WASHINGTON (Reuters) – La pression s’est accentuée dimanche pour que les Etats-Unis viennent en aide à l’Europe face à la crise des réfugiés déplacés par des guerres dans lesquelles Washington porte une responsabilité. Mais l’administration américaine n’a donné aucun signe d’une possible inflexion de sa politique d’accueil.
David Miliband, ancien ministre britannique des Affaires étrangères qui dirige aujourd’hui l’International Rescue Committee, a ainsi appelé les Etats-Unis à faire preuve « des qualités de leadership qu’ils ont su montrer dans ce genre de crises ».
« Les Etats-Unis, a-t-il dit sur ABC, ont toujours été à la pointe des questions de réinsertion de réfugiés, mais n’accepter que 1.500 personnes ces quatre dernières années est une contribution minuscule en réponse à l’aspect humain de ce problème. »
Ce chiffre de 1.500 correspond aux Syriens qui ont obtenu le statut de réfugiés aux Etats-Unis depuis le début de la crise, en mars 2011.
Dans le même temps, selon les dernières données du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de quatre millions de réfugiés syriens se sont fait enregistrer dans des Etats voisins, dont 1,9 million en Turquie, 1,1 million au Liban, 629.000 en Jordanie, 250.000 en Irak, 132.000 en Egypte et 24.000 en Afrique du Nord.
Dans une interview accordée samedi soir à Reuters, le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, indiquait qu’un nombre équivalent de réfugiés syriens pourrait être admis sur le territoire des Etats-Unis d’ici la fin de l’année et peut-être davantage l’année prochaine.
Mais rien ne laisse entrevoir une ouverture plus large, notamment en raison de règles de sécurité. « Nous devons suivre un processus de sélection significatif pour les gens en provenance de Syrie », a-t-il dit. Les autorités américaines veulent éviter que des djihadistes affiliés à l’organisation Etat islamique (EI) ou à Al Qaïda se mêlent aux réfugiés pour entrer sur leur territoire.
« ACCUSER LES EUROPÉENS EST UN ALIBI »
Cette position risque toutefois de devenir difficilement tenable alors que l’opinion a été saisie d’effroi par la photographie de petit Aylan Kurdi, un garçonnet syrien de trois ans mort noyé sur une plage de Turquie, admet un autre responsable de l’administration américaine s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
Dans une tribune publiée par le New York Times, Michael Ignatieff, ancien homme politique canadien aujourd’hui professeur à la Harvard Kennedy School, écrit que les Etats-Unis et le Canada ont tort de considérer que cette crise est un problème européen.
Puisqu’ils arment des rebelles syriens et bombardent les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI), les Etats-Unis, argumente-t-il, ont une responsabilité dans l’exode des réfugiés.
« Accuser les Européens est un alibi, et le reste de nos excuses, comme le fait que les réfugiés n’auraient pas les bons papiers, est simplement révoltant », ajoute-t-il, appelant les Etats-Unis et le Canada à prendre en charge au moins 25.000 réfugiés syriens.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a proposé aux Etats-Unis de s’occuper de quelque 16.300 réfugiés enregistrés par l’agence onusienne et continuera de présenter des dossiers à Washington, a déclaré Melissa Fleming, porte-parole du HCR.
(Henri-Pierre André pour le service français)
Reuters par Bill Trott et Matt Spetalnick
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