Patrick Drahi est un spécialiste des rapports de force. En situation de faiblesse paraître le plus fort. En situation de domination, ne pas laisser paraître la moindre faiblesse, et la moindre alternative contraire à son but. D’aucuns dirons qu’il est boulimique, arguons qu’il entend rester maître de sa relation spéciale à l’espace et au temps. Ainsi s’engage t-il dans des nouveaux défis, des horizons lointains, et-ce à une cadence telle qu’aucun observateur financier ne peut prévoir où se situera le point Drahi dans le court, moyen et long terme.
Aussi la Commission européenne estime y-il qu’il est allé bien vite en besogne en ce qui concerne le rachat par son groupe Altice de l’opérateur de téléphonie Portugal Telecom. Ayant déclenché la procédure d’acquisition avec le feu vert de l’Union européenne, Patrick Drahi s’est pour les instances communautaires rendu coupable d’outre-passement des prérogatives actionnariales et exécutives d’Altice envers sa nouvelle filiale lusitanienne.
La Commission, lui infligeant la lourde amende de 124,5 millions d’euros, estime dans un communiqué datant du mardi 24 avril 2018, que Altice « n’a respecté ni l’obligation de notification, ni l’obligation de suspension », alors même que le groupe « était au courant des obligations qui lui incombaient ».
Selon l’Union européenne : « Certaines dispositions de l’accord d’achat ont eu pour effet qu’Altice a acquis le droit légal d’exercer une influence déterminante sur Portugal Telecom, par exemple grâce à un droit de veto sur les décisions concernant l’activité ordinaire de cette dernière », ce qui est contraire aux dispositions réglementaires de l’UE en la matière.
Altice entend faire appel de cette décision, dans l’optique d’annuler ou plus raisonnablement de réduire l’amende pharaonique mais « à la fois proportionnée et dissuasive « selon l’expression de la Commission européenne.
Patrick Drahi dans son discours à la cérémonie du Prix Scopus 2015 : « Il y a plus de 3 000 ans, le sage Hillel nous laissait ces quelques mots issus des Maximes de nos Pères, texte fondateur de la littérature juive, les Pirke Avot, que je garde superstitieusement sur ma table de chevet. Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je ne suis que pour moi, qui suis-je ? Et si pas maintenant, alors quand ? »
GNADOU ATHYTHEAUD
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