POLITIQUE – La facture s’alourdit: de nouvelles révélations du Canard enchaîné font désormais état de plus de 900.000 euros perçus comme assistante parlementaire et à la Revue des Deux Mondes par l’épouse de François Fillon, plus 84.000 euros perçus par deux enfants du candidat de la droite dans la tourmente.
Cette nouvelle salve vient s’ajouter à une perquisition de près de six heures au bureau de François Fillon à l’Assemblée nationale. Bureau autrefois occupé par le mentor de l’ancien Premier ministre, Philippe Séguin.
Après avoir évoqué la somme de « 500.000 euros brut » la semaine dernière, l’hebdomadaire satirique chiffre, dans son édition à paraître mercredi 1er février, à 831.440 euros bruts la somme perçue par Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari ou de son suppléant Marc Joulaud. Non à partir de 1998 comme Le Canard l’écrivait la semaine dernière, mais dès 1988.
Quant aux revenus perçus par deux des enfants du candidat à l’élection présidentielle pour des « missions » dont leur père a lui-même révélé l’existence, l’hebdomadaire les chiffre à 84.000 euros: 57.084 euros bruts perçus par Marie Fillon et 26.651 euros par Charles Fillon, eux-aussi comme assistants parlementaires.
Ces deux nouveaux épisodes viennent nourrir une séquence dévastatrice, lancée voici une semaine et qui a déjà gâché le grand meeting de campagne du candidat de la droite à l’Elysée dimanche dernier, à 82 jours du premier tour.
François Fillon ont été entendus – séparément – lundi à Versailles par les policiers de l’office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF), avec le statut de « suspect(s) libre(s) » selon une source proche de l’enquête.
L’enquête continue
Ceux-ci cherchent à déterminer si Pénélope Fillon a effectivement exercé une activité pendant les années où elle a été rémunérée en tant qu’assistante parlementaire. D’après Le Parisien/Aujourd’hui en France, elle ne possédait ni badge ni boîte mail à son nom à l’Assemblée.
Le « salaire moyen » d’un assistant parlementaire se situe entre 2.200 et 2.600 euros nets, d’après les syndicats. A l’Assemblée, seule la rémunération des collaborateurs « familiaux » (conjoints, descendants, ascendants) est plafonnée. Elle ne doit pas dépasser la moitié de l’enveloppe mensuelle, qui est au total de 9.561 euros.
L’enquête porte aussi sur l’emploi de Penelope Fillon à la Revue des Deux Mondes, rémunéré 5.000 euros brut mensuels entre mai 2012 et décembre 2013 (quelque 100.000 euros au total).
Les locaux de cette revue ont été perquisitionnés la semaine dernière et son propriétaire, l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et proche de François Fillon, a été entendu lundi par la police.
Début de campagne ‘volé’
Par ailleurs, du côté du Sénat, le JDD affirmait ce week-end que François Fillon avait « perçu sept chèques à son nom » pour « un montant total de l’ordre de 21.000 euros » correspondant à des « reliquats de crédits d’assistants ».
Deux juges d’instruction enquêtent depuis 2013 sur des soupçons de détournement de fonds publics au profit de sénateurs ou anciens sénateurs de l’UMP, devenu Les Républicains (LR), enquête qui ne concerne pas directement François Fillon.
Mais l’affaire de la rémunération de son épouse n’en finit plus d’embarrasser la droite qui avait triomphalement désigné François Fillon lors d’une primaire dans laquelle il a successivement éliminé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
« On nous a volé notre début de campagne », s’est lamenté mardi Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et proche du candidat.
Le début de campagne était cependant laborieux avant même l’éclatement de cette affaire, François Fillon ayant été la cible constante de la gauche et d’une partie de son camp sur son programme économique au libéralisme revendiqué, de la fin des 35 heures à la réduction projetée de 500.000 emplois publics, en passant par la révision de la politique de santé.
Depuis une semaine, le candidat se défend pied à pied. Mais selon un sondage Elabe pour BFMTV, plus de trois Français sur quatre (76%) ne sont pas convaincus par sa défense et ses arguments (41% chez les sympathisants LR).
François Fillon, qui, pendant la primaire, avait attaqué Nicolas Sarkozy sur le thème de l’intégrité – « Qui imagine le général de Gaulle mis en examen? » – a lui-même fixé la ligne rouge: il ne pourrait maintenir sa candidature « si [son] honneur était atteint », s’il était « mis en examen ».
Hypothèse peu probable avant l’élection, en termes de procédure et de calendrier. Mais suffisante pour voir à droite s’esquisser l’hypothèse d’un « plan B », pour lequel rien n’est prévu dans les statuts du parti. En attendant, « c’est l’enquête qui détermine » le rythme de la campagne, se lamentait un proche soutien du candidat.
Source : Le HuffPost avec AFP
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