NEW YORK (Reuters) – Des traders, opérant pour la plupart aux Etats-Unis, aidés par des pirates informatiques basés en Ukraine ont réalisé jusqu’à 100 millions de dollars (91 millions d’euros) de profits illégaux en cinq ans en utilisant des informations confidentielles, ont annoncé mardi les autorités américaines.
Ce dossier est le premier dans lequel la justice américaine engage des poursuites pénales après une fraude financière impliquant le piratage d’informations, en l’occurrence quelque 150.000 communiqués de presse dérobés aux sociétés spécialisées Business Wire, Marketwired et PR Newswire.
« C’est une histoire de fraude boursière traditionnelle, avec une particularité: le recours à une approche contemporaine pour un crime classique », a résumé Diego Rodriguez, directeur délégué du FBI, lors d’une conférence de presse.
Selon les enquêteurs, des « hackers » installés en Ukraine ont réussi à mettre la main sur des communiqués de presse, sur des résultats financiers d’entreprises cotées par exemple, avant l’heure à laquelle ils devaient être diffusés par les sociétés spécialisées.
Les traders mis en cause avaient communiqué aux pirates informatiques des « listes de courses » détaillant les communiqués à prendre pour cible, ont-ils ajouté.
Les pirates ukrainiens, qui sont allés jusqu’à créer un « mode d’emploi » en vidéo afin d’aider les traders à accéder aux communiqués volés, recevaient une partie des profits engrangés grâce aux délits d’initiés commis avec les informations auxquels ils donnaient accès, ont précisé les enquêteurs.
Neuf personnes ont été inculpées à Brooklyn et Newark et sont accusées d’avoir réalisé 30 millions de dollars de profits illégaux depuis février 2010.
Cinq de ces neuf personnes ont été arrêtées mardi, ont précisé les enquêteurs, ajoutant que des mandats d’arrêt internationaux avaient été diffusés pour les quatre autres.
Une enquête menée en parallèle par la Securities and Exchange Commission (SEC) a mis en cause 17 personnes et 15 sociétés après avoir conclu que le vol d’informations confidentielles avait permis de réaliser plus de 100 millions de dollars de profits illégaux.
La SEC a précisé que le réseau mis en cause impliquait des traders à New York, à Chypre, en France, à Malte et en Russie.
Le gendarme de Wall Street a ajouté avoir déjà obtenu de la justice le gel de certains actifs.
La SEC a découvert l’existence de cette vaste fraude en utilisant des technologies permettant de repérer des transactions ou des relations entre traders suspectes, a dit sa présidente, Mary Joe White.
(Noeleen Walder et Jonathan Stempel; Marc Angrand pour le service français)
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