par John Ruwitch
JINAN, Chine (Reuters) – Le procès de Bo Xilai s’est achevé lundi après cinq jours d’audience conclus par les réquisitions du parquet demandant une lourde peine contre de l’ancien haut dirigeant chinois jugé pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir.
La cour a précisé que le verdict sera annoncé à une date ultérieure qui n’a pas été divulguée, laissant supposer que le prononcer pourrait intervenir dans les prochaines semaines.
Ancien secrétaire général du PCC à Chongqing, une grande ville du sud-ouest du pays, Bo était la personnalité la plus haut placée à comparaître en justice en Chine depuis la chute en 1976 de la « bande des quatre », des dirigeants maoïstes accusés d’avoir été les instigateurs de la Révolution culturelle.
Il est notamment accusé d’avoir tenté d’étouffer le rôle de son épouse, Neil Heywood, dans le meurtre en 2011 de Neil Heywood, un homme d’affaires britannique, d’avoir perçu 20 millions de yuans (2,45 millions d’euros) de pots-de-vin et détourné cinq autres millions prévus pour un projet public de construction.
De façon inattendue pour les observateurs du procès, retransmis en direct sur un microblog, Bo Xilai a adopté une défense combative et s’est dit innocent de tous les chefs d’accusation qui pèsent contre lui.
« Au cours des quelques jours du procès, l’accusé Bo Xilai ne s’est pas contenté de nier catégoriquement une vaste série de preuves et d’éléments qui attestent de ses crimes, il a aussi rejeté sa déposition préalable au procès », a déclaré l’un des procureurs, cités sur le microblog du tribunal.
« Nous profitons de cette occasion pour rappeler ceci à Bo Xilai : les éléments qui attestent des crimes sont objectifs et ne peuvent être ignorés selon votre bon vouloir », continuent les propos cités, qui ne sont pas précisément attribués à l’un des quatre procureurs.
CONDAMNATION CERTAINE
Bo Xilai a avoué aux enquêteurs du PCC avoir reçu des pots-de-vin, mais il s’est rétracté lors de son procès et a expliqué que ces propos avaient été tenus en raison de la « pression psychologique » exercée sur lui.
L’ancien dirigeant a précisé avoir passé ces aveux dans le but de « coopérer et d’obtenir la compréhension » du parti. « A l’époque, j’avais une lueur d’espoir, j’espérais rester membre du parti, conserver mon activité politique », a-t-il expliqué selon la retranscription des débats.
L’un des procureurs du tribunal a précisé que Bo n’avait pas fait acte de pénitence lors de son procès et que cette attitude pèserait contre lui.
Malgré la défense énergique de Bo Xilai, sa condamnation ne fait guère de doute, étant donné la dépendance de la justice chinoise à l’égard du pouvoir politique du PCC.
Les médias officiels chinois dénoncent l' »arrogance » et les « mensonges » de l’accusé, qui est passible de la peine de mort mais risque plus vraisemblablement la peine capitale avec sursis, équivalente au maximum à une réclusion à perpétuité, à laquelle a déjà été condamnée son épouse Gu Kailai.
Au cours du procès, Gu Kailai a témoigné à charge contre son mari, ce qui a conduit Bo Xilai à la qualifier de « folle » et à dénoncer des « mensonges ».
Avant sa chute, Bo Xilai, démis de ses fonctions en 2012, était considéré comme l’une des principales figures des « princes rouges », la nouvelle génération de descendants de l’élite du PCC, en raison d’un discours et de mesures populistes, qui tranchaient avec la rhétorique prudente des courants qui domine le parti.
Bo Xilai était à la fois craint par les réformistes pour ses références fréquentes à Mao Zedong, et admiré par une partie de l’aile gauche du PCC pour ses déclarations en faveur du rôle de l’Etat dans la réduction des inégalités, ainsi que ses campagnes de lutte contre le crime organisé.
Julien Dury pour le service français
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