Économie

PSA va changer d’échelle en rachetant Opel pour 2,2 milliards d’euros

PSA et General Motors ont annoncé lundi un accord sur le rachat par le groupe automobile français de la filiale Opel-Vauxhall du constructeur américain, valorisée à 2,2 milliards d'euros. /Photo prise le 20 février 2017/REUTERS/Christian Hartmann
PSA va changer d’échelle en rachetant Opel pour 2,2 milliards d’euros

PARIS (Reuters) – PSA a officialisé lundi le rachat à General Motors de sa filiale Opel/Vauxhall, valorisée en tout à 2,2 milliards d’euros, ce qui permettra au groupe français de redevenir le deuxième constructeur automobile européen et à l’américain de poursuivre son recentrage hors d’Europe.

En Bourse, PSA s’adjuge 3% et a touché un plus haut de cinq ans et demi à 20,06 euros à l’annonce de cette opération qui lui donnera 17% du marché automobile européen, derrière Volkswagen.

La clôture de la transaction est attendue au quatrième trimestre de cette année. PSA va d’abord acquérir les activités de conception et de production automobile de GM en Europe, valorisées à 1,3 milliard d’euros. Ce montant sera financé par PSA en numéraire, pour 670 millions d’euros, et par l’émission de bons de souscription d’actions (BSA) auprès de GM, pour 650 millions.

« Nous sommes fiers d’unir nos forces à celles d’Opel/Vauxhall et nous nous engageons à poursuivre le développement de cette grande entreprise et à accélérer son rétablissement », a déclaré le président du directoire de PSA, Carlos Tavares, cité dans un communiqué.

« Nous sommes convaincus que ce nouveau chapitre permettra de renforcer davantage encore Opel et Vauxhall à long terme », a déclaré de son côté Mary Barra, PDG de General Motors. Le groupe américain poursuit ainsi sa sortie progressive d’Europe, après avoir arrêté la commercialisation de sa marque Chevrolet sur le continent entre 2014 et 2015.

PSA va également reprendre une partie des activités de financement automobile de GM Financial en Europe, valorisées en tout à 0,9 milliard d’euros, conjointement avec la banque BNP Paribas avec laquelle il va créer pour l’occasion une coentreprise à parité.

L’investissement pour PSA sera de 0,46 milliard d’euros en cash. Au total, l’opération coûtera au groupe français 1,78 milliard d’euros, dont 1,13 milliard en cash.

TROIS ANS POUR REDRESSER OPEL

Depuis leur révélation le 14 février, les discussions entre PSA et GM se sont poursuivies sans relâche.

Elles ont achoppé un temps sur la question du déficit des retraites d’Opel, dont le groupe américain assumera la partie historique et dont il transférera les obligations du plan allemand « Actives » à PSA, tout en versant au français 3,0 milliards d’euros pour le règlement complet des pensions transférées.

PSA et Opel ont déjà trois programmes de véhicules en commun, hérités de la grande alliance nouée en 2012 avec GM, mais dont les ambitions avaient rapidement été revues à la baisse. Le transfert de véhicules Opel sur des architectures de PSA va maintenant se poursuivre, et la nouvelle Opel Corsa pourrait devenir le prochain nouveau véhicule partagé vers 2020.

Le projet a suscité dans un premier temps d’importantes craintes en Allemagne et au Royaume-Uni sur l’emploi et l’avenir des sites. Carlos Tavares a assuré lundi qu’il ne fermerait pas de sites Opel et que la présence au Royaume-Uni de deux usines d’assemblage Vauxhall pourrait même s’avérer précieuse en cas de « Brexit dur ».

Le président du syndicat britannique Unite, Len McCluskey, a déclaré sur Sky News que PSA s’était engagé à honorer tous les accords passés avec les représentants du personnel de Vauxhall, et s’est dit « prudemment optimiste ».

De leur côté, le comité d’entreprise européen d’Opel et le syndicat IG Metall ont demandé des négociations afin de protéger les marques Opel/Vauxhall et assurer leur avenir, dont un élément clé peut être, selon eux, « l’utilisation rapide d’économies d’échelle pour accroître la profitabilité via l’utilisation mutuelle de plates-formes ».

PSA va reprendre les six usines de montage d’Opel/Vauxhall, qui viendront s’ajouter à ses dix sites d’assemblage, dont la moitié en France. Le groupe français va également reprendre cinq usines de pièces détachées et le centre d’ingénierie de Rüsselsheim, en Allemagne. En revanche, le centre d’ingénierie de Turin, en Italie, restera dans le giron de GM.

Carlos Tavares compte reproduire chez Opel, en perte depuis 16 ans, le redressement qu’il a réussi en quelques années chez PSA. Il se donne ainsi pour objectif de rendre le free cash flow opérationnel d’Opel/Vauxhall à nouveau positif d’ici 2020 et en attend une marge opérationnelle courante de 2% d’ici 2020 et 6% d’ici 2026.

(Edité par Dominique Rodriguez)

 

Source : Reuters par Gilles Guillaume

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