BERLIN (Reuters) – Plébiscitée pour son rôle pendant la crise de la zone euro, Angela Merkel a conduit dimanche les conservateurs allemands à un succès triomphal aux élections législatives fédérales, près de la majorité absolue.
Alors que la quasi-intégralité des bulletins de vote ont été dépouillés, le bloc conservateur est crédité de 41,5%, son plus gros score depuis 1990. Il devra devra se passer de son partenaire de coalition libéral (FDP), qui, avec 4,8% passe sous le seuil de 5% requis pour être représenté au Bundestag, et pourrait devoir composer à nouveau avec le centre gauche.
C’est la première fois depuis la guerre que le FDP, avec qui la chancelière gouvernait depuis quatre ans, ne sera pas représenté au Bundestag.
Mais si Angela Merkel est assurée d’obtenir un troisième mandat de chancelière comme le père de la République fédérale et son mentor Helmut Kohl, des projections ultérieures ont donné la CDU-CSU juste en-deçà de la majorité.
« C’est un super résultat », a lancé Angela Merkel à ses partisans en liesse. « Ensemble, nous ferons tout notre possible pour faire de ces quatre prochaines années des années de succès pour l’Allemagne. Il est trop tôt pour dire comment nous procéderons, mais aujourd’hui, nous devons nous réjouir. »
NOUVELLE « GRANDE COALITION » ?
L’une des options serait une « grande coalition » avec les sociaux-démocrates du SPD, arrivés loin derrière les conservateurs avec 25,7% des voix, leur deuxième plus mauvais score après celui de 2009 (23%).
Les sondages d’opinion montrent qu’une majorité d’Allemands serait favorable à une nouvelle coalition « rouge-noire », comme celle qu’Angela Merkel a déjà dirigée entre 2005 et 2009.
Celle-ci ne serait pas pour déplaire non plus à certains de ses partenaires européens, qui aimeraient la voir assouplir sa position à l’égard des Etats membres malmenés par la crise, tels que la Grèce.
Mais après s’être aliéné des millions d’électeurs pour cause d’alliance avec Merkel, le SPD est très méfiant à l’idée d’une nouvelle grande coalition.
« Nous n’allons pas automatiquement entrer dans une grande coalition », a déclaré le président du SPD, Sigmar Gabriel. « Ce qui importe, c’est la politique. »
Autre surprise du scrutin, le parti anti-euro Alternative pour l’Allemagne (AfD), manque de très peu son entrée au Bundestag en frôlant lui aussi les 5% avec 4,7%.
Ce nouveau mouvement né de l’hostilité aux plans de sauvetage des pays les plus endettés de la zone euro a attiré de nombreux électeurs et pourrait freiner les ambitions européennes de la chancelière.
A gauche, le parti de gauche Die Linke, avec 8,6% des voix, devient la troisième force politique allemande en passant devant les Verts, crédités de 8,4%.
« ANGIE »
Angela Merkel est l’une des rares dirigeantes européennes à avoir survécu à la crise de la dette, qui a vu 19 de ses homologues de l’Union européenne perdre leur poste depuis le début 2010.
Au siège de la CDU, à Berlin, ses partisans affichant des tee-shirts « Angie » et la couleur orange de la campagne ont fêté la victoire de la chancelière au son du populaire groupe punk allemand Die Toten Hosen.
« Des gens que je ne m’imaginais pas voter CDU l’ont fait pour Merkel. Son style terre à terre, honnête et calme a convaincu beaucoup d’électeurs », estime Johann Schulz-Gebeltzig, un jeune militant chrétien-démocrate de 24 ans.
En toute hypothèse, sauf si celle d’une majorité absolue pour la CDU-CSU se confirme, les négociations en vue de former une coalition se prolongeront pendant plusieurs semaines.
Même si elle devait gouverner seule, Angela Merkel n’aurait pas pour autant la voie facile. Le Bundesrat, la chambre haute du parlement, est dominée par des partis orientés à gauche depuis les victoires engrangées dans les Länder par le SPD et les Verts ces dernières années.
Avec les sociaux-démocrates, la chancelière pourrait devoir céder des postes ministériels clés, comme celui du ministère des Finances, et accepter certains points du programme du SPD, sur l’instauration d’un salaire minimum ou le relèvement des impôts pour les hauts revenus.
Si le SPD refuse de rejoindre cette grande alliance, Merkel pourrait se tourner vers les Verts, même si une telle coalition serait sans doute encore plus fragile.
Avec Stephen Brown, Erik Kirschbaum et Sakari Suoninen; Jean-Philippe Lefief, Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Source : Reuters par Stephen Brown et Noah Barkin
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