NAYPYITAW/HINTHADA, Birmanie (Reuters) – Le parti au pouvoir en Birmanie a concédé lundi sa défaite face au parti de l’opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi qui semble en passe de remporter une large victoire aux premières élections libres organisées depuis 25 ans dans le pays et de former un gouvernement.
« Nous avons perdu », a déclaré Htay Oo, président par intérim du Parti de l’union solidaire et du développement (USDP), créé par l’ancienne junte militaire, dans un entretien à Reuters.
La commission électorale a ensuite commencé à annoncer les résultats des élections de dimanche circonscription par circonscription. Les 12 sièges de la première vague, situés à Rangoun, première ville et ex-capitale du pays, ont tous été remportés par la LND.
La LND a effectué ses propres calculs à partir des résultats en provenance des bureaux de vote et estime en passe de remporter plus de 70% des sièges qui étaient ouverts à la compétition au Parlement, soit plus des deux tiers nécessaires pour former le premier gouvernement démocratiquement élu du pays depuis le début des années 60.
« Ils doivent accepter les résultats, même s’ils ne le veulent pas », a déclaré le porte-parole de la LND, Win Htein. Selon lui, le parti d’Aung San Suu Kyi pourrait remporter plus de 90% des sièges, dans le centre du pays, région très peuplée.
SOURIANTE
La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, qui est âgée de 70 ans, est apparue souriante au balcon du siège de son parti à Rangoun. Dans un bref discours à ses partisans, elle leur a demandé d’être patients et d’attendre les résultats officiels du scrutin, le premier depuis qu’un gouvernement « quasi civil » a succédé en 2011 à la junte militaire qui a été au pouvoir pendant près d’un demi-siècle.
Quel que soit le résultat final des élections, son parti devra composer avec des militaires qui restent très présents dans les rouages de l’Etat.
D’abord, un quart des sièges du Parlement restera occupé par des militaires non élus, comme le prévoit la Constitution rédigée par ces derniers.
En outre, une clause de la Constitution empêche Aung San Suu Kyi de briguer la présidence du fait de la nationalité étrangère de ses enfants, qu’elle a eus avec le Britannique Michael Aris, mort depuis plus de quinze ans.
Mais elle a réaffirmé la semaine dernière qu’elle dirigerait le gouvernement si son parti remporte les élections législatives, disant qu’elle serait « au-dessus du président. »
Enfin, des positions ministérielles sont réservées à l’armée. La Constitution lui donne aussi le droit de se substituer au gouvernement dans certaines circonstances. Et les militaires détiennent, à travers des sociétés holding, une forte emprise sur l’économie.
Les résultats partiels du scrutin montrent que certains des principaux dirigeants de l’USDP ne pourront être élus. Parmi eux figure son président par intérim Htay Oo, qui s’est dit surpris de sa propre défaite.
(Avec Aubrey Belford, Benoît Van Overstraeten, Jean-Stéphane Brosse, Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français)
Source : Reuters par Timothy Mclaughlin et Antoni Slodkowski
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