La justice a rendu sa décision mardi soir concernant le livre de Marcela Iacub sur DSK. Le livre de l’ancienne maîtresse de Dominique Strauss-Kahn ne sera pas interdit mais un encart devra y être inséré. Présent au tribunal de grande instance (TGI) de Paris, où se tenait l’audience visant à statuer sur le fameux livre, «Belle et Bête», l’ancien directeur du FMI s’était dit «horrifié» par cet ouvrage dans lequel l’auteure évoque sa relation avec lui.
L’ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), qui avait demandé l’interdiction du livre à paraître mercredi et «à titre subsidiaire», c’est-à-dire à défaut, la publication d’un encart dans chacun des exemplaires de l’ouvrage controversé, a donc obtenu gain de cause. Il avait assigné en référé (procédure d’urgence) son ex-maîtresse Marcela Iacub et son éditeur Stock pour «atteinte à l’intimité de la vie privée». Par ailleurs, selon l’ordonnance du tribunal de grande instance deParis, le Nouvel Observateur devra publier un communiqué judiciaire couvrant la moitié de sa Une. Marcela Iacub et les éditions Stock ont également été condamnés à verser solidairement 50 000 euros de dommages et intérêts à DSK, tandis que l’hebdomadaire devra lui verser 25 000 euros. Le Nouvel Observateur avait en effet publié la semaine dernière des extraits de l’ouvrage accompagnés d’une interview de l’auteure.
L’avocat de DSK satisfait
«C’est évidemment une excellente décision pour Dominique Strauss-Kahn, et bien au-delà pour les principes, pour le respect de la vie privée, pour certains grands principes qui fondent notre démocratie parce qu’on ne peut pas aller toujours plus loin dans le trash sous prétexte d’appeler ça littérature et journalisme», a déclaré Me Richard Malka, avocat de DSK, sur iTélé.
DSK : «Tout est permis pour gagner de l’argent ?»
L’audience s’était ouverte mardi peu après 10 h 30. Au coeur des premiers débats, la qualification des faits elle-même. «Atteinte à la vie privée ? Non, outrage selon la défense, a rapporté sur son compte Twitter une journaliste présente à la 17e chambre. Puis DSK a pris la parole : «Je suis horrifié par le procédé qui a été utilisé pour obtenir [ce livre] (…) Est-ce que tout est permis pour gagner de l’argent ?», s’est-il insurgé, qualifiant le texte de «méprisable et mensonger». L’ouvrage, selon lui, fait «fi de la dévastation de ma vie privée, de ma vie familiale, de la psychologie des mes enfants». Et l’ancien ministre de déplorer que l’on «tire sur un homme qui est déjà assez à terre».
Iacub reconnaît avoir été «utilisée»
Selon Me Jean Veil, l’un des conseils de DSK, son client est victime d’une «véritable machination», d’un «véritable piège». L’accusation a d’ailleurs lu un mail de Marcela Iacub adressé à son client, dans lequel elle explique que sa «conscience» la «travaille». Elle dit avoir été «utilisée». «Il m’a fallu faire croire que j’étais éprise de toi», conclut-elle dans ce courrier, demandant «pardon» à DSK et lui recommandant d’effacer ce message. «C’est un livre qui devrait être dans les cabinets de complaisance et dont on devrait pouvoir faire l’usage intime de son choix», a taclé l’avocat.
Aujourd’hui, Dominique Strauss-Kahn fait «confiance à un juge», avait plaidé pour sa part Me Henri Leclerc. «Sur cette décision repose une partie de sa survie et d’une certaine façon de l’honneur de notre société».
«Beaucoup de gens s’expriment en mon nom mais aujourd’hui ça va trop loin», a expliqué DSK à sa sortie de l’audience. Evoquant les éditeurs et hebdomadaires qui «trompent leurs lecteurs» «uniquement pour faire du profit» il a conclu : «J’en ai assez qu’on se serve de moi et je demande une seule chose : qu’on me laisse en paix !»
Selon l’avocat de Marcela Iacub et de son éditeur, Stock, il est «matériellement impossible» d’insérer un encart dans les 40 000 premiers exemplaires déjà mis en place dans les librairies. Me Christophe Bigot a donc proposé l’insertion d’un avertissement faisant état de la position de M. Strauss-Kahn pour le prochain tirage.
L’interdiction de diffusion d’un livre est une mesure rarissime. Le dernier exemple recensé remonte à 2004 concerne le livre d’une ancienne prostituée de l’affaire Alègre. Autre cas : en 1996, deux jours après la mort de François Mitterrand, le livre de son ancien médecin, détaillant le cancer de l’ancien président, est retiré de la vente. Après une condamnation de la France par la Cour européenne des Droits de l’Homme, l’ouvrage a finalement été réédité en 2005.
Dans «Belle et Bête», Marcela Iacub relate sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn de janvier à août 2012. Même si l’ancien ministre n’est jamais nommé dans le livre, l’auteur confirme dans un long entretien au «Nouvel Observateur» qu’il s’agit bien de DSK, tout en précisant que l’ouvrage contient des éléments de fiction. Le personnage principal y est décrit comme un être «mi-homme mi-cochon».
Dans un courrier publié sur le site du «Point», DSK a déjà dit son «dégoût» et fustigé «le comportement d’une femme qui séduit pour écrire un livre, se prévalant de sentiments amoureux pour les exploiter financièrement».
Anne Sinclair dénonce un «récit trompeur»
Anne Sinclair, présente dans l’ouvrage également de façon anonyme et qui a rencontré Marcela Iacub, n’est pas tendre non plus. C’est «un récit trompeur et fielleux de (leur) entrevue en se livrant à une interprétation diffamatoire et délirante de (ses) pensées». «Comment, pour des raisons mercantiles, le «Nouvel Observateur» a-t-il pu descendre aussi bas dans l’abjection ?», demande-t-elle dans une lettre à Laurent Joffrin, directeur de l’hebdomadaire, et Jérôme Garcin, responsable des pages culturelles.
Source : Le Parisien
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