RIGA (Reuters) – Dix ans après avoir rejoint l’Otan et l’Union européenne, la Lettonie est devenue mercredi le 18e membre de la zone euro, après sa voisine l’Estonie en 2011, et avant l’arrivée probable de la Lituanie, la troisième des républiques baltes, en 2015.
Avec ce renfort de deux millions d’habitants, l’euro, lancé il y a quinze ans, est désormais la monnaie officielle de 333 millions d’Européens.
Malgré cela, et hormis dans les cercles dirigeants de Vilnius, la capitale lituanienne, la monnaie unique ne suscite guère l’enthousiasme, au vu des épreuves traversées ces dernières années par la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne ou Chypre, soumis à des cures d’austérité drastiques en échange de leur maintien dans la zone euro.
Parmi les anciennes républiques du bloc de l’Est qui n’ont pas encore adopté la devise européenne, la Croatie est engluée dans la récession et les économies plus puissantes comme la Pologne, la République tchèque ou la Hongrie rechignent à sauter le pas.
Mais Valdis Dombrovskis, Premier ministre letton depuis 2009, qui a dirigé le pays pendant sa plus grave crise depuis l’indépendance de l’Union soviétique en 1991, a tenu à marquer l’événement en retirant peu après minuit, mercredi à Riga, le premier billet en euro de la République balte.
« Ce n’est pas une raison pour ne pas poursuivre une politique économique et budgétaire responsable », a commenté le chef du gouvernement de centre droit.
La Lettonie, qui figure parmi les économies les plus modestes de la zone euro, devant Chypre, l’Estonie et Malte, espère que l’adoption de l’euro lui permettra de réduire le coût de ses emprunts sur les marchés et encouragera les investisseurs en éliminant le risque de change.
ADIEU AU LAT
Les agences de notation Standard & Poor’s et Fitch ont relevé leur note de crédit sur la dette lettone en prévision de l’événement.
« C’est triste de dire adieu au lat (l’ancienne devise lettone), mais nous allons nous habituer à l’euro, qui marque notre retour en Europe », a déclaré l’ancien banquier central Einars Repse, qui avait piloté l’introduction du lat en 1993.
Les sondages d’opinion montrent cependant que la population lettone reste sceptique sur les mérites de l’euro, beaucoup estimant que l’arrivée de la monnaie unique servira de prétexte pour relever les prix.
« Dans tous les pays qui se sont convertis à l’euro, les prix ont augmenté. Très probablement, ils augmenteront aussi ici », déplore Oleg Bachurin, un retraité de 62 ans.
Les décideurs de l’Union européenne ont applaudi la politique menée par la Lettonie pendant la forte récession qui a frappé le pays pendant la crise financière de 2008.
A l’époque, la deuxième banque du pays par les actifs, Parex, a fait faillite, obligeant le pays à solliciter une aide internationale pour maintenir le lat au même taux que l’euro, via une forte réduction des dépenses et des salaires associée à une hausse des impôts.
Entre 2008 et 2010, l’économie du pays s’est contractée d’un quart, mais elle a affiché ensuite la croissance la plus forte de l’UE (5,6% en 2012), avec une dette publique maintenue dans les limites requises par l’UE, et le pays a été érigé par la Commission européenne en exemple d’une cure d’austérité réussie.
Malgré les efforts de Riga pour s’extirper de la sphère d’influence de Moscou, la Banque centrale européenne s’inquiète toutefois du montant élevé des dépôts étrangers dans les banques lettones qui, à l’instar de Chypre, attirent l’argent russe.
Le régulateur financier letton, le FKTK, rejette la comparaison avec Chypre, soulignant que le secteur financier représente une part bien moindre du produit intérieur brut et détient moins d’actifs risqués.
La Lettonie entre dans la zone euro avec un gouvernement intérimaire, Valdis Dombrovskis ayant démissionné en décembre, endossant la responsabilité de l’effondrement du toit d’un supermarché de Riga qui a fait 54 morts.
Le président Andris Berzins a donné aux partis jusqu’au 7 janvier pour présenter un nouveau candidat au poste de chef du gouvernement.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Source : par Aija Krutaine et Nerijus Adomaitis
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