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Damas accepte l’offre russe, Paris saisit l’Onu

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem. Damas a accepté mardi de placer son arsenal chimique sous contrôle international, conformément à la proposition russe que la France a entrepris de faire adopter aux Nations unies sous la forme d'une résolution contraignante du Conseil de sécurité. /Photo prise le 9 septembre 2013/Sergei Karpukhin
Damas accepte l’offre russe, Paris saisit l’Onu

PARIS/BEYROUTH (Reuters) – Damas a accepté mardi de placer son arsenal chimique sous contrôle international, conformément à la proposition russe que la France a entrepris de faire adopter aux Nations unies sous la forme d’une résolution contraignante du Conseil de sécurité.

« Nous avons eu hier un cycle de discussions très fructueux avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui a proposé une initiative relative aux armes chimiques. Et, dans la soirée, nous nous sommes entendus sur l’initiative russe », a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al Moualem, selon l’agence de presse russe Interfax.

A Paris, Laurent Fabius a quant à lui annoncé que la France présenterait ce mardi au Conseil de sécurité de l’Onu un projet de résolution sur le contrôle et la destruction des armes chimiques syriennes.

Ce texte prévoira des conséquences « extrêmement sérieuses » en cas de violation par la Syrie des conditions qui y seront énumérées, a souligné le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse.

« Il faut prendre la perche qui est tendue, mais il ne faut pas tomber dans un piège », a-t-il souligné, exigeant que les mesures proposées soient mises en oeuvre de manière quasiment « immédiate » pour éviter les « manoeuvres dilatoires ».

Moscou collabore avec Damas à la mise en place d’un projet « effectif, concret », a quant à lui assuré le ministre russe des Affaires étrangères. Sergueï Lavrov a précisé que ce projet serait présenté prochainement à d’autres Etats et que la proposition qu’il a avancée lundi n’était pas spécifiquement russe mais le fruit de contacts avec les Etats-Unis.

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Le projet, que Barack Obama et Vladimir Poutine auraient évoqué la semaine dernière lors du G20 de Saint-Pétersbourg, permettrait au président des Etats-Unis d’éviter un recours à la force auquel les Américains ne sont pas favorables et d’échapper à un possible échec au Congrès, dont il a demandé l’aval.

Après des mois de paralysie, le texte pourrait en outre faire l’unanimité au Conseil de sécurité, la Chine ayant elle aussi exprimé son soutien à la proposition russe, tout comme l’Iran.

Dans une série de six interviews télévisées accordées lundi, Barack Obama a souligné que sa préférence allait à une solution diplomatique et que la proposition russe pourrait éviter des représailles militaires au bombardement à l’arme chimique du 21 août que Washington impute à l’armée syrienne.

« Ce pourrait être potentiellement une avancée importante », a-t-il déclaré sur NBC News. « Mais nous nous devons d’être sceptiques parce que ce n’est pas la manière dont nous les avons vu fonctionner ces deux dernières années », a-t-il ajouté.

Si la Syrie agissait ainsi, cela remettrait « absolument » en cause une action militaire américaine, a ajouté le président, qui doit s’adresser aux Américains mardi soir.

Pour laisser le temps aux élus d’étudier la proposition russe, Harry Reid, chef de file de la majorité démocrate au Sénat, a repoussé le vote sur l’examen de l’autorisation de frappes américaines, qui était prévu mercredi.

UN DÉMANTÈLEMENT DIFFICILE

Il devrait toutefois avoir lieu cette semaine. Un scrutin encore plus périlleux est prévu ultérieurement à la Chambre des représentants, dominée par les républicains.

L’opposition syrienne, qui réclame depuis des mois une intervention étrangère, a quant à elle regretté ce coup de théâtre diplomatique.

Avec l’offre russe « le régime d’Assad n’est pas tenu responsable de la mort d’innocents », déplore l’Armée syrienne libre (ASL), parlant d’une « manoeuvre politique » lourde de conséquences pour les Syriens et la région.

« Les crimes contre l’humanité » ne peuvent se payer par « des concessions politiques » ou en renonçant « aux moyens qui ont permis de les commettre », ajoute-t-elle.

Dans cette effervescence diplomatique, l’aviation syrienne a bombardé mardi des quartiers de la banlieue de Damas tenus par les rebelles, qui n’avaient pas été visés depuis l’attaque chimique du 21 août. Damas exprime ainsi la conviction que les Occidentaux n’auront pas le courage d’agir, dit-on dans l’opposition.

Le démantèlement de l’arsenal chimique syrien risque d’être difficile à mettre en oeuvre et sa destruction pourrait prendre des années, estiment les spécialistes.

La Syrie, qui n’a pas ratifié la Convention sur l’interdiction de la fabrication et du stockage des armes chimiques entrée en vigueur en 1997, détiendrait d’importants stocks de sarin, de gaz moutarde et de VX, un gaz innervant.

La localisation des stocks, qui sont, semble-t-il, disséminés un peu partout , sera difficile, comme le sera la protection des inspecteurs chargés de vérifier.

« C’est une bonne idée mais difficile à réaliser », commente un responsable américain sous le sceau de l’anonymat. « On est en pleine guerre civile où le régime syrien massacre son propre peuple. Est-ce que quelqu’un pense vraiment qu’il va brusquement cesser de tuer pour permette aux inspecteurs de sécuriser les armes chimiques et de les détruire ? »

Jean-Philippe Lefief pour le service français

 

Reuters par John Irish et Khaled Yacoub Oweis

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