L’ancien dirigeant palestinien serait bien mort empoisonné au polonium en 2004, ont indiqué mercredi la chaîne d’information Al-Jazeera et sa veuve Souha.
Les causes de la mort d’Arafat le 11 novembre 2004 dans un hôpital militaire français n’ont pas été élucidées, et nombre de Palestiniens soupçonnent Israël, qui a toujours nié, de l’avoir empoisonné.
«Les résultats soutiennent modérément l’hypothèse que la mort a été la conséquence d’un empoisonnement au polonium-210», concluent les dix médecins et praticiens, pour la plupart de l’Institut de radiophysique de Lausanne.
«Nous avons mesuré des activités de polonium-210 dans les os et les tissus qui étaient jusqu’à 20 fois supérieures aux références de la littérature» médicale, selon le rapport daté du 5 novembre.
«Le fait qu’elles ne soient pas homogènes est compatible avec une absorption de polonium-210 survenue lors de l’apparition des premiers symptômes (octobre 2004)», remarquent-ils, évoquant le cas d’Alexandre Litvinenko, un ancien membre des services secrets russes réfugié à Londres, assassiné en 2006 avec cette substance.
Un délai de dix jours avait été convenu
Une source palestinienne proche du dossier a confirmé que «ce qu’Al-Jazeera a révélé est exact», précisant qu’il était initialement convenu d’un délai de dix jours avant que ces résultats ne soient rendus publics.
Les rapports des équipes suisse et russe ont été remis aux dirigeants palestiniens, a-t-on appris de sources officielles palestiniennes, sans indication sur leurs conclusions. Le porte-parole du CHUV, dont dépend le laboratoire d’analyses, n’était pas joignable mercredi soir.
«Le rapport a été remis» par le laboratoire suisse, a déclaré Taoufiq Tiraoui, président de la commission d’enquête palestinienne sur la mort de Yasser Arafat. L’agence officielle palestinienne Wafa a rapporté que l’Agence fédérale d’analyses biologiques russe avait remis son rapport le 2 novembre.
«Ma fille et moi irons devant tous les tribunaux à travers le monde pour punir ceux qui ont commis ce crime», a déclaré, dans une interview à Al-Jazeera, la veuve du dirigeant palestinien, Souha Arafat, qui a déposé plainte en 2012 en France, déclenchant une information judiciaire pour assassinat.
Souha Arafat ne fait pas part de soupçons
Un médecin légiste britannique qui a rédigé une analyse du rapport médical, Dave Barclay, a déclaré à la chaîne qatarie que «l’arme du crime a été trouvée. Ce que nous ne savons pas, c’est qui la tenait à ce moment-là».
Contrairement au neveu d’Arafat, Nasser al-Qidwa, président de la Fondation Yasser Arafat, et de Tawfiq Tiraoui, qui ont directement incriminé Israël, Souha Arafat n’a jamais précisé dans quelle direction se tournaient ses soupçons.
«C’est l’épisode cent et quelque du feuilleton Souha contre les successeurs d’Arafat», a ironisé dans une déclaration à l’AFP le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, réaffirmant qu’Israël n’avait «rien à voir» avec la mort d’Arafat.
Une soixantaine de prélèvements ont été effectués le 27 novembre 2012 dans la tombe de Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie, puis répartis pour analyse entre les trois équipes d’enquêteurs, suisse, française et russe.
Assiégé durant deux ans
Le président de la commission d’enquête palestinienne avait alors annoncé que si les prélèvements confirmaient la thèse de l’empoisonnement, les dirigeants palestiniens saisiraient la Cour pénale internationale (CPI).
Arafat est mort à 75 ans après son évacuation vers la France avec l’accord d’Israël qui l’assiégeait depuis plus de deux ans à la Mouqataa, siège de la présidence palestinienne à Ramallah. Il avait été transféré dans l’hôpital français après avoir souffert de douleurs abdominales sans fièvre.
Un porte-parole du Hamas, au pouvoir à Gaza, Sami Abou Zouhri, a estimé que ces analyses apportaient la preuve qu’«Arafat a été victime d’un assassinat dont le Hamas accuse l’occupation israélienne», appelant en conséquence à cesser les négociations de paix avec Israël.
La thèse de l’empoisonnement a été relancée par la diffusion en juillet 2012 d’un documentaire d’Al-Jazeera révélant des quantités anormales de polonium sur des effets personnels de Yasser Arafat, confiés par sa veuve à la chaîne, qui les a fait analyser par le laboratoire lausannois.
Source : 20 Minutes
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