SINGAPOUR (Reuters) – Les industriels de l’aéronautique espèrent signer des milliards de dollars de contrats lors du salon de Singapour, qui s’ouvre mardi, malgré les tensions actuelles liées aux pays émergents, dont la prospérité est une condition clé du développement de leurs activités.
Le plus grand salon aéronautique d’Asie donne habituellement aux acteurs du secteur l’occasion de multiplier les annonces spectaculaires de commandes avec certaines des plus grandes compagnies long-courriers et avec certains des pays disposant des plus gros budgets d’équipement militaires de la région.
Mais après les 200 milliards de dollars de commandes signées lors du salon de Dubaï en novembre, rares sont ceux qui s’attendent à ce que les acheteurs asiatiques dépassent ce seuil.
Reste que le salon de Singapour, du 11 au 16 février, donnera l’occasion de mesurer les ambitions de l’une des régions les plus dynamiques au monde sur le marché aérien.
« L’Asie est un énorme marché mais elle a été quelque peu éclipsée par le Golfe, qui a la même conception qu’elle de la manière d’augmenter son trafic et qui a passé ses commandes quelques mois avant Singapour », explique Richard Aboulafia, analyste spécialisé et vice-président du cabinet d’études américain Teal Group.
Des compagnies vietnamiennes, indiennes et thaïlandaises devraient néanmoins annoncer des commandes pour un total de plus de 100 appareils à Airbus et Boeing, pour un montant global de 12 milliards de dollars (8,8 milliards d’euros) aux prix catalogue, estiment des responsables du secteur.
Malaysian Airlines pourrait aussi passer commande de long-courriers et de moyen-courriers à Airbus.
Mais pour les dirigeants du secteur, l’un des enjeux clés de Singapour consistera à évaluer l’impact sur le marché aéronautique des turbulences actuelles sur l’économie de certains marchés émergents clés pour le marché aérien, comme l’Indonésie et la Thaïlande.
« Les constructeurs risquent d’être pris de court étant données les difficultés des marchés émergents », note Richard Aboulafia.
UN GROS MARCHÉ POUR LA DÉFENSE
« Beaucoup de ces marchés se trouvent en quelque sorte en crise monétaire ou en crise économique, ce qui referait passer au premier rang le Moyen-Orient et la reprise tant espérée en Amérique du Nord. »
Boeing ne pense pas que ses activités d’avions commerciaux seront affectées par les difficultés des pays émergents, a déclaré son directeur général, Jim McNerney, il y a quelques jours.
Pour Peter Harbison, président de l’association d’analystes spécialisés CAPA, « il est important de replacer les choses en perspective. On assiste à un léger ralentissement passager de la croissance alors que les commandes qui sont passées visent le long terme: huit, neuf ou dix ans ».
Autre enjeu clé du salon de Singapour: la défense. Les industriels américains du secteur, notamment, comptent sur l’Asie pour compenser les efforts de réduction des dépenses militaires aux Etats-Unis et en Europe.
Alors que les dépenses globales de ce marché ont diminué ces dernières années, elles restent orientées à la hausse en Asie.
« L’Asie-Pacifique est la seule région dans laquelle, depuis 2009, on a constaté une hausse régulière des dépenses de défense », a expliqué Craig Caffrey, analyste senior d’IHS Jane’s Aerospace, Defense & Security, dans une récente étude.
« Sur la base des prévisions d’IHS Jane’s en matière de budgets de défense, la part de l’Asie-Pacifique dans les dépenses globales va passer de 24% aujourd’hui à 28% d’ici la fin de la décennie, à 474 milliards de dollars. »
Singapour, pays hôte du salon, envisage par exemple d’acheter de nouveaux avions militaires. Sa priorité va à la modernisation de sa flotte actuelle de F16 mais son armée étudie aussi le F35 de Lockheed Martin.
Le Japon a déjà commandé le F35 et la Corée du Sud pourrait finaliser une commande ce mois-ci.
La Malaisie, elle, est en train de comparer le F/A-18 de Boeing, le Rafale de Dassault, l’Eurofighter Typhoon et le Gripen de Saab pour remplacer ses vieux MiG 29. L’Indonésie est elle aussi un gros client potentiel pour les constructeurs de chasseurs.
Singapour et le Japon s’intéressent par ailleurs au V22 Osprey, un appareil de transport hybride construit par Boeing et Bell Helicopter, une filiale de Textron. Grâce à des rotors basculants, le V22 Osprey est capable de décoller et d’atterrir comme un hélicoptère mais aussi de voler comme un avion.
Avec Andrea Shalal-Esa à Washington, Marc Angrand pour le service français
Source : Reuters par Siva Govindasamy et Tim Hepher
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