PARIS (Reuters) – Les opérateurs SFR et Bouygues Telecom ont annoncé vendredi être parvenus à un accord sur la mutualisation d’une partie de leurs réseaux mobiles, un projet qui doit leur permettre de réduire leurs coûts face à la guerre des prix dans le secteur.
Dans le cadre de cet accord, les numéro deux et trois du mobile en France vont mettre en commun des sites et des équipements, par le biais notamment de la création d’une co-entreprise, mais ils conserveront leur indépendance en termes de fréquences et d’offres commerciales.
« Cet accord permettra aux deux opérateurs d’améliorer leur couverture mobile et de réaliser des économies significatives », ont indiqué les deux groupes dans un communiqué commun.
Les deux opérateurs n’ont pas souhaité chiffrer ces économies, renvoyant à une conférence de presse prévue lundi.
Le réseau partagé de SFR et Bouygues Telecom couvrira une zone correspondant à 57% de la population française, soit l’ensemble du territoire à l’exclusion des 32 plus grandes villes et des zones blanches.
L’officialisation de l’accord était attendue depuis l’annonce l’été dernier de négociations exclusives entre les filiales de Vivendi et Bouygues afin de riposter à la guerre des prix dans le mobile.
Déclenchée par l’arrivée de la filiale mobile de Free (Iliad) en janvier 2012, celle-ci s’est traduite par un recul des ventes et des marges des opérateurs Orange, SFR et Bouygues, qui cherchent depuis à réduire leurs coûts.
Le gouvernement et l’Arcep s’étant montrés hostiles à une consolidation pure et simple qui reviendrait à réduire le nombre d’opérateurs, la mutualisation des réseaux offre une alternative en permettant de diminuer les dépenses et de partager les investissements. Mais son application s’annonce complexe pour un bénéfice qui mettra du temps à se concrétiser, soulignent analystes et experts du secteur.
La mise en oeuvre de l’accord Bouygues-SFR devrait ainsi prendre du temps avec une date de finalisation fixée à 2017.
« Il faut démonter les équipements et les antennes non appropriés pour bâtir un nouveau réseau », a expliqué à Reuters le PDG de SFR, Jean-Yves Charlier, lors des voeux de la Fédération française des télécoms (FFT). « Sur les premières années, cela demande des investissements lourds à réaliser ».
BIENTÔT LA RIPOSTE ?
Présent aux voeux de la FFT, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, a déclaré que le gouvernement se félicitait de l’accord; de son côté, l’Arcep a fait savoir qu’elle l’accueillait favorablement, tout en disant vouloir veiller à ce qu’il remplisse un certain nombre de conditions.
« Les opérateurs doivent rester autonomes les uns des autres, en matière stratégique et commerciale. Il convient ensuite de s’assurer que l’accord n’aura pas pour effet d’évincer certains concurrents du marché », a notamment prévenu le régulateur des télécoms dans un communiqué.
Même si cet accord peut apparaître technique, il devrait bouleverser un marché français des télécoms jusque-là structuré, comme ailleurs en Europe, par la concurrence sur les infrastructures.
Il fait écho à des initiatives similaires dans la région comme en Grande-Bretagne avec Vodafone et Telefonica.
A ce titre, il pourrait être le prélude à la recomposition d’un marché actuellement constitué de quatre opérateurs et dont certains s’interrogent sur la viabilité.
« Tous les astres sont désormais alignés pour une accélération stratégique dans le secteur français des télécoms en 2014 », écrivaient mercredi les analystes d’Exane BNP Paribas dans une note.
L’accord SFR-Bouygues devrait dans tous les cas pousser les concurrents Orange et Iliad à envisager une riposte.
Fin novembre, Iliad a réclamé de pouvoir prendre part au projet de mutualisation, le nouveau venu dans le mobile craignant de se retrouver marginalisé face au tandem SFR-Bouygues d’un côté et au numéro un Orange de l’autre.
Certains ont interprété cette initiative comme une tentative de pression sur Orange en vue d’un partage de réseaux.
Orange et Free Mobile sont déjà liés par un accord d’itinérance dans la 2G et la 3G qui permet à Free d’utiliser contre rémunération le réseau du numéro un pendant qu’il construit son propre réseau.
Arnaud Montebourg a annoncé vendredi qu’il demanderait aux deux partenaires de fixer dans le courant de l’année 2014 les modalités de la sortie future de cette itinérance, décriée par les opérateurs concurrents.
Avec Matthias Blamont, édité par Marc Angrand
Source : par Gwénaëlle Barzic
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