Dans le village de Mouthiers sur Boëme, en Charente, un agriculteur jugé peu rentable par l’État se retrouve au pied du mur. La Direction Départementale des Territoires (DDT) le somme de rembourser le tiers des aides à l’installation qu’il a reçue. C’est le total de 5000 euros qu’il doit sortir de sa poche. Son crime: ne pas être rentable dans l’immédiat.
Pierre Henri Bihron, jeune maraîcher s’étant installer à Mouthier sur Boëme travaille sur 7 hectares de vergers. La vente directe de ses légumes rapporte 500 euros par mois. Il assure que son chiffre d’affaires augmente chaque année mais ne peut en un temps bref se viabiliser, si l’on se fie aux canons économiques canons de la DDT. En effet, il est reproché au jeune agriculteur de ne pas dégager un bénéfice mensuel équivalent au SMIC, c’est à dire à 1498.47 euros.
Les courriers de l’administration se font plus pressants nous confie Monsieur Bihron, prenant la tournure de menaces et de suspicions. Assimilé à un fraudeur qui de son propre chef n’assurerait pas sa prospérité économique, le Charentais dénonce une situation ubuesque, notamment sur les réseaux sociaux, où son cas a été nationalement relayé depuis le 4 avril 2018. Un agriculteur français sur trois gagne moins de 350 euros par mois. C’est à dire mille cent cinquante euros de moins que ce que la Direction Départementale des Territoires de Charente exige du jeune maraîcher. Ce dernier entend donc d’épuiser tous les recours possibles afin de lever cette décision qui il est sur signera l’arrêt de mort de sa culture, et sera un mauvais signal envoyer aux agriculteurs qui s’installent, et aux communes qui en réclament de nouveau et davantage.
Précisons simplement que cette affaire pourrait être rapproché de celle d’un jeune médecin s’installant en zone rurale à faible démographie, à qui les services administratifs territoriaux demanderaient de rembourser son aide à l’installation et les crédits alloués au fonctionnement de son cabinet, parce qu’il n’assure pas une « rentabilité » suffisante à sa clinique. Considérons les hommes et la situation, et convenons que ni dans le cas étudié dans votre journal, ni dans cet exemple, l’opprobre ne doit revenir à l’auto-entrepreneur ou au cadre.
Cependant, si des objectif de rentabilité fixé dans le temps avait été préalablement établi entre l’administration et le nouvel arrivant, ce dernier est-il en faute si à une certaine date il n’affiche pas le niveau de rendement escompté ?
La décision de justice ou de préfecture qui sera rendu en la matière aura l’avantage d’éclairer sur ces points épineux auxquels les artisans, agriculteurs et commerçants, ainsi que les travailleurs indépendants et auto-entrepreneurs français sont confrontés dans leur travail quotidien.
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