PARIS (Reuters) – Philippe Varin, le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, a renoncé mercredi aux dispositions prévues pour sa retraite-chapeau en raison de la polémique suscitée par la somme de 21 millions d’euros provisionnée par le groupe, alors qu’il est en difficulté financière et en restructuration.
La CGT, sur son site internet, s’est émue du montant de 20.968.000 euros mentionné dans le document de référence 2012 de PSA au titre des engagements du régime de retraite des dirigeants.
PSA a eu beau préciser que Philippe Varin ne toucherait pas cette somme car elle correspond à un montant brut total estimé pour les 25 prochaines années, plusieurs responsables politiques ont exprimé leur indignation et le gouvernement a demandé un réexamen du dispositif.
« Compte tenu de la polémique que ce sujet a suscitée, de l’émotion dans notre pays qui a aujourd’hui besoin d’être rassemblé plutôt que divisé, compte tenu de l’immense respect que j’ai pour les collaborateurs du groupe et des conséquences qu’ont pour eux les décisions difficiles mais nécessaires que j’ai été amené à prendre, j’ai décidé de renoncer aux dispositions actuelles de mes droits à retraite », a déclaré Philippe Varin au cours d’une brève conférence de presse en fin d’après-midi.
Il a ajouté qu’il s’en remettait au conseil de surveillance de PSA pour décider des conditions appropriées à son départ à la retraite, « quand le moment sera venu » et après avis du Haut Comité de gouvernement d’entreprise, une instance créée par les organisations patronales Afep et Medef qui s’est saisie du dossier.
7,5 MILLIONS D’EUROS NET SUR 25 ANS
François Hollande, interrogé lors d’une conférence de presse à Madrid, a parlé d’une « décision sage (…) la seule possible au regard de la situation de l’entreprise, des sacrifices demandés aux salariés et compte tenu de la garantie apportée par l’Etat pour permettre à Peugeot de poursuivre ses activités ».
A l’Assemblée nationale, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici avait prévenu dans l’après-midi qu’il était « hors de question que l’Etat donne son accord à la moindre rémunération exceptionnelle » de dirigeants de PSA, dont la filiale bancaire a obtenu en 2012 d’une garantie publique de sept milliards d’euros.
PSA, dans un communiqué, a fait valoir que « la pension retraite totale du président du directoire, en comprenant les régimes de retraite obligatoire et conventionnels, s’élèverait à environ 300.000 euros par an, après charges fiscales et sociales », soit un total net de 7,5 millions d’euros sur 25 ans pour Philippe Varin.
Le groupe a aussi rappelé que le régime de retraite d’entreprise avait été approuvé par les actionnaires et était conforme aux recommandations du code de gouvernement d’entreprise établi par l’Afep-Medef.
PAS D’INDEMNITÉ DE DÉPART
Philippe Varin, 61 ans, a perçu au titre de 2012 un salaire de 1,3 million d’euros, ayant renoncé à la part variable de sa rémunération depuis 2011. « A mon départ du groupe, le moment venu, je ne toucherai aucune indemnité de départ », a-t-il remarqué sur France Info.
Ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot a dénoncé une hypocrisie de la part de la CGT et du gouvernement. « Ce sont des dispositions qui ont été présentées en 2009, validées en assemblée générale dès 2010 et représentées chaque année publiquement en AG. Pourquoi personne, jusqu’à aujourd’hui, n’en a parlé ? », s’est-elle interrogée sur RTL. « Pourquoi l’État qui est pourtant venu apporter sa garantie à PSA n’a pas parlé à la gouvernance de PSA ? »
Nommé en 2009 à la tête de PSA, Philippe Varin y a engagé l’an dernier un plan social prévoyant 8.000 suppressions d’emplois et la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
Jean-Pierre Mercier, représentant de la CGT dans cette usine, a parlé de « scandale » et le maire d’Aulnay, Gérard Ségura, en a appelé « solennellement » à Philippe Varin pour que le montant de sa retraite-chapeau soit affectée au moins partiellement « à l’amélioration du plan social de l’usine ».
Interrogé sur ces compléments de retraite financés par les entreprises, l’ancien ministre du Travail Jean-Louis Borloo, président du parti centriste UDI, a noté sur BFM TV qu’il est « déjà arrivé que des dirigeants y renoncent ».
PSA, qui a brûlé trois milliards d’euros de trésorerie en 2012, espère réduire de plus de moitié sa consommation de cash cette année. Des sources ont indiqué à Reuters qu’il préparait une augmentation de capital d’au moins trois milliards d’euros à laquelle l’Etat français et le constructeur automobile chinois Dongfeng participeraient à parité.
Edité par Dominique Rodriguez
Source : Reuters par Gilles Guillaume
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