Depuis le début de cette année 2018, une tempête sans précédent balaie en France les non-dits et les certitudes étouffant la vie en prison. A Vendin le Viel, la crise « carcérale » que nous vivons n’est pas qu’une simple information nationale. Ici, dans la prison de cette ville du Pas-de-Calais, située entre Lens et Lille, il s’est produit pas moins de deux agressions de surveillants pénitentiaires par des détenus.
Et ces actes de violence en milieu carcéral se multiplie dans toute la France, ce qui provoque un ras-le-bol du personnel pénitentiaire, leur mobilisation et leur grève générale. Ceci dans un contexte où la sécurité et l’administration des lieux privatifs de liberté sont justement prises en défaut.
En réponse à cette série d’agressions de surveillants pénitentiaires par des détenus, la réaction concertée des syndicats du personnel de prison est la grève générale. En soi, et au vu de la dangerosité du milieu carcéral, cela pourrait constituer un abandon de poste (à haut risque). Mais face à la situation dans les pénitenciers cela a également pour volonté de signaler leur colère et le sentiment d’abandon qu’ils éprouvent face à la gestion de la problématique carcérale.
Nous n’allons pas ici directement rentré dans des considérations d’ordre général tel que la surpopulation carcérale, l’application des peines et les politiques de répression du crime en dehors de la prison. Le sujet concerne premièrement la prison en tant que lieu et institution, moyen et finalité.
Or il apparait que la grève des surveillants de prison ne provoque pas en eux-même de débordement et de mutinerie de la part des détenus. Et qu’il éloigne toute nouvelle agression de geôliers, puisque lorsque les surveillants de prisons font grève, manifestent et brûlent même des pneus sur les pavés en dehors de la prison, ils ne courent en effet pas le risque, comme ils s’y entendent, d’être agressé par des détenus.
Mais ce statu quo ne saurait être maintenu puisque la mission de la prison est d’assurer avant tout la surveillance des prisonniers, afin d’empêcher toute soustraction par les condamnés à la logique de sanction, qui constitue le fondement de l’existence de la prison. La mission première des gardiens de prisons consiste à veiller à avoir un œil permanent sur les détenus pour ne pas qu’ils se déchainent, s’entretuent, s’évadent, et surtout contourne la dimension correctionnelle de leur peine d’emprisonnement.
Si les gardiens de prisons poursuivent leur grève qu’ils ont entamé depuis janvier 2018, c’est parce qu’ils estiment qu’ils ne sont pas à même d’assurer cette mission de surveillance, de prévention et de maintien de « l’ordre pénitentiaire ». L’ordre pénitentiaire est la capacité d’un lieu de privation de liberté d’assurer la pénitence du prisonnier par le châtiment en vue d’une correction. C’est ainsi qu’une prison où les détenus ne ressentent aucun sentiment de châtiment mais au contraire y prennent des aises et profitent des failles pour dépouiller la prison de son aspect « pénitencier » et punitif, on dira de cette prison qu’elle ne remplit pas son rôle puisque qu’elle n’assure pas « l’ordre pénitentiaire », qui a pour objectif d’emmener le criminel ou le délinquant a la prise de conscience et à la correction, et en premier lieu sanctionner sa transgression des règles de la société.
Cependant, les gardiens de prisons de notre pays estiment qu’ils ne peuvent plus assurer la surveillance des écroués, la prévention de tout acte violent et malveillant, ainsi que l’ordre pénitentiaire. Pire, les agressions à répétition dont ils sont victimes de la main des détenus montrent qu’ils ne sont plus capables de se protéger eux-mêmes. Puisqu’ils travaillent « sous l’autorité de », à savoir celle des services de direction pénitentiaire, c’est donc in fine à l’État de définir les modèles de protection de son personnel pénitentiaire, et à ses agents de direction de prendre en toute chose les décisions adéquates au cas par cas.
Si crise pénitentiaire il y’a aujourd’hui, c’est qu’il y’a eu au moins un élément déclencheur de la remise en cause du fonctionnement du système carcéral, ou du moins de certaines prisons. Ce premier élément déclencheur est l’agression le 11 janvier 2018, à la prison de haute-sécurité de Vendin-le-Viel de quatre gardes pénitenciers par un détenu. L’assaillant, armé d’un couteau, ainsi que, selon les témoignages, d’un rasoir ou d’une paire de ciseau « à bout rond »(ce qui indique la dangerosité potentielle de tout objet, surtout en prison) poignarde violemment trois des gardiens censé l’escorter de la cellule d’isolement ou il avait été placé en raison du risque … qu’il passe à l’acte !
Alors comment se fait-il que ce détenu soit passer à l’acte, sans prévoyance continue de la prison qui pourtant anticipait un acte de violence de sa part, justifiant ainsi son placement en cellule d’isolement. Comment se fait t-il donc que malgré cette précaution, la sécurité des surveillants n’aie été assurée ? A moins que les précautions prises n’ait été affaiblies par quelque relâchement, ou pire encore, négligées, voire ignorées. Récapitulons les faits et examinons en détails la teneur des décisions prises en ce qui concerne la gestion du cas Ganczarski, les motivations de l’assaillant lui-même, et les conséquences que l’ensemble de ces données, prises indépendamment ou les unes par rapport aux autres, ont eu sur cette affaire et ces répercussions futures.
Commençons par nous intéresser au premier intéressé à savoir Christophe Ganczarski lui-même. La raison de son incarcération au centre pénitentiaire de haute-sécurité de Vendin-le-Vieil n’est pas des plus banales. Il serait le cerveau de l’attentat de Djerba en Tunisie qui a fait 21 morts dans une synagogue le 21 mars 2002. L’administration américaine le considère comme l’un des recruteurs des kamikazes responsables des attentats du 11 septembre 2001 à New-York.
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