Économie

Fiat envisage une cotation à New York, aux dépens de l’Italie

Sergio Marchionne, l"administrateur délégué de Fiat. La fusion entre Fiat et Chrysler aura probablement pour conséquence une cotation à New York qui fera de l"Amérique du Nord le nouveau centre de gravité du groupe, aux dépens de l"Italie, deux sources proches du groupe italien évoquant la probabilité d"une cotation à Wall Street dès 2015. /Photo prise le 5 mars 2013/ REUTERS/Denis Balibouse
Fiat envisage une cotation à New York, aux dépens de l’Italie

MILAN/DETROIT (Reuters) – La fusion entre Fiat et Chrysler aura probablement pour conséquence une cotation à New York qui fera de l’Amérique du Nord le nouveau centre de gravité du groupe, aux dépens de l’Italie.

Deux sources proches du groupe italien ont évoqué la probabilité d’une cotation à Wall Street dès 2015, après l’annonce le 1er janvier d’un accord permettant à Fiat de racheter la totalité du troisième constructeur américain dont il était déjà l’actionnaire principal.

Chrysler a déjà représenté plus de la moitié du chiffre d’affaires du groupe au premier semestre, permettant à Fiat de dégager un bénéfice de 435 millions d’euros alors que ses opérations propres ont accusé une perte de 501 millions.

Selon des estimations du cabinet IHS Automotive, les usines italiennes de Fiat n’ont tourné en moyenne qu’à 41% de leurs capacités en 2013.

Une cotation à New York permettrait à l’administrateur délégué Sergio Marchionne de prendre encore un peu plus de distance avec le Vieux Continent et de présenter Fiat à l’égal de General Motors ou de Ford devant les investisseurs.

« Avec une cotation aux Etats-Unis, c’est toute la perception du groupe qui pourrait évoluer », commente George Galliers, analyste chez International Strategy and Investment.

« Aujourd’hui Fiat est perçu comme un acteur européen plutôt faible, avec une bonne exposition en Amérique latine et une exposition en Amérique latine grâce à Chrysler. Une fois coté à New York, il sera placé sur le même plan que Ford et GM. »

Si Fiat a son siège à Turin depuis 115 ans, « le centre de gravité s’est déplacé de l’autre côté de l’océan, aux Etats-Unis », renchérit Luciano Gallino, un sociologue spécialiste du marché du travail, cité par l’agence italienne Ansa.

Fiat n’a pas encore fait savoir comment il s’organisera après la fusion mais les investisseurs se rappellent que Sergio Marchionne a fusionné avec succès Fiat Industrial avec l’américain CNH pour créer un géant mondial des véhicules agricoles.

CNH Industrial a sa cotation principale à New York, une autre secondaire à Milan, est enregistré aux Pays-Bas et domicilié fiscalement au Royaume-Uni.

L’ITALIE, PROVINCE DE L’EMPIRE FIAT

Cet exemple est bien vu des marchés financiers mais inquiète en Italie où le gouvernement voudrait agir mais se retrouve largement impuissant face à des ventes de voitures tombées à leur plus bas niveau depuis les années 1970.

« Le marché est difficile en Europe et spécialement en Italie, la croissance est ailleurs. Le gouvernement le sait bien et ne peut pas faire grand chose », dit un analyste à Milan.

Fiat, le premier employeur privé d’Italie, et le gouvernement ont pris l’engagement l’an dernier d’oeuvrer ensemble à la relance du marché automobile italien.

Le gouvernement, qui avait auparavant exhorté le groupe à « rester en Italie », s’est officiellement réjoui de l’accord de fusion, en y voyant un plus pour l’Italie.

Les syndicats attendent de Fiat qu’il investisse dans de nouveaux modèles, sur fond de stabilisation attendue du marché en 2014.

Dans une interview publiée dimanche par le journal Il Sole 24 Ore, le ministre de l’Industrie Flavio Zanonato dit avoir d’ores et déjà reçu des assurances de Sergio Marchionne sur le maintien de la présence de Fiat en Italie.

Mais les syndicats voudraient des engagements contraignants.

« Notre inquiétude est que Fiat arrêtera de produire des voitures en Italie », dit Federico Bellono, secrétaire général de la branche turinoise du syndicat Fiom. « Nous craignons que les investissements qui seront effectués en Italie soient beaucoup plus bas que ce l’on pouvait attendre. »

Après la détérioration des conditions de marché, Fiat avait abandonné un plan de 2010 prévoyant d’investir jusqu’à 20 milliards d’euros dans ses opérations italiennes, et certains craignent que la fusion entraîne d’autres renoncements.

Le constructeur turinois a réaffirmé à maintes reprises qu’il ne fermerait pas d’usines, contrairement à ses concurrents Ford, GM ou PSA Peugeot. Il a aussi confirmé son intention d’assembler des Jeeps et des Alfa Romeo en Italie pour exporter vers l’Asie, l’Amérique latine et les Etats-Unis.

Un nouveau projet industriel doit être dévoilé fin avril.

Selon des analystes, les investissements en Italie seront en tout état de cause insuffisants pour préserver l’emploi. Ils estiment que Fiat devrait tripler sa production dans la Péninsule pour remettre au travail ses milliers d’ouvriers actuellement en chômage technique.

Les syndicats eux-mêmes reconnaissent que la contraction du marché italien a changé la donne. « L’Italie n’est déjà plus qu’une province dans l’empire Fiat », conclut Federico Bellono.

Véronique Tison pour le service français

 

Reuters par Agnieszka Flak et Deepa Seetharaman

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