PARIS (Reuters) – Kering a annoncé mercredi avoir opté pour le projet de reprise de La Redoute par ses dirigeants et être entré en négociations exclusives avec Nathalie Balla, PDG de l’entreprise, et Eric Courteille, secrétaire général de sa maison-mère Redcats.
Le projet, déposé en fin de semaine dernière seulement, a eu la préférence de François-Henri Pinault, PDG de Kering qui boucle ainsi sa sortie de la distribution après la cession du Printemps, de Conforama, de ses activités américaine et nordique de vente à distance et la mise en Bourse de la Fnac.
Le tandem l’a emporté face à la société foncière Altarea-Cogedim, au fonds américain The Gores Group ainsi qu’à un entrepreneur du Nord.
La cession se fera pour un euro symbolique, Kering s’étant engagé à recapitaliser l’entreprise déficitaire, lui apportant les sommes nécessaires à la modernisation de son outil industriel, à la couverture des pertes des prochaines années et au financement des mesures de reconversion des salariés, qui redoutent un plan social pouvant dépasser les 700 emplois.
Les pouvoirs publics, par la voix du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, et la maire de Lille Martine Aubry étaient montés au créneau pour demander à Kering de choisir un repreneur à même d’assurer la pérennité de l’entreprise.
Kering, qui dit avoir injecté plus de 400 millions d’euros dans sa filiale de vente à distance depuis 2008, est prêt, selon des sources proches du dossier, à la recapitaliser à hauteur d’au moins 300 millions d’euros.
Sans donner de montant précis, François Henri-Pinault a déclaré dans une interview au Figaro que « la somme exacte (serait) fixée au terme des négociations ».
« C’est une somme très importante, à la hauteur des enjeux », a-t-il ajouté.
PRUDENCE DES SYNDICATS
Le groupe recentré sur le luxe (Gucci, Bottega Veneta, Saint Laurent) et la mode sportive (Puma) juge le projet des managers « pertinent et réaliste pour (..) assurer sa pérennité et son développement ».
Ce choix a été accueilli avec prudence par les syndicats, qui disent attendre la feuille de route des repreneurs.
« Il faut des garanties pour éviter d’avoir très vite une deuxième vague de licenciements (…) On attend le business plan », a déclaré à Reuters Jean-Claude Blanquart (CFDT). Pour Fabrice Peeters (CGT), il faut « zéro licenciement contraint et des garanties de salaires sur la durée ».
Pour sa part, Martine Aubry a réagi en estimant que Kering et les repreneurs devaient « prendre soin de l’avenir de chacun des salariés en les accompagnant fortement dans cette phase essentielle pour l’entreprise ».
Elle a ajouté demander au groupe « des engagements sur les 600 millions d’euros demandés par les repreneurs et des informations sur les effets envisagés sur l’emploi ».
Interrogé sur ce montant de 600 millions avancé par la maire de Lille, Kering s’est refusé à tout commentaire.
Une manifestation, prévue le 13 décembre, est maintenue.
Le projet prévoit la création d’une nouvelle entité co-présidée par les acquéreurs, qui y investiront à titre personnel et qui en détiendront la majorité, le solde du capital étant détenu par une équipe de managers.
L’opération porte aussi sur Relais Colis, prestataire de service chargé de la distribution des colis aux relais de proximité, ayant également d’autres clients que La Redoute.
Touchée de plein fouet par la concurrence des « pure players » du e-commerce et victime d’un outil logistique vieillissant, La Redoute voit son chiffre d’affaires baisser de 10% par an depuis six ans et accumule les pertes depuis 2008.
Ses ventes totalisaient 1,1 milliard d’euros en 2012, dont 800 millions en France, et sa perte s’élevait à 50 millions.
La société emploie 2.500 personnes en France, dont 1.300 dans les opérations logistiques et 1.200 à son siège de Roubaix (Nord). Elle employait encore quelque 5.000 salariés en 2008, avant de faire l’objet de plusieurs plans de restructuration.
Kering a averti mi-novembre que son résultat net part du groupe 2013 serait en forte baisse par rapport à 2012, plombé par ses engagements concernant La Redoute et par des charges exceptionnelles passées par sa filiale Puma, elle aussi en difficulté.
Avec Pierre Savary à Lille, édité par Matthieu Protard
Source : par Pascale Denis
Facebook
Twitter
Pinterest
Google+
RSS