diversification économique du groupe Bolloré, dont Havas est devenue comme plus tard Vivendi une carte-maitresse, les juges forment le soupçon selon lequel elle aurait servi les dessins économiques des autres activités, plus « familiales » dirons-nous, du groupe Bolloré. Car comme précisé plus haut et comme la communication du groupe Bolloré -par le truchement de son site Internet vous le confirmera sans doute- il l’existe en réalité deux groupes Bolloré; le premier est le groupe noyau qui comprend les activités traditionnelles du conglomérat, ou du moins ses filiales détenues sur le long-terme.

Et puis il y’a ce que les observateurs de Vincent Boloré aime à appeler ses « diversifications » ou « participations » (Vivendi, Mediobanca, Vallourec, ou plus récemment Ubisoft et Gameloft). Ce deuxième groupe Bolloré, qui constitue pour filer la métaphore chimique, son nuage électronique, est fondamental dans le sens ou il peut servir le noyau et peut servir à déterminer la politique globale et future du groupe Bolloré (dans quel secteur il l’entend s’implanter, quelles synergies entend t’il mettre en œuvre, quelle zone géographique entend t’il investir,etc)

 

Havas était surement en 2010 pour la Place de Paris (surnom de la communauté économique de la Ville-Lumière), une société faisant partie du second groupe Bolloré, un électron à plus ou moins longue distance du centre de l’atome Bolloré. Dans le même temps, début 2010, ont lieu les élections présidentielles togolaises. Le président sortant Faure Gnassimbé, fils de l’ancien président de la République du Togo Gnassimbé Eyadema (au pouvoir du 15 avril 1967 à son décès survenu le 5 avril 2005) fait appel aux services du publicitaire français Havas pour se charger de la communication de sa campagne.

En Guinée a également lieu un scrutin présidentiel dans lequel Havas va également s’impliquer, puisqu’il livrera des conseils en communication et en image, ainsi que des services publicitaires au candidat Alpha Condé.

 

Faure Gnassimbé, comme Alpha Condé seront élu à la tête de leurs pays respectifs, avec le concours appuyé de l’agence Havas de Vincent Bolloré. Puis octroieront à Bolloré Logistics (filiale à 100 % du groupe Bolloré) pour le premier la concession du terminaux de conteneurs du ports de Lomé, pour l’autre la concession du Port de Conakry.
Ces accords feront par ailleurs l’objet de controverses juridiques et conduiront à des litiges commerciaux qui iront jusqu’à se régler devant les tribunaux (lire l’article « Une affaire Bolloré ? » dans votre journal).

Ceux que les juges exigent de Bolloré, c’est donc qu’il leur explique la coïncidence formée par le service de sa filiale Havas aux futurs présidents guinéens et togolais, celui-ci se muant selon les enquêteurs en service rendus à la branche africaine du groupe Bolloré par les mêmes hommes politiques africains une fois accédés à la magistrature suprême. Ce qui constituerait en, soi un échange de bons procédés assumés par Alpha Condé  : « Bolloré remplissait toutes les conditions d’appels d’offres. C’est un ami, je privilégie les amis. Et alors ? », confiait-il au journal Le Monde au printemps 2016.

Mais non une infraction pénale caractérisée, sauf si cette entente économique s’est construite ou a été accompagné de délits  comme la sous-facturations des missions de conseil de Havas lorsqu’elle officiait pour le compte des futurs Chefs d’états togolais et guinéen. C’est cette corruption accompagnée par le recel de manipulations financières dont l’Office Central de Lutte contre la Corruption et les Infractions Financières et Fiscales (OCLCIFF) soupçonne aujourd’hui Vincent Bolloré, et qui lui vaut sa mise en garde à vue.

A lui ainsi qu’au directeur général du groupe Bolloré, le fidèle Gilles Alix, tout comme au responsable du pôle international de l’agence Havas, Jean-Philippe Dorent. Ce dernier a œuvré dans chacune des campagnes présidentielles précités et intéresse particulièrement l’enquête en cours sur le soupçon de corruption d’agents publics étrangers par la holding Bolloré et ses sociétés-électrons.

 

A Lire en Exclusivité sur K1fo : Une enquête sur « l’Affaire Bolloré »; d’où provient cette affaire et cette information judiciaire contre Vincent Bolloré ? Comment peut-il se défendre et quels sont les éléments présents et futures qui seraient susceptibles de peser sur lui et son groupe ? Ne rater donc pas le prochain article de K1fo intitulé « Une Affaire Bolloré ? »

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