NEW YORK/WASHINGTON (Reuters) – Interné dans l’immense complexe pénitentiaire de Rikers Island depuis lundi soir, Dominique Strauss-Kahn doit ajouter à un quotidien carcéral des pressions croissantes pour obtenir sa démission du poste de directeur général du FMI.
Alors qu’il va comparaître une deuxième fois vendredi devant un tribunal pénal de Manhattan pour y répondre d’agression sexuelle présumée, DSK se trouve de plus en plus isolé et son maintien à la tête du Fonds monétaire international apparaît comme une source d’embarras.
Le FMI a tenté d’entrer en contact avec son directeur général pour déterminer s’il entendait se maintenir à ce poste pendant le cours de l’instruction ou s’il comptait se retirer.
Dans un communiqué, l’institution internationale a déploré le fait qu’une telle relation n’ait pas pu avoir lieu depuis l’interpellation de DSK samedi après-midi à l’aéroport JFK de New York dans un avion à destination de Paris.
Un porte-parole du FMI a déclaré qu’il « était évidemment important qu’un contact puisse être établi dans un délai raisonnable ».
« Je sais qu’il existe un problème concernant son statut au FMI mais on espère que cela va être mis entre parenthèses le temps que l’on y voit plus clair dans cette affaire », a déclaré Bill Taylor, l’un des avocats de DSK.
WASHINGTON PLAIDE POUR UN DIRECTEUR INTÉRIMAIRE
Deux sources au sein du FMI ont confirmé à Reuters que le conseil d’administration a tenté mardi de joindre DSK pour savoir s’il envisageait ou non de se maintenir à son poste.
L’une des sources a précisé qu’une démission du patron du FMI serait la solution idéale, tandis que la seconde source a précisé que ce sentiment n’était pas partagé par les 24 membres du conseil d’administration.
Le patron du FMI est actuellement en détention provisoire à la prison de Rikers Island après le rejet de sa demande de mise en liberté sous caution dans une affaire d’agression sexuelle présumée sur une femme de chambre d’un hôtel de New York.
Suivant les règlements de l’administration pénitentiaire de la ville, les détenus peuvent recevoir trois visites par semaine en plus de celles de leurs avocats.
Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a estimé qu’il était important que le Fonds puisse continuer à fonctionner normalement à un moment où il intervient dans les plans de sauvetage de plusieurs pays de l’Union européenne.
« Je ne peux pas faire de commentaire sur l’affaire, mais à l’évidence il (DSK) n’est pas dans une position où il peut diriger le FMI », a dit Geithner.
« Il est important que le conseil d’administration du FMI nomme officiellement quelqu’un pour une période transitoire et que cette personne agisse en tant que directeur », a-t-il ajouté.
La Maison blanche réfléchit déjà au remplacement de John Lipsky, numéro 2 du Fonds qui assure l’intérim, et envisage de pousser la candidature du conseiller David Lipton à ce poste.
« Etant donnée la situation, la mise en liberté sous caution ayant été refusée, il devrait (démissionner) pour ne pas pénaliser l’institution », a dit Maria Fekter, ministre autrichienne des Finances.
« Il est important de garantir la stabilité de l’institution mais nous devons également compter sur l’intelligence de M. Strauss-Kahn. Et dans ce cas, il ne semble pas en avoir fait preuve », a dit Elena Delgado, ministre espagnole de l’Economie.
RIVALITÉ ENTRE PAYS ÉMERGENTS ET EUROPÉENS
Si elle n’est pas encore officiellement ouverte, la succession de DSK à la tête du FMI est déjà l’objet de rivalités, notamment entre pays émergents et Union européenne.
La Chine, qui est devenue l’an passé le troisième plus important contributeur du Fonds, a appelé à « l’équité, la transparence et le mérite » dans le choix du nouveau patron de l’organisation.
Le Brésil et l’Afrique du Sud ont fait écho à cette position en affirmant que le choix du prochain directeur général doit s’effectuer en fonction de ses compétences et non de sa nationalité.
« Nous pensons qu’il est opportun d’avoir quelqu’un originaire d’un pays émergent. Nous pensons que l’Inde ou le Brésil sont de bonnes options, mais nous pensons également que l’Europe va tenter de conserver sa position dominante et nous allons donc faire pression », a dit un responsable brésilien.
Les trois principales tâches du directeur qui sera éventuellement nommé sont: la crise de la dette en Europe, l’établissement d’un accord politique sur la réduction de la dette aux Etats-Unis et le risque d’une bulle inflationniste dans les pays émergents.
En attendant d’être à nouveau entendu par la justice américaine, Dominique Strauss-Kahn a été placé sous surveillance permanente destinée à prévenir toute tentative de suicide.
Dominique Strauss-Kahn n’a montré aucun signe en ce sens et il s’agit simplement d’une mesure de précaution, a déclaré une source au sein des services pénitentiaires.
Dominique Strauss-Kahn sera surveillé plus fréquemment que les autres détenus, a ajouté cette source, sans fournir de précisions.
Pierre Sérisier pour le service français
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