Le pape Jean Paul II a été proclamé bienheureux ce dimanche par son successeur Benoît XVI, sous les vivats de la foule réunie place Saint-Pierre au Vatican.
«Nous, accueillant le désir de nombreux fidèles, acceptons que le vénérable serviteur de Dieu, Jean Paul II, pape, puisse être déclaré bienheureux». A ces mots du pape, prononcés en latin, une immense clameur s’est élevée, les fidèles applaudissant à tout rompre sous un grand soleil, tandis que d’autres s’agenouillaient sur les durs pavés de la place.
Aussitôt une immense photo de Karol Wojtyla, bien avant sa déchéance physique due à la maladie, a été dévoilée devant la foule de fidèles parfois en larmes. La cérémonie était suivie en direct en Pologne par des milliers de personnes massées malgré la pluie sur la grande place Pilsudski, à Varsovie.
Benoît XVI, portant une mitre et une chasuble ayant été la propriété du pape défunt, a fixé au 22 octobre la date pour la «vénération» du «bienheureux» au nom duquel un autre miracle devra être accompli pour qu’il puisse accéder à la sainteté.
Hommage à la «force du géant»
Puis deux religieuses, la Polonaise Tobiana Sobodka vêtue de noir, qui avait assisté le pape, et la soeur française toute en blanc Marie Simon-Pierre, la miraculée à l’origine de sa béatification, ont présenté à la foule des fidèles un reliquaire contenant une ampoule de son sang.
Dans son homélie, Benoît XVI a rendu hommage à la «force de géant» de son prédécesseur qui sut «redonner l’espoir au christianisme» face au marxisme et «inverser une tendance qui semblait irréversible».
Lors de la cérémonie, les moments forts de sa vie ont été rappelés: son passé d’ouvrier, d’archevêque de Cracovie, puis son pontificat de plus d’un quart de siècle (de 1978 à 2005), l’un des plus longs de l’histoire de l’Eglise catholique, marqué notamment par un attentat contre sa personne en 1981.
Polonais omniprésents
La préfecture de Rome a avancé le chiffre d’un million de personnes présentes dans la capitale. Les Polonais étaient omniprésents – quelque 80’000 -, avec drapeaux et banderoles. Mais aussi beaucoup d’Italiens, d’Espagnols et de Français. Cette fête de béatification a permis à l’Eglise de réaffirmer sa confiance en elle alors qu’elle est ébranlée par un grave scandale de pédophilie.
Un scandale sur lequel Karol Wojtyla se voit reprocher par les associations de victimes d’avoir fermé les yeux ou de n’avoir pas réagi suffisamment, par un réflexe de défense de l’institution. L’ambiance dans la foule était joyeuse et fervente malgré quelques moments d’énervement alors que toutes les rues adjacentes étaient bondées.
Prêtres en soutane ou en clergyman, religieuses de toutes obédiences, familles de milieux modestes ou bourgeoises, jeunes sac à dos étaient côte à côte. De nombreux pèlerins suivaient la cérémonie sur quatorze écrans géants disséminés en ville. Huit cents prêtres ont donné la communion aux fidèles agglutinés autour du Vatican.
A l’issue de la cérémonie, Benoît XVI a ouvert la procession devant le cercueil de Jean Paul II. Il s’est agenouillé sur un prie- dieu pour invoquer le nouveau bienheureux. Après le pape ont suivi les cardinaux, les évêques, les délégations officielles, le clergé et enfin la foule des fidèles, en commençant par les malades et les handicapés. La procession devait s’étirer jusqu’à la nuit.
Présences critiquées
Le processus de béatification du très charismatique pape polonais a été mené en un délai record de cinq ans et sept mois. Dès le jour des funérailles de Jean Paul II, de nombreux catholiques avaient crié place Saint-Pierre «santo subito».
Quatre-vingt-sept délégations étrangères, dont 23 chefs d’Etat et de gouvernement, parmi lesquels le président zimbabwéen Robert Mugabe, banni de l’UE, et des représentants de cinq familles royales avaient fait le voyage.
La présence du Premier ministre français François Fillon et du président de la Commission européenne José Manuel Barroso à cette cérémonie religieuse a été critiquée par les défenseurs de la laïcité.
La Suisse était elle représentée par son ambassadeur près le Saint-Siège Jean-François Kammer. La Conférence des évêques suisses (CES) avait de son côté dépêché l’évêque auxiliaire de Bâle Denis Theurillat.
Source : 20 Minutes
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