Le groupe va investir 20 millions de livres pour créer un site de production de composants à Sheffield.
Le montant est modeste mais la décision symbolique. Boeing a annoncé, vendredi, son intention d’investir 20 millions de livres (23,6 millions d’euros) en vue d’ouvrir une usine en Europe pour la première fois de son histoire. Le site sera situé à Sheffield, dans le nord du Royaume-Uni, et fabriquera des composants destinés aux ailes des Boeing 737, 737 Max et 777.
A l’instar de McLaren, qui vient d’annoncer la construction d’une usine sur place, Boeing entend profiter des compétences du centre de recherche en production industrielle de l’université de Sheffield, créé voilà seize ans en partenariat avec Boeing. L’usine emploiera une trentaine de personnes, qui devraient être recrutées à partir de 2018.
Cet investissement résulte directement de la nouvelle stratégie du géant américain consistant à fabriquer en interne des composants et des systèmes aux Etats-Unis et au Royaume-Uni afin de réduire ses coûts de logistique. Ce sera un tournant pour la filiale locale. Boeing emploie plus de 2.000 salariés au Royaume-Uni, mais ils étaient jusqu’à présent dédiés à des activités commerciales, de maintenance ou de formation, notamment sur des équipements de défense.
« Un virage pour le groupe »
Sur le plan politique, cette annonce est également emblématique. Elle constitue en effet un vote de confiance dans l’avenir de l’industrie britannique, alors que le pays s’apprête à quitter l’Union européenne dans le cadre du Brexit. « Cette décision de démarrer une activité industrielle à haute valeur ajoutée au Royaume-Uni est un virage pour le groupe et marque notre volonté de nous développer dans le pays », a souligné le président Europe de Boeing, Michael Arthur. Pour de nombreux médias locaux, elle démontre que le Brexit n’est pas de nature à empêcher les industriels étrangers d’investir sur place.
L’approche de Boeing contraste avec celle d’Airbus, qui avait d’abord alerté sur l’impact qu’aurait le Brexit sur les investissements au Royaume-Uni. « C’est un résultat perdant-perdant pour l’Europe et la Grande-Bretagne », avait déclaré dans un communiqué le patron d’Airbus Group, Tom Enders. « La Grande-Bretagne va souffrir […]. Bien sûr, nous allons revoir notre stratégie d’investissement en Grande-Bretagne, comme tout le monde. » Le tout avant de faire un virage sur l’aile quelques jours plus tard et de déclarer que les sites britanniques étaient « parmi les plus efficaces et les plus compétitifs du groupe », et que le Brexit ne les remettait bien sûr pas en cause. Airbus compte 15.000 salariés en Grande-Bretagne, dans des activités aussi diverses que la production d’ailes pour les avions de ligne, les satellites ou les hélicoptères.
Marquante, l’initiative de Boeing intervient un an et demi après sa décision d’implanter une ligne de production en Chine, destinée à installer les aménagements intérieurs des 737 vendus aux compagnies locales. En cent ans d’histoire, Boeing n’avait encore jamais construit de ligne de production hors du sol américain. Signe que le groupe est en train de remettre en cause certains tabous. Le tout alors même que Donald Trump défend haut et fort le « made in America ».
Source : Les Echos
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