MADRID/MILAN (Reuters) – Le groupe espagnol Telefonica va relever sa participation dans Telecom Italia dans le cadre d’un accord complexe qui renforce son emprise sur un concurrent majeur en Amérique du Sud tout en permettant aux actionnaires italiens de sortir d’un investissement peu fructueux.
Cet accord valorise les actions Telecom Italia, détenues indirectement par Mediobanca, Intesa Sanpaolo et Generali, à 1,09 euro pièce, soit près du double de leur valeur en Bourse, et met fin à des mois de spéculations autour de l’avenir du groupe de télécoms italien.
Dans la première phase, Telefonica portera de 46% à 66% sa participation dans Telco, la holding de contrôle de Telecom Italia, en souscrivant à une augmentation de capital de 324 millions destinée à rembourser une partie de la dette, ont indiqué mardi les actionnaires italiens dans un communiqué.
Dans un second temps, Telefonica a l’intention de porter sa participation dans Telco à 70%, soit près de 16% du capital de Telecom Italia, en souscrivant à une deuxième augmentation de capital d’un montant de 117 millions d’euros, avant de racheter par la suite la totalité des actions des actionnaires italiens.
L’action Telecom Italia gagne plus de 1,61% à 0,5995 euros vers 8h55 GMT à la Bourse de Milan, après avoir ouvert en hausse de plus de 4%. L’action Telefonica perd 0,84% de son côté à Madrid.
TELECOM ITALIA GAGNE DU TEMPS
Les analystes financiers soulignent que cet accord permet à Telefonica de renforcer son emprise sur l’opérateur italien sans avoir à lancer une offre publique d’achat en bonne et due forme.
« C’est toujours la même histoire », dit Roberto Lottici, gérant de fonds chez Ifigest. « C’est bon pour Telecom Italia dans la mesure où le groupe en sortira renforcé et c’est bon pour les actionnaires italiens dans Telco. Mais ces grandes opérations passent toujours sous le nez des petits actionnaires. »
L’accord évite à Telefonica de voir les actions des partenaires italiens dans Telco tomber entre les mains d’un de ses concurrents. Selon des sources, AT&T et l’homme d’affaires égyptien Naguib Saouiris avaient entamé des démarches en vue du rachat de Telecom Italia.
Les droits de vote du groupe espagnol dans Telco resteront inchangés dans un premier temps mais pourraient être portés jusqu’à 64,9% à partir de janvier 2014, à condition d’obtenir les autorisations administratives, y compris au Brésil et en Argentine. A cette date, le groupe espagnol pourra aussi racheter la totalité des actions de Telco, précisent-ils.
L’accord donne aussi aux parties prenantes neuf mois supplémentaires pour sortir de leur pacte d’actionnaires.
Le montage de l’opération donne pareillement plus de temps à Telecom Italia pour envisager une éventuelle cession de sa précieuse filiale TIM Participacoes au Brésil et pour faire avancer son projet de scission de son réseau de téléphonie fixe, un actif jugé stratégique par les responsables politiques italiens.
Parmi les actionnaires italiens, la banque d’affaires Mediobanca a annoncé qu’elle réaliserait une plus-value de 60 millions d’euros sur cette opération qui sera inscrite sur ses comptes du premier trimestre du prochain exercice.
L’assureur Generali a indiqué de son côté qu’il passerait sur ses comptes du troisième trimestre une provision de 65 millions d’euros pour dépréciation de sa participation.
Jose Rodriguez, Danilo Masoni et Agnieszka Flak, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison
Reuters par Danilo Masoni
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