Le géant déchu de la photographie Kodak est sorti de la faillite mardi après plus d’un an et demi de restructuration, délesté de l’essentiel des activités qui ont fait sa réputation pour se recentrer sur les services aux entreprises.
« Nous sommes sortis de faillite comme entreprise technologique d’imagerie pour les entreprises » notamment dans l’emballage, l’impression de documents promotionnels ou la communication graphique, a commenté le PDG, Antonio Perez, dans un communiqué publié au terme d’un processus qui a duré un an et demi.
Le groupe va aussi faire de l’impression pour éléments numériques (cartes mères, etc) ou les produits laminés en construction et décoration.
« Kodak a finalisé les dernières étapes de sa restructuration » y compris la séparation « d’avec l’activité de tirages photo et d’impression de documentation cédés au fonds de retraite de Kodak au Royaume-Uni (KPP) », a-t-il ajouté.
KPP, qui était le plus gros créancier de Kodak, avait renoncé en avril à 2,8 milliards de dollars que lui devaient Kodak et ses filiales, contre ces deux activités pour lesquelles il avait ajouté 650 millions de dollars de trésorerie.
Le fonds va les regrouper au sein d’une nouvelle société, Kodak Alaris.
Kodak a aussi cédé son site internet d’albums en ligne et commandes de tirages, ses activités de reprographie (scanners, logiciels de capture d’images, etc), et un gros portefeuille de brevets que se sont partagés Google, Apple, et d’autres groupes technologiques pour 525 millions de dollars.
Le groupe au logo rouge et jaune emploie dorénavant 8.500 employés, compte des « centres de fabrication et de technologie dans dix pays » et distribue ses produits dans le monde entier.
Il compte désormais une trésorerie « supérieure de 695 millions de dollars à ses dettes », a précisé à l’AFP un porte-parole.
Le groupe devrait maintenant émettre comme prévu pour 406 millions de dollars d’actions à l’intention de certains de ses créanciers en échange d’une part de 85% dans son capital. L’argent récolté doit permettre de rembourser les autres créanciers.
« Nous établissons les bases d’une croissance rentable », a insisté mardi M. Perez dans le communiqué, assurant que le groupe possède désormais « la bonne technologie au bon moment ».
Kodak avait commencé à céder des activités avant même son dépôt de bilan et avait par exemple vendu sa filiale de gélatine au numéro un mondial du secteur, Rousselot, dès décembre 2011.
La renommée de cet ex-composant de l’indice Dow Jones Industrial Average avait culminé dans les années 80 avec les slogans « toujours un déclic d’avance » ou « les voleurs de couleur », surnom de bonshommes en maillot de bain rayé rouge et blanc et palmes aux pieds des célèbres publicités réalisées par Jean-Paul Goude.
Malheureusement, le groupe de Rochester, dans l’Etat de New York, a perdu son avance à l’orée des années 2000 en ratant le tournant de la photographie digitale, en même temps que d’autres grands noms du secteur comme Polaroïd.
Kodak avait lancé en 1975 ce qu’il présente comme le premier appareil photo numérique, un boîtier noir et blanc de la taille d’un grille-pains. Mais lorsque le numérique a explosé, le fabricant des légendaires pellicules Kodachrome s’est laissé devancer par ses concurrents, notamment asiatiques.
A la veille de son dépôt de bilan, 131 ans après sa création, la société ne valait plus que 150 millions de dollars en Bourse.
Quand le groupe a fait faillite en janvier 2011, il n’avait pas enregistré de bénéfice depuis 2008 et avait accumulé des milliards de dollars de dettes.
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