Le groupe de Serge Dassault prend la quatrième ou cinquième place sur le Web en France. Sa régie devient très puissante. Certains de ses concurrents notent toutefois qu’il achète des actifs hétéroclites pour un prix élevé.
Au lendemain de l’annonce par le Groupe Figaro de son rachat de CCM Benchmark (Copains d’avant, le Journal du Net, l’Internaute ou encore Comment ça marche), ses concurrents reconnaissent que l’opération va donner à sa régie une puissance bien supérieure sur le marché publicitaire. Ils estiment en revanche que le groupe de Serge Dassault paye cher, s’expose davantage à la conjoncture publicitaire du Web au détriment d’un modèle où les contenus payants seraient plus prépondérants, et enfin met la main sur des actifs hétéroclites.
Avec CCM Benchmark, le Figaro devient en effet le leader incontesté des médias français, avec 25 millions de visiteurs uniques sur le Web et 12,5 millions sur le mobile. En fonction des supports, il n’a plus devant lui que Facebook, Google, Microsoft, Orange ou Dailymotion, c’est-à-dire des géants du Web ou de la technologie. Comme l’explique Marc Feuillée, le directeur général du Groupe Figaro, sur le site du Journal du Net, les synergies sont d’abord publicitaires. La force de frappe, dans ce domaine, est cruciale et les deux groupes vont pouvoir proposer aux annonceurs « des offres intégrées ». Ils sont complémentaires dans l’actu générale, l’économie, les féminins, et « Le Fig » s’implante donc dans la santé et la high-tech avec les sites de CCM. Les deux groupes vont aussi disposer d’énormément de données sur les internautes pour permettre aux annonceurs d’optimiser leur ciblage. Le numérique pèsera 34 % des revenus du nouvel ensemble et 60 % de son bénéfice opérationnel.
Contenus payants
Le Figaro refuse de communiquer le prix avant le closing de l’opération dans un mois. Mais la fourchette qui circule est de 110 millions à 130 millions d’euros. Patrick Drahi a payé 50 à 70 millions d’euros pour racheter notamment « L’Express » et « L’Etudiant » au nez et à la barbe du Figaro il y a quelques mois. « Le Fig a payé cher parce qu’il y avait beaucoup de candidats, dont l’allemand Springer », note un patron de presse. « CCM Benchmark ne fait que 36 millions de chiffre d’affaires [pour une marge opérationnelle de 25 %, NDLR] et n’emploie que 190 personnes », ajoute un de ses pairs.
Alors que le Groupe Figaro renforce son exposition à la publicité et aux services Web, d’autres préfèrent augmenter la part des recettes d’abonnement et de vente de contenus journalistiques dans leurs revenus totaux. C’est le cas notamment des « Echos » avec son « paywall » sur Internet. Parmi les généralistes, « Le Monde » est également passé relativement rapidement au modèle payant sur le Web.
CCM Benchmark est présent à l’étranger et dans des secteurs très divers, soulignent enfin certains connaisseurs du secteur. Pour Le Figaro, il y aura donc peut-être à faire un tri dans ses nouveaux actifs.
Source : Les Echos
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