Économie

Accord historique de 130 milliards de dollars entre Verizon et Vodafone

Accord historique de 130 milliards de dollars entre Verizon et Vodafone

Verizon prend le contrôle total de Verizon WirelessNEW YORK/LONDRES (Reuters) – L’opérateur télécoms américain Verizon Communications a accepté lundi de débourser 130 milliards de dollars (98 milliards d’euros) pour racheter la participation de 45% détenue par son concurrent Vodafone Group dans leur filiale commune Verizon Wireless, après 14 ans de mariage houleux.

Verizon voit ainsi aboutir environ dix ans d’efforts pour prendre le contrôle total de l’opérateur mobile le plus rentable des Etats-Unis et signe la troisième plus importante acquisition d’entreprise en valeur de tous les temps.

L’opérateur britannique se retire de son côté d’un marché mobile américain important mais arrivé à maturité et met fin à une période de forte expansion qui l’a vu s’implanter au cours des 20 dernières années dans une trentaine de pays en Europe, en Afrique et en Inde.

Selon les modalités de l’accord, Vodafone recevra 58,9 milliards de dollars en trésorerie et 60,2 milliards en actions Verizon ainsi que 11 milliards supplémentaires tirés de diverses transactions qui portent la valeur totale de la transaction à 130 milliards de dollars, ont précisé les deux groupes.

Le groupe britannique a annoncé son intention de redistribuer 84 milliards de dollars à ses actionnaires, soit 71% du montant net dégagé de la vente, dont la totalité des actions Verizon et 23,9 milliards de dollars en trésorerie.

De son côté, le conseil d’administration de Verizon a fixé son dividende trimestriel à 53 cents par action, en hausse de 1,5 cent (+2,9%) par rapport au trimestre précédent, alors que le groupe américain avait suspendu ses versements de dividende pendant six ans, de 2003 à 2008, pour tenter de pousser – sans succès – son partenaire britannique vers la sortie.

Les groupes ont précisé que leurs conseils d’administration avaient approuvé à l’unanimité cette opération, qui devrait être bouclée au premier trimestre 2014.

UN SUCCÈS POUR COLAO ET MCADAM

Il s’agit de la troisième plus grosse acquisition de l’histoire, après le rachat de l’allemand Mannesmann en 1999 par Vodafone pour 203 milliards de dollars et l’acquisition par AOL de Time Warner pour 181 milliards de dollars l’année suivante.

Cette opération devrait aussi marquer d’une pierre blanche les carrières de Vittorio Colao et Lowell McAdam, les dirigeants respectifs de Vodafone et Verizon, qui ont réussi à rétablir le dialogue entre les deux groupes, dont les relations s’étaient rapidement dégradées depuis la création de leur filiale commune.

En 2004 déjà, Vodafone envisageait de se désengager de Verizon Wireless pour jeter son dévolu sur l’activité de téléphonie mobile d’AT&T, finalement acquise par Cingular.

Les dernières discussions en date avaient été révélées par Reuters en avril. A l’époque, des sources évoquaient un montant de 100 milliards de dollars que Verizon aurait été prêt à débourser en actions et en numéraire, tout en notant que le groupe américain préférait un accord à l’amiable.

Vittorio Colao, le directeur général de Vodafone, avait alors clairement fait savoir qu’il prendrait son temps et ne céderait ses 45% qu’à un juste prix.

Les discussions sont entrées dans le vif du sujet il y a quelques semaines, Verizon ayant conscience que la remontée des taux d’intérêt et la baisse de son cours de Bourse – en recul de plus de 4% en août – lui compliqueraient la tâche s’il tardait trop. Le groupe américain a alors accepté de monter son prix à 130 milliards de dollars.

« Verizon a finalement accepté de payer le prix et a fait preuve de beaucoup de bonne volonté pour aboutir », selon une source proche de l’accord.

« Il y a une fenêtre de tir pour obtenir un financement important à des taux historiquement bas. L’une des craintes était qu’elle ne resterait pas éternellement ouverte. »

OPÉRATION RELUTIVE

Même à ce prix, le rachat des parts de Vodafone sera une bonne opération pour Verizon Communications, renforçant sa force de frappe pour investir dans ses réseaux mobiles dans un marché qui devrait devenir plus concurrentiel dans les années à venir.

De fait, Verizon Wireless a dégagé en 2012 un flux de trésorerie (free cash-flow) de 28,6 milliards de dollars.

Verizon s’attend à ce que cette acquisition ait un impact positif d’environ 10% sur le bénéfice par action dès sa conclusion, hors éléments exceptionnels.

Quant à Vodafone, tout en perdant son plus bel actif, il dégage ainsi de la trésorerie à distribuer à ses actionnaires et à investir dans ses activités européennes, confrontées à la mauvaise conjoncture et à une réglementation sévère.

L’opérateur britannique compte investir six milliards de livres (7,07 milliards d’euros) pour améliorer ses réseaux mobiles et internet sur les trois prochains exercices.

La facture qu’il devra régler au fisc sur la plus-value de cession sera limitée à environ cinq milliards de dollars. Le vendeur de Vodafone Americas n’étant pas une entreprise américaine, il n’aura pas à s’acquitter de la taxe sur les plus-values aux Etats-Unis et la législation britannique exempte sous certaines conditions les gains réalisés sur la vente de participations d’entreprises – ce dont il devrait bénéficier.

AUBAINE POUR LES BANQUIERS CONSEIL

Outre les actionnaires des deux groupes, les banquiers impliqués dans l’opération sont les grands gagnants dans cette affaire. Après dix ans d’attentes et de faux départ, ils seront largement récompensés de leur patience puisqu’ils devraient finalement se partager des commissions représentant 200 à 250 millions de dollars pour leur rôle de conseil, dont 110 à 125 millions de Verizon et 100 à 118 millions de Vodafone, selon les estimations de la société de services financiers Freeman & Co.

Guggenheim Partners a conseillé Verizon, ainsi que Paul Taubman, un ancien de Morgan Stanley qui a joué un rôle clé dans les négociations. Goldman Sachs et UBS ont conseillé Vodafone.

Par ailleurs, un groupe de banques – JPMorgan, Morgan Stanley, Bank of America Merrill Lynch et Barclays – s’est engagé sur un peu plus de 60 milliards de dollars de dette destinée à financer l’acquisition, ont rapporté des sources.

De son côté, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit de Verizon de « A3 » à « Baa1 » après l’annonce pour, dit-elle, prendre en compte la perspective d’un ratio d’endettement qui devrait être alourdi « pendant une période prolongée ».

Le secteur des télécoms a été marqué par une série de fusions-acquisitions ces dernières années, la plus récente étant la prise de contrôle par le japonais SoftBank de Sprint Nextel, le troisième opérateur américain de téléphonie mobile, pour 21,6 milliards de dollars.

Avec Ilaina Jonas, Edwin Chan et Soyoung Kim, Juliette Rouillon pour le service français

 

Source : Reuters par Kate Holton et Sinead Carew

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