PARIS (Reuters) – Le groupe européen de télécoms et de médias Altice a confirmé jeudi avoir acquis les droits de diffusion de la Premier League en France pour les trois prochaines saisons, infligeant un nouveau coup dur à Canal+ qui diffusait jusque-là le championnat anglais de football.
Selon une source au fait du dossier, le groupe dirigé par le magnat des télécoms Patrick Drahi va débourser autour de 300 millions d’euros pour s’offrir la compétition reine du football européen.
Il coiffe au poteau la filiale de Vivendi qui dépensait 65 millions d’euros par an pour proposer à ses abonnés le championnat le plus regardé mais aussi le plus cher avec ses stars emblématiques Wayne Rooney (Manchester United), Eden Hazard (Chelsea) et Sergio Aguero (Manchester City).
Altice s’impose ainsi comme l’invité surprise du duel qui opposait jusque-là Canal+ et les qataris de beIN Sports, pour l’acquisition de droits sportifs.
« C’est un peu la surprise. Personne ne les avait vu venir », explique une autre source au fait du dossier.
Dans le détail, Altice sera le diffuseur exclusif de la compétition pour la France et Monaco et son co-diffuseur pour le Luxembourg, la Suisse et Andorre.
Le contrat signé avec la Premier League porte sur les trois prochaines saisons (2016-2019) à compter d’août 2016 et permettra à Altice de diffuser le championnat sur n’importe quel support (télévision, mobile, internet …).
Pour la société qui a récemment procédé à une vague d’acquisitions dans les télécoms et les médias, l’acquisition des droits du championnat anglais s’inscrit dans sa stratégie de convergence entre les tuyaux et les contenus.
« Les clients fixes et mobiles d’Altice et de ses entités en France et à Monaco pourront regarder en direct, partout, sur n’importe quel support et en « 4K » la totalité des 380 matches entre les meilleures équipes anglaises », commente la société dans un communiqué.
Dans son communiqué, Altice, qui contrôle le numéro deux français des télécoms Numericable-SFR, ne précise pas sur quel support les futurs matches seront diffusés.
CAMOUFLET
Mais plusieurs options s’offrent au groupe de Patrick Drahi qui détient notamment la discrète chaîne de télévision Ma Chaine Sport distribuée par Numericable-SFR et sur le satellite par CanalSat, propriété de Canal+.
Le groupe de Patrick Drahi est également en passe de mettre la main sur le groupe de médias NextRadioTV qui contrôle entre autres BFMTV, RMC et RMC Sport et il a récemment lancé une plateforme internet de vidéos à la demande par abonnement baptisé « Zive ».
Signe de ses ambitions dans le sport, le groupe de télécoms, qui avait déjà acheté des droits de diffusion pour des compétitions de rugby et de basket en France, a choisi récemment le footballeur star Cristiano Ronaldo pour incarner sa marque.
Patrick Drahi inflige un sérieux camouflet au numéro un de la télévision payante en France Canal+, dont le sport constitue le principal produit d’appel avec le cinéma.
La filiale de Vivendi devait déjà faire face à la concurrence des chaînes beIN Sports, qui lui ont chipé plusieurs compétitions vedettes grâce à la puissance financière du Qatar.
Devant les salariés de Canal+, le président du conseil de surveillance de Vivendi, Vincent Bolloré, avait souligné la nécessité pour la chaîne cryptée de reprendre la main sur le front des droits sportifs, en se disant prêt à investir au total quelque deux milliards d’euros pour redresser le groupe de télévision dont la base de clients s’érode.
« C’est une nouvelle mauvaise nouvelle pour Canal+ qui va encore perdre des abonnés », commente un trader en poste à Paris.
Canal+ n’a pas souhaité faire de commentaire.
Le titre Vivendi a terminé en baisse de 0,8%. Altice a bondi de 7,57% à la Bourse d’Amsterdam alors que sa filiale Numericable-SFR a progressé de 3,58% à Paris.
D’autres opérateurs télécoms européens ont récemment investi le champ des droits sportifs à l’image de l’espagnol Telefonica qui s’est offert les droits de la Liga ou du britannique BT qui a obtenu une partie des droits de la Premier League en Grande-Bretagne.
La stratégie de convergence amorcée par Altice n’est toutefois pas sans risque comme l’atteste les déboires subis par le numéro un français des télécoms Orange lorsqu’il s’était essayé à concurrencer Canal+ dans le football.
Pour amortir le coût de l’opération, Altice pourrait cependant revendre une partie des droits à d’autres parties.
(Avec Julien Ponthus et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot)
Source : Reuters par Gwénaëlle Barzic
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