Après avoir explicité les manoeuvres russes et britanniques dans l’Iran « colonisé » de l’avant seconde moitié du XXe siècle, plongeons au coeur du sujet, le combat politique tenu entre les Soviétiques et les Perses, et les noeuds géostratégiques qui se nouent entre les deux États au Moyen-Orient, et plus particulièrement en Syrie.
L’ÉQUATION RUSSO-IRANIENNE, Seconde Partie
La Russie use de son influence entre 1945 et 1953 en Iran grâce au Toudeh (Parti des Masses), qui a le bon goût au yeux de Moscou d’être communiste.
Le Toudeh fait partie de l’alliance gouvernementale mise en place en 1951 par le Premier ministre iranien progressiste Mohammed Massadegh. Ce dernier initie la nationalisation de l’industrie pétrolière. Ce gouvernement sera donc renversé par un Coup d’État fomenté par les services secrets US et britanniques.
S’ensuit un discrédit du Toudeh chez les Iraniens car trop téléguidé par l’URSS, notamment au sujetdu contrôle du pétrole, alors que le Toudeh prônait la nationalisation des hydrocarbures.
En 1955, l’Iran signe le Pacte de Bagdad qui réunit les pays pro-occidentaux de la région. Toutefois la Russie, dans les décennies 1960-1970, participe à plus de soixante grands projets d’envergure en Iran et devient un de ces plus grands acheteurs acheteurs de gaz naturel. D’une manière biaisée mais ferme, la Russie maintient ainsi son ascendant sur l’État impérial d’Iran.
La révolution islamique de 1978-1979 et sa politique sécuritaire anti-américaine est une bonne chose pour l’URSS mais Téhéran veut se protéger aussi Moscou.
En 1982, l’agent du KGB Vladimir Kouzitchkine détaché à Téhéran divulge une liste contenant le nom des espions soviétiques infiltrés en Iran, dont plus particulièrement au Toudeh. La liste est longue.
S’ensuit une répression mené pat l’appareil d’État iranien contre les communistes de leurs pays, que l’on accuse de préparer un coup d’État.
Signe de la volonté de l’Union Soviétique des années 70 et 80 de réduire l’adhérence iranienne, pendant la guerre Iran-Irak, l’URSS fournit des armes à Saddam Hussein. Et si l’Iran s’oppose fermement par tous les moyens à la présence russe en Afghanistan, c’est sans nul doute parce que ce pays doit lui servir pour le transit de ses marchandises, et ainsi lui fournir un accès au marché mondial.
Partant de cette base bilatérale dans la seconde moitié du XXe siècle basée sur la subversion, la coercition et les coups bas, les relations entre la Russie et l’Iran vont officiellement aller de mal en pis de 1991 à 2012 et devenir franchement instables, chacun accusant l’autre de ne pas tenir les engagements et traités précédents, par exemple le découpage de la Mer Caspienne.
Toutefois, les ressentiments n’ont pas lieu en politique de polluer la logique rationnelle et de nier les exigences du plan. Il est donc besoin de souligner que l’Iran représente pour Moscou un levier supplémentaire (comme la Syrie et d’autres entités) vis-à-vis des États-Unis d’Amérique.
Ainsi de 2006 à 2009 ont lieu des négociations entre la Russie et l’Iran dans le domaine crucial de l’énergie.
De nouvelles sanctions prises contre l’Iran en 2010 l’oblige à suspendre son programme d’enrichissement de l’uranium. La Russie elle-même à apporter à la résolution 1929 du conseil de sécurité de l’ONU qui prévoyait ce dispositif, conséquence du « reset » (réinitialisation) des relations américano-russes sous l’administration Obama.
Ce reset entraîne également la suspension de livraisons de missiles sol-air S-300 par Moscou à l’Iran. Les propositions du Ministre des Affaires Étrangères russe Sergueï Lavrov en février et juin 2012 ont ouvert la voie au cycle de négociations ayant abouti à la signature du Plan d’Action Global Commun (PAGC) en juillet 2015 entre l’Iran et le P5+1 (Chine, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni et les États-Unis), et à la levée partielle de sanctions contre l’Iran.
La réintégration de l’Iran au sein de la communauté internationale, qui doit autant à la diplomatie iranienne qu’aux tactiques russes, permet à la Russie de coopérer avec l’Iran sur des questions régionales (Caucase, Asie Centrale, Mer Caspienne, Syrie) sans être accusé de dialoguer avec l’ennemi public n°1.
La Russie espérait que la conclusion de l’accord iranien lui permette de développer ses projets économiques et industriels en Iran : six réacteurs civils, des accords technologiques d’exploit des hydrocarbures, des contrats d’armement…etc
Mais du fait de l’embargo sur l’Iran, les huit années avant la signature du PAGC, les entreprises russes n’ont pas enregistrées de gains substantiels en Iran, malgré le retrait de leurs concurrent européens.
L’engagement militaire russe en Syrie concrétise l’union russo-iranienne et la base politique et militaire solide de leurs relations bilatérales.
La diplomatie de la Russie au Proche-Orient est donc fondé sur un principe d’équilibre entre les États de la région, tant que ces derniers sont disposés à traiter avec Moscou.
Source : Youkwi, Arte
Facebook
Twitter
Pinterest
Google+
RSS