BUENOS AIRES (Reuters) – En choisissant Tokyo au détriment d’Istanbul et de Madrid pour organiser les Jeux olympiques d’été 2020, le Comité international olympique (CIO) a montré samedi qu’il n’était pas d’humeur aventureuse, préférant la sûreté et la sécurité financière à l’exploration de nouveaux territoires.
Tokyo a pris l’avantage dès le début du vote, gagnant 42 voix au premier tour, avant de remporter la compétition haut la main au deuxième tour avec 60 voix, contre 36 à Istanbul, Madrid ayant été éliminée dès le premier tour.
La principale manifestation multi-sports de la planète se tiendra en 2020 sur le continent asiatique pour la première fois depuis les Jeux olympiques de Pékin de 2008. Les J.O. 2012 se sont tenus à Londres et ceux de 2016 auront lieu à Rio de Janeiro.
Pendant deux années de lobbying intense auprès du CIO, l’équipe japonaise a choisi pour stratégie de mettre en avant sa solidité financière et sa capacité à tenir ses promesses, parvenant à reléguer au second plan les inquiétudes liées à la situation de la centrale nucléaire de Fukushima.
Selon l’expression d’une personne au fait du dossier, c’est la candidature « la moins horrible » qui l’a emporté.
Le Japon a su dissimuler ses faiblesses mieux que l’Espagne, qui misait sur le faible coût de ses Jeux et sur ses infrastructures déjà existantes, et que la Turquie, qui rêvait de devenir le premier pays majoritairement musulman à accueillir ce grand raout quadri-annuel mais qui n’a pas su faire oublier les manifestations anti-gouvernementales qui agitent le pays.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe s’est lui-même présenté samedi devant les membres du CIO pour défendre le dossier de Tokyo, s’attachant à dissiper les inquiétudes liées à la centrale nucléaire de Fukushima, située à 230 km de Tokyo.
Malgré les tonnes d’eau radioactive qui s’échappent chaque jour de la centrale et s’écoulent dans l’océan Pacifique, conséquence du séisme et du tsunami de mars 2011, le Premier ministre a nié l’existence d’un problème sanitaire.
« Elle (la centrale) n’a jamais fait et ne fera jamais de dommages à Tokyo. Il n’y a pas eu de problème sanitaire jusqu’à maintenant et il n’y en aura pas à l’avenir. J’en fait la déclaration devant vous de la façon la plus emphatique et sans équivoque », a déclaré Shinzo Abe.
TRADITION ET STABILITÉ
Le Japon, qui a déjà accueilli les Jeux olympiques d’été en 1964 à Tokyo et ceux d’hiver à Nagano en 1998, avait aussi fait valoir au CIO un an avant le vote qu’il avait déjà 4,5 milliards de dollars « à la banque ».
Tokyo a estimé son budget Jeux à 3,4 milliards de dollars auxquels il faut ajouter une somme de 4,4 milliards de dollars non directement liée aux Jeux.
La proposition d’Istanbul était plus ambitieuse, d’un coût total de 19 milliards de dollars, mais aussi plus risquée compte tenu du manque d’expérience du pays dans l’organisation de grands événements sportifs.
Le président du CIO Jacques Rogge a vanté la solidité rassurante de la candidature japonaise lors de la cérémonie de signature du contrat avec le Premier ministre Shinzo Abe.
« Les trois dossiers étaient solides », a pour sa part déclaré John Coates, membre du CIO. « Mais celui de Tokyo était très, très bon pour les athlètes, la concentration des sites là-bas est très bonne. »
« C’était également bien pour le mouvement olympique parce qu’une grande partie de notre soutien commercial est en Asie », a-t-il ajouté.
Il a également laissé entendre que le conflit en Syrie avait également pesé dans la décision du CIO de préférer Tokyo à Istanbul.
Les retards accumulés pour les Jeux de Rio ont également contribué à faire pencher le vote en faveur de Tokyo contre Istanbul, a souligné le cheikh Ahmad al Fahad al Sabah, membre éminent du CIO et président de l’Association des comités olympiques nationaux.
« L’engagement par rapport au dossier était important », a-t-il dit à Reuters. « Les problèmes de Rio ont joué un rôle dans cette décision. »
Pour le CIO, il s’agit aussi d’un retour sur le continent le plus peuplé et son vaste potentiel commercial.
« Je crois que l’élection se jouait entre une candidature traditionnelle et de nouveaux territoires », a déclaré Thomas Bach, vice-président du CIO et candidat à la présidence. « Aujourd’hui, dans un monde fragile, les membres du CIO ont décidé en faveur de la tradition et de la stabilité »,
Simon Carraud et Danielle Rouquié pour le service français
Reuters par Karolos Grohmann et Ossian Shine
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