BRASILIA (Reuters) – Le Brésil a annoncé mercredi qu’il avait choisi d’équiper son armée de l’air avec les chasseurs Gripen NG construits par Saab au détriment des avions proposés par le Français Dassault et l’Américain Boeing.
Malgré une visite de François Hollande au Brésil la semaine dernière, il s’agit là d’une nouvelle déconvenue pour Dassault Aviation qui n’est toujours pas parvenu à vendre le Rafale hors de France.
« Nous regrettons que le choix se porte sur le Gripen, doté de nombreux équipements d’origine tierce, notamment américaine, qui n’appartient pas à la même catégorie que le Rafale: monomoteur et plus léger », a réagi le groupe français dans un communiqué.
« Le Gripen n’est pas équivalent en termes de performances et donc de prix. Cette logique financière ne prend en compte ni le ratio coût-efficacité favorable au Rafale, ni le niveau de la technologie offerte », ajoute-t-il.
Le F/A-18 de Boeing semble pour sa part avoir pâti des récentes révélations sur l’espionnage de la présidente brésilienne Dilma Rousseff par les Etats-Unis.
L’armée de l’air brésilienne doit désormais ouvrir des négociations avec Saab pour finaliser d’ici un an sa commande, destinée à remplacer sa flotte de Mirage obsolètes. Le premier avion sera livré deux ans plus tard et les livraisons se feront ensuite au rythme de 12 par an.
L’avionneur brésilien Embraer sera le principal partenaire local du Suédois.
Le contrat porte sur 36 Gripen pour un montant de 4,5 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros), mais l’accord générera des milliards de dollars supplémentaires en livraisons futures et en contrats de service.
Il s’agit de la plus grosse commande jamais conclue à l’étranger pour le Gripen et elle est porteuse d’espoir pour ce programme moins coûteux que ses concurrents, a souligné Lennart Sindahl, vice-président de Saab et responsable de sa division aéronautique.
Des responsables brésiliens ont confirmé que Saab avait été choisi car le groupe suédois proposait un prix moins élevé et de meilleures conditions en matière de transfert de technologies.
UN « PROBLÈME NSA »
Le Brésil « a pris en compte la performance, les transferts effectifs de technologie et les coûts, pas seulement d’acquisition mais aussi de maintenance », a dit le ministre de la Défense, Celso Amorim.
Ce contrat est également une désillusion pour Boeing, présenté comme grand favori jusqu’aux révélations de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden, qui ont rafraîchi les relations entre Brasilia et Washington.
Selon les articles parus dans la presse et s’appuyant sur les documents divulgués par Edward Snowden, l’agence américaine a surveillé les courriels, les SMS et les appels téléphoniques de la présidente brésilienne et de ses conseillers.
« Le problème de la NSA a ruiné (les chances) des Américains », a déclaré une source gouvernementale brésilienne qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat.
Un responsable américain impliqué dans les négociations avec le Brésil a jugé que la valeur des informations recueillies par les Etats-Unis en espionnant Dilma Rousseff ne compensait certainement pas le coût commercial des révélations d’Edward Snowden.
« Est-ce que ça valait quatre milliards de dollars? », s’est interrogée cette source.
Dans un communiqué, Boeing a exprimé sa « déception ».
Côté français, l’Elysée espérait changer la donne pour le Rafale grâce aux transferts de technologie prévus par l’offre française et en mettant en avant les accords qui unissent par ailleurs la France et le Brésil dans les hélicoptères de transport militaire ou les sous-marins d’attaque.
L’Inde pourrait toutefois mettre un à terme à cette disette. Des négociations exclusives sont en cours depuis janvier 2012 en vue d’un contrat géant de 126 avions qui pourrait aboutir en 2014. Le Rafale est également sur les rangs aux Emirats arabes unis, au Qatar et en Malaisie.
L’armée française est pour l’instant la seule à utiliser l’avion de chasse dont la performance technologique est reconnue.
Dans la loi de programmation militaire pour 2014-2019, le gouvernement fait le pari que l’appareil remportera au moins deux contrats à l’export.
Avec Bjorn Rundstrom, Cyril Altmeyer, Mia Shanley, Brad Haynes, Asher Levine, Jeb Blount et Johan Sennero; Nicolas Delame et Bertrand Boucey pour le service français
Source : Reuters : par Alonso Soto et Brian Winter
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