MILAN/DETROIT (Reuters) – Fiat a conclu un accord en vue de prendre le contrôle total de sa filiale américaine Chrysler, pour un montant de 4,35 milliards de dollars, après plus d’un an d’âpres discussions, a annoncé mercredi le constructeur automobile italien.
Sergio Marchionne, l’administrateur délégué de Fiat, conforte ainsi sa réputation de négociateur chevronné, près de dix ans après avoir pris les rênes du groupe piémontais aux abois dans un secteur automobile qu’il découvrait.
Mais il reste à voir si cette fusion suffira à compenser les pertes du constructeur italien en Europe. Le plan de Marchionne pour renforcer Fiat prévoit des partages de technologie, de trésorerie et de réseaux de concessionnaires avec Chrysler, le troisième constructeur automobile américain dont Fiat possède jusqu’ici 58,5% des parts.
« C’est une entreprise de plus en plus américaine maintenant, parce qu’en Europe, et surtout en Italie, la conjoncture économique reste difficile », estime Andrea Giuricin, spécialiste des transports à l’université Bicocca de Milan. « Fiat a déjà perdu beaucoup de ses parts de marché en Europe et ce ne sera pas facile de compenser cette perte. »
Fiat rachètera les 41,46% de parts qu’il ne possède pas à un fonds d’assurance santé pour retraités affilié au syndicat United Auto Workers (UAW).
Ce fonds, de type Veba (voluntary employee beneficiary association), recevra 3,65 milliards de dollars en cash, dont 1,9 milliard versés par Chrysler et 1,75 milliard par Fiat. Chrysler s’est également engagé à verser au fonds de l’UAW une somme supplémentaire de 700 millions de dollars sur sept ans.
L’accord doit être appliqué d’ici au 20 janvier.
Le groupe italien précise qu’il ne lui sera pas nécessaire de procéder à une augmentation de capital.
« LE MARCHÉ VA ADORER »
La somme versée au fonds Veba est moins élevée que ne le prévoyaient certains analystes. Elle valorise Chrysler à 10,5 milliards de dollars.
« Nous pensions qu’ils paieraient beaucoup plus que cela », a déclaré un expert d’une grande banque d’investissement basé à Londres. « Le marché va adorer. Marchionne a encore frappé. Il a obtenu un accord qui paraît génial à première vue et il n’a pas besoin de faire une augmentation de capital. »
L’administrateur délégué de Fiat, devenu également directeur général de Chrysler en 2009, lors de la restructuration du constructeur américain en faillite, financée par le gouvernement fédéral, a dû batailler longtemps avec le fonds Veba, qui demandait au départ plus de 5 milliards de dollars.
En septembre dernier, le fonds a exercé une option figurant dans les documents de faillite pour contraindre Chrysler à procéder à une introduction en bourse, une IPO que l’accord de mercredi permettra d’éviter.
Sergio Marchionne rêve depuis longtemps de fusionner les deux groupes pour donner naissance au septième constructeur automobile mondial.
Dans un communiqué, il s’est félicité de la création d’une « structure unifiée qui permettra de mettre en oeuvre pleinement notre vision d’un constructeur mondial ».
Chrysler rapporte désormais des bénéfices à Fiat mais les deux entreprises doivent gérer leurs finances séparément. Une fusion leur permettrait, sans que cela soit une obligation, de combiner leurs trésoreries et ouvrirait à Fiat de nouvelles perspectives d’investissement.
Le fonds de l’UAW a été créé en 2007 pour permettre aux trois principaux constructeurs automobiles américains – General Motors, Ford et Chrysler – de se décharger de leurs obligations en matière de paiement de l’assurance santé de leurs employés à la retraite, qui plombaient leurs comptes.
Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Reuters : par Stephen Jewkes et Deepa Seetharaman
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