LONDRES (Reuters) – La Première ministre britannique Theresa May a obtenu mercredi à une large majorité le feu vert de la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement, pour enclencher la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Le texte donnant au gouvernement le droit d’engager le processus officiel de Brexit a été voté malgré les tentatives des députés pro-UE de fixer des conditions supplémentaires au plan de Theresa May qui prévoit d’engager le divorce avant le 31 mars.
Au total, les députés ont voté la loi à 494 voix pour et à 122 contre, mettant fin à plusieurs jours de débats intenses.
Le texte doit maintenant être approuvé par la Chambre des lords. S’enclenchera alors, au plus tard le 1er avril, une période de deux ans de négociations qui s’annoncent difficiles avec l’Union européenne sur les modalités du retrait du Royaume-Uni. Les discussions porteront entre autres sur les questions commerciales, l’immigration et la sécurité.
« Nous avons vu ce soir un vote historique », a déclaré le ministre chargé du Brexit, David Davis. « Une grande majorité pour poursuivre sur la négociation de notre sortie de l’UE et sur un nouveau partenariat, fort, avec ses Etats membres. »
Après une petite rébellion dans les rangs du Parti conservateur de Theresa May, la loi a été votée sans amendement et dans les temps.
Le texte devrait arriver à la Chambre des Lords le 20 février. Le gouvernement souhaite qu’il soit définitivement adopté pour le 7 mars.
De source proche des discussions à la chambre haute, on indique que les lords nommés à vie et les pairs héréditaires devraient demander que le Parlement ait davantage son mot à dire durant le processus des négociations avec l’UE. Cela pourrait impliquer que la loi soit définitivement approuvée avec une semaine de retard par rapport au calendrier, indique-t-on, mais personne ne s’attend pour autant à ce que la date butoir de fin mars ne soit remise en question.
FRACTURE
Parfois acrimonieux, les débats aux Communes ont exposé deux grandes lignes de fracture : la déconnexion entre l’Ecosse, favorable au maintient dans l’UE et le reste du pays, globalement favorable au Brexit, et, un malaise au sein de l’opposition travailliste, partagée entre les partisans d’un soutien à la vision du Brexit de Theresa May et ceux qui voulaient tenter de bloquer le processus législatif pour obtenir un autre accord.
Plusieurs dizaines de députés travaillistes ont fini par voter contre le texte, malgré les consignes de leur chef de file Jeremy Corbyn qui a estimé qu’il fallait voter le texte même si les amendements déposés n’ont pas été adoptés. Plusieurs membres de l’équipe politique de Jeremy Corbyn ont démissionné à cause de ce différend.
« Je ne peux, en toute bonne conscience, voter pour une chose dont je pense qu’elle nuira à terme à la ville que j’ai l’honneur de représenter, que j’aime et que j’appelle chez moi », a déclaré le député de Norwich-sud, Clive Lewis, porte-parole entreprises de Jeremy Corbyn qui a quitté l’hémicycle quelques instants avant le vote.
Toujours est-il que le soutien à la cause indépendantiste a progressé en Ecosse depuis que Theresa May a dit en janvier qu’elle optait pour un Brexit « dur », selon un sondage publié mercredi. [nL5N1FT61C]
Les députés du Parti national écossais (SNP) ont à plusieurs reprises dit au Parlement qu’on ne les laissait pas s’exprimer à propos du Brexit, ce qui était de nature à alimenter la demande pour un nouveau référendum sur l’indépendance.
« Les huées des membres du gouvernement et le fait d’avoir empêché les députés SNP de parler dans cette Chambre fait notre jeu et se traduit par des gros titres disant que le soutien à l’indépendance est en hausse », a déclaré la députée SNP Joanna Cherry.
Au moment du décompte du vote final, les élus SNP ont entonné « l’Hymne à la joie » de Beethoven, qui est l’hymne officiel de l’UE.
(Avec Kylie MacLellan et Elizabeth Piper; Danielle Rouquié pour le service français)
Source : Reuters par William James
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