Amerique

A l’origine de l’affaire VW, les tests bienveillants d’une ONG

Volkswagen a plongé de 18,6% lundi en Bourse après avoir chuté un temps de plus de 20%, sa plus forte baisse sur une seule séance en 78 ans d'existence, après les accusations américaines de tromperie sur les émissions polluantes de ses voitures, qui l'exposent à des amendes colossales et pourraient avoir des retombées en Europe. /Photo prise le 21 septembre 2015/REUTERS/Lucy Nicholson
A l’origine de l’affaire VW, les tests bienveillants d’une ONG

DETROIT/WASHINGTON (Reuters) – Quand l’International Council for Clean Transportation (ICCT) a engagé des chercheurs à l’Université de Virginie-Occidentale pour tester les émissions des voitures à moteur diesel en 2013, l’ONG s’attendait à conclure que les voitures diesel vendues aux Etats-Unis étaient moins polluantes que les autres parce que les normes étaient plus dures, ont déclaré lundi des responsables de l’ICCT à Reuters.

Or, après avoir testé une Volkswagen Jetta 2012 et une VW Passat 2013, les chercheurs ont été « surpris » que les résultats montrent un résultat opposé : les deux modèles affichaient des niveaux d’émissions d’oxyde d’azote bien plus élevés que ce qui est autorisé par la loi, tandis qu’un troisième véhicule testé, une BMW X5, était en général à l’intérieur des limites admises.

« Notre hypothèse était que toutes ces voitures sortiraient propres », a déclaré Drew Kodjak, directeur exécutif de l’ICCT, un groupe de recherche indépendant à but non lucratif avec des bureaux à Washington, San Francisco et Berlin.

En mai 2014, ICCT a alerté l’Agence de protection de l’environnement (EPA) et le California Air Ressources Board (Carb) à propos de ses conclusions. Vendredi, l’EPA annonçait que VW pourrait devoir verser 18 milliards de dollars de pénalités pour avoir utilisé, sur près de 500.000 voitures diesel VW et Audi, un logiciel qui permettrait de contourner la législation concernant la réglementation en matière d’émissions.

L’affaire risque de porter atteinte aux finances de VW mais aussi à sa direction et à sa réputation.

Lundi, l’action VW a dégringolé en Bourse et la société a suspendu les ventes de ses voitures diesel aux Etats-Unis dans l’attente de trouver une solution qui satisfasse les autorités chargées de la réglementation.

En soirée à New York, le patron de la filiale américaine de VW, Michael Horn, s’est dit persuadé que la maison mère parviendrait à rétablir la confiance des consommateurs et a promis de faire des corrections.

Le scandale sera peut-être d’autant plus difficile à gérer que VW sort juste d’une bataille difficile concernant sa direction. Le patron du groupe, Martin Winterkorn, s’est dit dimanche « profondément désolé » pour l’infraction à la réglementation américaine et a ordonné une enquête.

Certains se demandent s’il ne va pas devoir démissionner.

ALGORITHME SOPHISTIQUÉ

Les inquiétudes soulevées par ICCT « ont incité le Carb à ouvrir une enquête et des discussions » avec VW en 2014, a indiqué cet organisme.

VW a décidé de mener ses propres tests pour vérifier l’étude de l’ICCT et a proposé un patch logiciel de réparation au Carb.

Cela fait plusieurs années que VW diffuse de la publicité au Etats-Unis vantant ses voitures « diesel propre ». Ces publicités ont continué en novembre dernier, alors même que le groupe était au courant de la controverse sur ses émissions.

Lundi, VW a dit ne pas avoir eu l’intention d’induire le public en erreur.

En décembre dernier, VW a décidé de rappeler toutes ses voitures diesel aux Etats-Unis entre 2009 et 2014. Ce rappel n’a pas mis fin au problème. Carb, en coopération avec l’EPA, a dit vouloir faire des tests de confirmation et c’est alors qu’elle a fait ceux qui ont commencé en mai 2015.

En juillet, Carb a fait savoir à VW que les véhicules testés montraient encore des émissions supérieures aux limites acceptées aux niveaux fédéral et local. La Californie a fait part de ces résultats aux autorités fédérales chargées de la réglementation.

VW a attribué les émissions excédentaires à « divers problèmes techniques » et à des conditions « inattendues » en situation réelle.

Ce n’est que quand l’EPA et Carb ont menacé de retirer leur certification aux modèles diesel 2016 du constructeur allemand que VW a révisé son explication début septembre.

« Seulement alors, VW a reconnu avoir conçu et installé un dispositif de mise en échec sur ces véhicules sous la forme d’un algorithme logiciel sophistiqué qui détectait quand un véhicule passait des tests sur ses émissions », a déclaré l’EPA dans sa lettre du 18 septembre à Volkswagen.

VW a présenté lundi à New York la Passat 2016, avec une version « diesel propre ». Lundi soir, le groupe allemand a fait savoir que la Passat diesel 2016 n’avait pas encore été certifiée par l’EPA pour les Etats-Unis.

(Danielle Rouquié pour le service français)

 

 

Source : Reuters par Paul Lienert et Timothy Gardner

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