ROME (Reuters) – Alitalia, de nouveau déficitaire au premier semestre, a annoncé jeudi qu’elle solliciterait une augmentation de capital d’au moins 100 millions d’euros mais son principal actionnaire Air France-KLM n’y est pas favorable.
Selon une source au fait du dossier, le transporteur franco-néerlandais, actionnaire à hauteur de 25% de la compagnie italienne en difficulté, a voté contre l’augmentation de capital lors du conseil d’administration réuni dans la journée. A Paris, un porte-parole d’Air France-KLM s’est refusé à tout commentaire.
Alitalia, qui a été renflouée à maintes reprises par l’Etat italien jusqu’à sa privatisation en 2009, risque une nouvelle fois de se retrouver à court d’argent.
Sa perte nette sur les six premiers mois de l’année a atteint 294 millions d’euros, venant s’ajouter à un total de plus de 840 millions d’euros depuis la privatisation.
« Les actionnaires seront sollicités pour approuver une augmentation de capital d’au moins 100 millions d’euros », a déclaré le groupe sans préciser les modalités de l’opération.
Pour Andrea Giuricin, expert des transports à l’Université de Milan-Bicocca, Alitalia ne fait que « gagner du temps » sans résoudre ses problèmes de fond.
« Mais d’abord il lui faut trouver les fonds pour se recapitaliser », dit-il. Certains analystes estiment que la compagnie a besoin de 500 millions d’euros pour sortir de l’ornière.
Une nouvelle réunion du conseil d’administration est programmée jeudi prochain et une assemblée générale des actionnaires a été convoquée pour le 14 octobre.
Les actionnaires sont aussi invités à souscrire à la dernière tranche – 55 millions d’euros – d’un emprunt convertible de 150 millions d’euros annoncé début 2013 et à approuver un mandat pour obtenir un autre financement de 300 millions d’euros.
L’endettement de la compagnie s’élevait à 946 millions d’euros à la fin juin, alors que ses liquidités ne totalisaient que 128 millions.
RECENTRAGE
L’ambition d’Alitalia de devenir un grand d’Europe a été mise à mal par la concurrence des compagnies à bas coûts et des trains à grande vitesse, le tout sur fond de demande en baisse pour le transport aérien.
Le nouvel administrateur délégué, Gabriele Del Torchio, un spécialiste du redressement d’entreprises en difficulté, entend recentrer Alitalia sur le marché plus lucratif des long-courriers mais il lui faut des capitaux pour acheter des avions gros porteurs seuls capables d’assurer les liaisons intercontinentales.
La compagnie aérienne compte sur cette stratégie pour revenir à l’équilibre en 2015 et renouer avec les bénéfices l’année suivante.
L’Italie aimerait voir Air France-KLM renforcer sa participation dans Alitalia, voire prendre le contrôle de l’ex-compagnie nationale, mais ses ambitions de développement ne vont pas forcément dans le sens des intérêts de la compagnie franco-néerlandaise.
Avant l’annonce de l’augmentation de capital, un membre du conseil d’administration avait dit que des investisseurs basés en Chine, en Russie ou encore aux Emirats arabes unis avaient manifesté leur intérêt pour une entrée éventuelle au capital d’Alitalia.
Une source bancaire avait au contraire dit mercredi à Reuters qu’aucun investisseur n’était intéressé, faisant d’Air France-KLM la planche de salut pour la compagnie italienne. (voir )
Dans un entretien publié jeudi par Il Sole 24 Ore, le ministre de l’Industrie, Flavio Zanonato, a dit que les autorités italiennes travaillaient à un accord temporaire avec des banques qui permettrait donner un peu d’air à Alitalia afin qu’elle soit en meilleure position pour chercher un partenaire.
En déplacement à Paris, le ministre italien des Transports a fait savoir à son homologue français que Rome n’était pas hostile à un renforcement d’Air France-KLM au sein d’Alitalia, mais à condition que la nouvelle stratégie du groupe ne s’en trouve pas bridée, notamment son ambition de faire de Rome un grand « hub » européen au même titre que Paris et Amsterdam.
Avec les contributions d’Agnieszka Flak à Milan et de Matthias Blamont à Paris, Benoit Van Overstraeten et Véronique Tison pour le service français
Reuters par Alberto Sisto
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