PARIS BRÛLE T-IL ? OBJECTIFS ET PLANS DES GILETS JAUNES
Portés par une vague de contestations fiscales, un ras-le bol quant au fondement même de la société capitaliste, nous le verrons, les gilets jaunes, du nom de ce mouvement national citoyen de mobilisation, ou d’immobilisation générale c’est selon les perspectives, ont avec eux emporté l’adhésion de toute une partie de la population qui n’avait jamais été aussi été mise à contribution par les politiques gouvernementales.
La partie prépondérante de la population française qui s’élève actuellement contre les choix budgétaires de l’État français, ce sont les classes moyennes. Classes dont les salaires oscillant autour des deux-milles euros, ainsi que leur carrière dans les professions intermédiaires (dont nul ne peut se passer, ni même la société et ses instances de direction par qui leur fonctionnement et leur protection vis à vis du peuple est assuré) ne leur fait pas oublier le rôle crucial de liaison entre la France et ses administrés, entre l’État et la société et leurs usagers.
Les classes moyennes, qui ont toujours été épargnées d’un point de vue global par les phases de matraquage fiscal qui à l’accoutumée ne se dirigeaientt que contre des professions libérales (donc du domaine du privé), et les corporations professionnelles et corps de métiers spécifiques (taxis, agriculteurs, commerçants etc).
La raison de cette adage politique de ne « jamais toucher aux classes moyennes » sous peine de mettre son avenir politique dans une corbeille est celle simple qu’elles constituent une partie intermédiaire de la population, elles ne peuvent être dites riches ni pauvres et n’entendent pas se considérer comme tels de bon gré, et encore moins être réduits à cet état. Elles sont la partie structurante de la société puisqu’elles occupent des postes valorisants et/ou essentiels dans les rouages de la vie publique, mais qui sont parfois à tort et à travers décriés par les usagers mécontents, parfois d’une manière plus générale contre l’État. Non sans être cycliquement condamnées à la disparition, à la dématérialisation, ou à des synergies.
Elles ne sont pas celles qui faisant partie de corps professionnels établis, sont en danger de par les mouvements sociaux, les politiques économiques étatiques et privées (parfois élaborées et dictées depuis un autre pays, globalisation oblige). Ainsi, les classes moyennes n’ont pas pour principale crainte la mondialisation, comme cela peut l’être pour l’ouvrier chez Alstom ou les VTC face à la concurrence des Uber. Sa peur n’est pas non plus, comme cela peut m’être pour certains citoyens (très) aisés, celle d’un grand soir venu de la bureaucratie nouvelle d’une France qui aurait par les urnes et le processus politique basculée dans un zèle égalitariste de (re)distribution de richesses par ponction sur les ménages aisées. La garantie principale de la classe moyenne est en revanche, du fait de son statut intermédiaire, médian (même s’il est en terme économique plus proche des revenus modestes que des dites grandes fortunes, celui de n’être pas traité dans l’excès dû à ce qui ont beaucoup, ou à ce qui ne participent pas assez d’eux-mêmes (les foyers à faible revenu), mais dans une neutralité visant une quiétude que tout en leur existence mérite et exige respect et considération.
En effet, les classes moyennes sont celles qui ont respecté toutes les règles du jeu. Elles n’ont pas perdu, elles n’ont pas non plus « gagner » comme les premiers de cordée qui, si la nouvelle économie leur permet de ne plus -frontalement et même parfois véritablement – devoir leur richesse à l’exploitation des « travailleurs », ne peut les soustraire à l’indispensabilité des Français de la classe moyenne, qui d’une manière directe ou plus diffuse garantit si ce n’est la gestion, la tenue et le suivi de leurs affaires et démarches (financières, liés au transport, administratifs, médicales, scolaires s’ils ont au moins un enfant à charge etc).
Elles sont à la fois immunisés de « l’opprobre contre le pauvre », comme de la « morgue contre le riche ». De là à dire qu’elles sont les responsables de ces jugements sociaux définitifs, et qu’elles sont donc à cet égard le prisme de jugement, d’observation, et d’opinion principale en France, il n’y a qu’un pas que franchir ne serait pas des moins polémiques.
Néanmoins, le fait que le Président Emmanuel Macron, par souci d’une juste répartition de la participation fiscale (c’est à dire que la participation soit proportionnelle au portefeuille de chacun) a irrité les classes moyennes car eux, contrairement aux plus faibles revenus, ont… Toutefois, comme précisé plus haut dans le présent article, elles participent plus, peut-être plus que tout autre classe sociale à la vie économique et au bon fonctionnement de la société. À cet égard, ils en connaissent tout les rouages, et cela sera déterminant pour la compréhension de la suite de cet article et des évènements qui auront lieu d’ici la fin de l’année 2018, comme nous allons l’expliquer ci-après.
Les classes moyennes, du fait d’une très relative mais effective aisance économique revendiquée et fièrement défendue, comparée à celle des classes dites « populaires » ont jusque là pu sur leurs salaires consacrer un budget pour l’alimentation, les besoins vitaux de l’homme, mais aussi les besoins sociaux de l’homme libre. Or les taxes les privent de l’essentiel de leur argent. Elles en sont donc réduites à vivre pour travailler, sans fruit de leur travail. Une dépossession de leur capital, remettant en cause leur statut, leur existence dans la société et dans leur vie quotidienne, il n’en fallait pas plus pour que la colère inédite, et jamais convoquée, de toute la France du milieu ne s’élève afin de n’être englouti dans l’océan de la précarité.
Comment se faire entendre et voir ? En s’unissant partout, en revêtant un gilet jaune (symbole premier de la grogne des automobilistes qui possédant une voiture, n’ont tout de même pas les ressources assez suffisantes pour encaisser les contre-coups fiscaux).
Gilet jaune de visibilité, pour être vu, mais aussi donc pour signaler, ce qui est la spécificité première et primordiale de la classe moyenne. Ce n’est pas les classes aisées qui vont prévenir la population, ni les plus démunis qui n’auront pas l’assise, le pouvoir et la considération nécessaire, admettons-le, pour le faire. Ce sont les classes moyennes, informées car au cœur de la machine et soucieux du bon fonctionnement de l’ensemble, mais aussi de justice, qui le feront. D’eux-mêmes, ou pour le compte de l’État et de structures et services prépondérantes dans la vie des Français. Service, c’est le mot. C’est bien le plus souvent dans ce domaine économique tertiaire, vaste, qui regroupent toute la partie essentielle à la société ou travaillent les membres de la classe moyenne.
Qui sert connaît, et c’est donc fort de leur vécu et de leurs réseaux diverses que les gilets jaunes savent que pour faire plier l’État, il faut d’une part dresser la population contre elle en frustrant cette même population. Ainsi les automobilistes bloqués à un rond-point par une foule de gilets jaunes mettra la responsabilité de cette colère pacifique mais imposante et imposée comme légitime, et fruit d’une colère engendré donc par une véritable injustice. D’autre part, pour fragiliser l’État, le frapper au porte-monnaie en bloquant les péages. Et puisque l’État ne travaille pas que pour lui-même mais aussi pour la bonne santé et l’attractivité économique du pays, il convient pour les gilets jaunes d’empêcher toute rentrée d’argent dans les magasins en bloquant les axes commerciaux (en témoigne les commerces vides, même en week-end).
Arrivent enfin « les casseurs » ou plutôt selon la formule galvaudée les « professionnel du désordre », qui à défaut d’être désordonnés, puisqu’ils font montre d’une grande organisation et d’une structuration sans faille dans la mise au point et l’exécution de leurs opérations, sont effectivement professionnels dans un domaine; l’annihilation de toute porte de sortie au conflit, et de tout fonctionnement continu de la vie économique, comme de la décision et action politiques.
Ainsi assistent donc à des dégradations, voire des destructions de commerces, qui plus qu’être des scènes de pillage comme l’on peut en constater après une catastrophe naturelle laissant les habitants désemparés et prêts à tout, sont des preuves de la volontés de la contestation annexe aux gilets jaunes, mais comprise en elle, de frapper l’économie des classes supérieures aux classes moyennes au porte-feuille. Ainsi attaque t’ils des lieux ou des classes moyennes travaillent (banquent, bureaux de postes, préfectures) et pour signifier leur révolte contre l’État qu’ils estiment traîtres au consensus structurel concernant les classes moyennes, s’en prennent -ils à des monuments et des symboles de la République, dont jusqu’à présent ils n’avaient jamais renié les valeurs ni eu à se plaindre.
D’où l’incendie de la Préfecture du Puy-en-Velay, ou les responsables de l’incident savaient d’une part que se trouvait le préfet en personne, un samedi qui plus est, mais de plus qu’il était précisément en réunion à tel endroit de l’édifice public sanctuaire et temple de la République. Le fait qu’ils aient eu accès à toute ces informations capitales et confidentielles ne peut qu’amener à se demander si parmi les incendiaires ne se trouvait pas quelque fin connaisseur de la préfecture, ou si l’information ne provenait pas de l’intérieur même, ou comme vous avez pu le comprendre, officie plus d’un agent susceptible de prendre fait et partie pour le soulèvement des gilets jaunes.
À Paris, même attaque des symboles de la République, avec dégradation de l’Arc de Triomphe par biais de tags contestataires, introduction à l’intérieur du monument , avec à la clé saccage de l’intérieur de l’édifice et multiples dégâts matériels. Arrachage des grilles du Jardins des Tuileries.
Les contestataires, gilets jaunes comme « casseurs professionnels » connaissent bien les mœurs de la société, ses points forts et ont l’art de les transformer en leurs zones de faiblesses les plus criantes.
Ainsi approchons-nous de la Noël et des réjouissances de fin d’année. Donc de la frénésie d’achat. Frappés au pouvoir d’achat, ils ont donc pour objectif de prolonger l’état de soulèvement jusque la toute fin de l’année 2018 et au-delà. Par cela, imaginez l’impact désastreux et jamais vécu sur les commerces, les entreprises, l’ensemble de l’économie en France. Imaginez l’impact sur les affaires nationales et transnationales implantées et passant par la France. Enfin, imaginez l’impact que les images de chaos et de violence, de guérilla urbaine aura sur les touristes du pays le plus visité au monde. L’image que cela donne de la France et de la manière dont elle sera perçue tenue, dirigée et (dés)organisée impactera est une donnée qui n’est pas à l’avantage de la France, de son appareil d’État comme de ses ambassadeurs économiques, culturels et autres. Tout cela bien entendu, n’est pas une conséquence malencontreuse de l’action de mobilisation contre la politique spécifique de ce gouvernement et l’organisation globale de la vie politique en France.
C’est donc à une remise en cause de la remise en cause du statut des classes moyennes que l’on assiste, celle-ci conduisant logiquement à une remise en cause de ce qui liait les classes moyennes et l’État, à savoir la confiance et la quiétude réciproque.
La remise en question supposée de cette confiance aux yeux des révoltés, de par le fait que l’État les afflige inconsidérément sans contrepartie, est la raison du fait que les mécontents s’en prennent à ce qui représente le socle de cette relation, le respect de la République, de son histoire et de ses totems. D’où le sac de l’Arc de Triomphe, monument symbolique et centrale de la France s’il en est, et plus surprenant et grave encore, la profanation de la tombe du Soldat Inconnu.
Tout cela est censé faire saisir la place prépondérante et essentiel de la classe dans la vie française et de l’État. En effet, à bien y observer, lors de tout mécontentement générale, les indignés s’en prennent dans un geste symbolique et désespéré à leur propre patrimoine. Ainsi lors d’émeutes dans les quartiers dits sensibles, ils sont prendront d’abord et pour tout à leur environnement immédiat, en brûlant les voiture de leur quartier, les établissements scolaires de leur ville etc. De même pour des ouvriers qui mettront à sac leur usine, ou les agriculteurs qui déverseront toute leur récolte, leurs biens marchands à même le sol, ou encore les agents d’entretien qui, alors que leur métier est de veiller à la salubrité de la ville déverseront toutes les ordures dans la rue, au grand dam des riverains, comme se fut le cas lors de la grève des éboueurs à Marseille en octobre 2017. Ce afin que la municipalité, qui est le premier responsable (public) et concerné par la propreté de la ville réagisse et adapte sa politique vis-à-vis des agents d’entretien.
C’est à la même chose que nous assistons avec les gilets jaunes, qui eux s’en prennent en priorité, ou si ce n’est eux, les « forces auxiliaires » à leur mouvement, aux symboles de la République et sanctuaires de l’État (Arc de Triomphe, préfecture), mais également à ce qui est le plus important dans une société capitaliste moderne, le bon fonctionnement de l’économie, et ce en pénalisant l’activité économique et l’enrichissement des structures publiques (en laissant gratuitement les automobilistes traverser les péages) comme des agents économiques privés.
Que doit-on en comprendre ? Que les catégories en colère se situent, ou revendiquent se situer au carrefour -ô combien stratégique- de la vie en société, entre l’État, la collectivité (puisque la spécificité des manifestants actuels est qu’ils ne sont pas d’une catégorie professionnelle spécifique, échappant donc à une accusation de l’opinion facile car ciblée, comme lorsqu’il est jeté l’anathème sur les taximètres, les agriculteurs ou les conducteurs de transports en commun). Aujourd’hui, c’est une vague floue, mais dont il est possible de déterminer les contours et la direction, qui submerge tout car n’ayant plus d’attaches et ne pouvant être contrôler par l’institution républicaine qui la maintenait dans son état puisque cette institution ne veut plus la maintenir en son état initial, à défaut d’être comprise et considérée.
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