Le navire chinois qui s’est porté au secours des passagers d’un navire russe piégé dans l’enfer blanc de l’Antarctique depuis plus d’une semaine est à son tour bloqué par les glaces, a-t-on appris samedi 4 janvier de source officielle.
Le Xue Long – ou Dragon des neiges – a fourni son hélicoptère pour participer au sauvetage des passagers du MV Akademik Chokalskiï, un navire russe bloqué depuis le 24 décembre par la banquise. Mais toutes ses tentatives pour manoeuvrer samedi matin et échapper au piège de la glace ont échoué, a indiqué l’Autorité maritime australienne (AMA) dans un communiqué.
Le navire chinois a toutefois fait savoir qu’il ne souffrait d’aucune avarie, qu’il était en sécurité et qu’il ne demandait pas d’assistance, selon ce texte.
« Il n’y aucune danger immédiat pour l’équipage à bord du Xue Long », a assuré l’AMA, précisant que le navire disposait de vivres pour plusieurs semaines.
Le Xue Long possède un hélicoptère qui a servi à évacuer 52 scientifiques, touristes et journalistes australiens, britanniques et néo-zélandais coincés à bord du MV Akademik Chokalsiï à environ 100 milles marins (180 kilomètres) à l’est de la base française Dumont d’Urville.
Hélicoptère
Les secours australiens ont dérouté des brise-glaces, dont l’Astrolabe français, sans succès, l’épaisse banquise se révélant infranchissable.
Ils ont alors organisé une évacuation par les airs avec le Xue Long. L’opération s’est déroulée en quelques heures jeudi à la faveur d’une amélioration des conditions météo.
L’hélicoptère a récupéré douze passagers à chaque rotation de 45 minutes, transportés sur un navire australien, l’Aurora Australis, dans des conditions périlleuses, les glaces se déplaçant rapidement au gré du vent et des courants.
L’Aurora Australis a finalement été autorisé à rejoindre la base australienne de Casey pour faire le plein de carburant avant de mettre le cap sur l’Australie, a indiqué samedi l’Autorité maritime australienne.
Il avait été décidé dans un premier temps de le maintenir sur zone pour porter assistance en cas de nécessité au navire chinois dont la mésaventure illustre les dangers de la navigation en Antarctique et la complexité des interventions de secours.
Passagers pas entraînés
L’opération menée autour du navire russe « était assez difficile », avait confirmé vendredi John Young, directeur général de l’Autorité australienne de secours en mer (Amsa).
« Il ne faudrait pas que ce soit trop souvent aussi loin. Toutes les opérations (de sauvetage) en Antarctique sont délicates à cause de la nature du milieu et dans ce cas particulier en raison du mouvement de la glace et des conditions météo changeantes », avait-il ajouté.
Contrairement aux 22 membres de l’équipage russe, les 52 passagers « n’étaient pas vraiment entraînés à cet environnement ». « Nous sommes soulagés qu’ils soient actuellement en route pour Casey et que seuls les équipages professionnels restent à bord », avait-il dit.
L’équipage du MV Akademik Chokalskiï restera à bord en attendant la libération du navire. Il bénéficie, comme celui du navire chinois, de confortables réserves de vivres et n’ont pas demandé d’assistance.
Des règles pour les opérations polaires
La question se pose désormais de savoir qui va supporter le coût des opérations de secours. Les autorités maritimes internationales devront établir les responsabilité éventuelles.
« Les leçons tirées de ces expériences peuvent être transmises à l’Organisation maritime internationale pour édicter des règles encadrant les opérations polaires », a fait valoir John Young.
Avant d’être pris dans la banquise, le bâtiment se trouvait dans une zone où les bateaux peuvent normalement circuler à cette époque de l’année, mais un brusque changement des conditions météo l’a poussé vers les glaces.
Marins et passagers ont patienté en jouant à des jeux de société, en se promenant sur la banquise pour observer les manchots ou en participant à des cours de premier secours.
Ils ont aussi composé un hymne et se sont filmés chantant sur le pont du bateau pour le réveillon du nouvel an, apparaissant même sur grand écran sur Times Square, au coeur de New York.
Les passagers du navire russe reproduisaient l’expédition historique menée dans l’Antarctique il y a un siècle (1911-1914) par l’explorateur australien Sir Douglas Mawson.
Source : Le Nouvel Observateur avec AFP
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