PARIS/MILAN (Reuters) – Air France-KLM est prêt à venir en aide à la compagnie italienne en difficultés Alitalia, dont il détient 25%, si les conditions « strictes » qu’il a énoncées sont satisfaites, déclare le PDG du transporteur franco-néerlandais dans un entretien aux Echos.
Alitalia, renflouée à maintes reprises par l’Etat italien jusqu’à sa privatisation en 2009, risque aujourd’hui de se retrouver à court d’argent.
La compagnie, de nouveau déficitaire au premier semestre, a annoncé la semaine dernière qu’elle solliciterait une augmentation de capital d’au moins 100 millions d’euros, une opération qui n’a toutefois pas reçu l’aval d’Air France-KLM, qui détient 25% des actions du groupe italien.
« Nos conditions pour aider Alitalia sont très strictes », explique Alexandre de Juniac dans l’entretien mis en ligne sur le site internet des Echos. « Si les conditions sont réunies, je suis prêt à avancer ».
Le PDG n’a pas souhaité en dire plus sur la teneur de ces conditions, en expliquant qu’elles constituaient un élément des négociations.
« Si Alitalia, avec nous, se donne les moyens de se développer de façon soutenable à moyen et long terme, nous l’accompagnerons dans ce chemin de reconquête », ajoute le dirigeant d’Air France qui connaît elle-même des difficultés l’ayant contraint à engager un nouveau plan de départs volontaires.
Un important actionnaire d’Alitalia s’est prononcé ce mardi en faveur d’une prise de contrôle du transporteur italien par Air France-KLM, alors que le président du conseil Enrico Letta, plusieurs ministres, des représentants bancaires et la direction d’Alitalia étaient réunis à Rome pour tenter de trouver les moyens de sauver l’entreprise.
Le gouvernement italien a évoqué en fin de journée des discussions « constructives » tout en expliquant qu’en raison de la situation politique dans la péninsule, une nouvelle réunion aurait lieu au début de la semaine prochaine.
Menacé par la démission de plusieurs de ses membres issus du parti de Silvio Berlusconi, le gouvernement Letta demandera mercredi la confiance du Parlement.
DOUTES SUR LES CHANCES D’UN ACCORD
Estimant qu’Alitalia faisait partie des compagnies européennes qui « ont besoin de s’adosser à un grand groupe », Alexandre de Juniac a souligné qu’il s’agissait d' »une perspective qu’Air France-KLM peut offrir ».
« Cela ferait d’Air France-KLM-Alitalia – si un jour nous sommes réunis- une très grande maison européenne », a-t-il ajouté. Aux yeux de nombreux experts, Air France-KLM est le seul espoir pour Alitalia. Mais la compagnie franco-néerlandaise pourrait être tentée de cantonner la société dans une activité très régionale alors que le nouvel administrateur délégué de la compagnie a élaboré une stratégie basée sur le long-courrier.
Dans l’entretien aux Echos, Alexandre de Juniac explique qu’Air France pourrait alimenter les vols long-courriers d’Alitalia avec des passagers d’Air France et de KLM et réciproquement, expliquant que c’est cette démarche qui avait été poursuivie dans le cadre de l’alliance avec KLM, qui compte par exemple une présence forte en Afrique de l’Est.
« Si Alitalia devient l’une des trois grandes marques du groupe, aucune marque ne sera moins bien traitée que les autres », souligne-t-il en ajoutant qu’Air France-KLM n’a aucune intention de porter préjudice au « symbole national » Alitalia.
Certains observateurs se montrent toutefois circonspects sur les chances d’un accord entre les deux groupes.
« C’est un refus poli », a déclaré une source bancaire à Reuters. « Le problème d’Alitalia reste entier ».
Selon cette source, le transporteur franco-néerlandais s’est opposé au projet d’augmentation de capital d’Alitalia car il estimait que les propositions de redressement d’Alitalia étaient inexistantes.
« Les conditions (d’un sauvetage d’Alitalia) n’ont aucune chance d’être réunies », a-t-elle ajouté.
Gwénaëlle Barzic, Matthias Blamont et Agnieszka Flak, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Angrand
Source : Reuters
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