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Guatemala : explosion de joie après la levée de l’immunité du président

AFP/AFP - Des Guatémaltèques fêtent la levée de l'immunité du président Otto Pérez, le 1er septembre 2015 devant le Parlement de la ville de Guatemala
Guatemala : explosion de joie après la levée de l’immunité du président

Une foule de Guatémaltèques enthousiastes a célébré mardi la levée historique de l’immunité du président Otto Pérez, qui sera désormais poursuivi pour corruption, dans un climat de protestation populaire inédit dans le pays.
Spontanément, des centaines d’habitants ont accouru devant le Parlement, qui venait d’approuver à 16H30 (22H30 GMT) le retrait du bouclier judiciaire du président conservateur, grâce au vote à l’unanimité des 132 députés présents (sur 158 que compte l’assemblée).
Aux sons de trompettes et de pétards, les manifestants, à la fois heureux et émus, ont ensuite rejoint la place centrale de la ville de Guatemala, où ils étaient plus d’un millier en début de soirée, malgré l’intense pluie tropicale.
« C’est un triomphe du peuple guatémaltèque, face à l’anarchie qui régnait dans ce pays », témoignait à l’AFP Morel Villatoro, retraité, au milieu d’une foule agitant le drapeau blanc et bleu ciel du pays.
C’est la première fois dans l’histoire du Guatemala qu’un président perd sa protection judiciaire, ouvrant la voie à des poursuites à son encontre, pendant lesquelles il pourra rester à son poste sauf si un juge décrète son placement en détention provisoire.
Dès mardi soir, la justice lui a interdit de sortir du territoire.
« Il existe toujours le risque et la possibilité qu’il puisse abandonner le pays », a expliqué la procureure générale Thelma Aldana sur une télévision locale, soulignant que M. Pérez est désormais « un citoyen ordinaire pour le système judiciaire, même s’il continue d’exercer comme président ».
Cette mesure intervient alors que le pays centraméricain vit un moment de mobilisation populaire sans précédent et à quelques jours seulement des élections générales prévues dimanche, auxquelles M. Pérez, en exercice jusqu’au 14 janvier 2016, ne se représente pas, la Constitution n’autorisant qu’un seul mandat.
– ‘Le peuple retrouve l’espoir’ –
Des manifestations pacifiques sont organisées chaque semaine depuis avril, quand avait été révélé ce scandale de corruption.
« Le peuple du Guatemala, après quatre mois de lutte, retrouve l’espoir et voit que le Parlement réagit enfin et ouvre la voie à une procédure contre un président qui n’a pas su écouter le peuple guatémaltèque », s’est réjoui Mario Taracena, député social-démocrate.
Le général en retraite de 64 ans, au pouvoir depuis 2012, est accusé par le parquet et une commission de l’ONU contre l’impunité (Cicig) d’avoir dirigé un système de corruption au sein des douanes, via lequel des fonctionnaires touchaient des pots-de-vin pour exonérer de taxes certaines importations.
Son ancienne vice-présidente Roxana Baldetti est déjà en détention provisoire dans ce dossier.
« Je peux vous le dire : je n’ai pas reçu un centime de cette structure frauduleuse », affirmait encore lundi Otto Pérez.
Mi-août, une précédente demande de levée d’immunité, avant les accusations du parquet et de la Cicig, avait échoué faute d’atteindre le nombre de votes nécessaires.
Mais face à la colère grandissante de la population, les parlementaires, nombreux à jouer leur siège lors des élections de dimanche, ont cette fois appuyé la procédure.
Le président a déposé lundi un recours devant la Cour constitutionnelle pour bloquer la procédure contre lui, avant une décision attendue d’ici jeudi.
– ‘Un avertissement’ –
Son porte-parole, Jorge Ortega, a de nouveau nié mardi qu’il allait démissionner, malgré les nombreux appels en ce sens d’institutions publiques dont la Cour des comptes, ainsi que du patronat.
« Le président a été très clair (…) en disant qu’il allait affronter la procédure » judiciaire sans quitter son poste, a-t-il déclaré.
« Au nom de la dignité il doit démissionner maintenant, le peuple est en train de le sortir du pouvoir », affirmait mardi, dans la foule, Javier Ortiz, étudiant en ingénierie.
Les manifestants réclament aussi le report des élections, souhaitant d’abord une vaste refonte du système politique pour le purger de la corruption endémique.
« Nous sommes dans une période de crise, mais au-delà de ça, c’est un avertissement pour le prochain gouvernement, pour lui dire que nous ne sommes pas endormis, nous sommes prêts », assurait Jorge Salguero, enseignant.
Mardi, la militante indigène Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix 1992, a appelé au calme « face au risque de débordements », notamment le jour du scrutin.
Le scandale de corruption a accaparé la campagne électorale, contrairement aux précédentes, plus centrées sur la violence, qui fait chaque année 6.000 morts, en majorité liées au crime organisé, dans un pays de 15,8 millions d’habitants miné par le trafic de drogue et la pauvreté.

 

Source : AFP

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