TACLOBAN, Philippines (Reuters) – Haiyan a fait 10.000 morts dans la seule ville de Tacloban, ont déclaré mardi les autorités locales, et les secours s’attendent à un bilan encore plus lourd lorsqu’ils parviendront à gagner les zones du centre des Philippines encore isolées quatre jours après le passage du typhon.
Haiyan, l’un des plus puissants cyclones jamais enregistrés par les météorologues, avec des rafales atteignant 380 km/h, a quasiment tout détruit sur son passage vendredi dans les îles du centre des Philippines et de nombreuses localités restent coupées du monde depuis la catastrophe.
Dans la seule ville de Tacloban, la plus touchée, dans la province de Leyte à 580 km au sud-est de Manille, le bilan pourrait être de 10.000 morts, estiment les responsables locaux, mais l’inquiétude est également très grande pour les régions en dehors de cette agglomération de 220.000 habitants.
« Ce qui nous inquiète le plus est le nombre de zones dont nous sommes sans nouvelle, où c’est le silence total. C’est souvent le signe que les dégâts sont encore pires », déclare Joseph Curry, de l’ONG américaine Catholic Relief Services.
L' »ampleur de l’urgence » est un défi pour les secours, a-t-il ajouté de Manille, sur l’antenne de la NBC.
John Ging, directeur des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu, a déclaré que de nombreux endroits étaient jonchés de cadavres qu’il faut enterrer rapidement pour prévenir les épidémies.
« Nous nous attendons malheureusement au pire au fur et à mesure que nous avancerons », a-t-il dit du siège des Nations unies à New York.
COLERE
Le président Benigno Aquino a déclaré un état de catastrophe nationale et ordonné le déploiement de centaines de soldats pour empêcher les pillages à Tacloban, où l’aide arrive peu à peu.
En provenance de l’aéroport, dont la piste a miraculeusement échappé au désastre, les camions chargés de vivres ont du mal à se frayer un chemin en raison du flot d’habitants arrivant en sens inverse. A moto, à pied, en camion, ils cherchent à partir, se couvrant le visage à l’aide de foulards pour atténuer la puanteur des corps en décomposition.
Des centaines d’entre eux ont déjà pu quitter Tacloban à bord d’avions-cargos pour rejoindre Manille ou Cebu, la deuxième ville du pays située à environ 200 km plus au sud. Beaucoup d’autres ont passé la nuit dans les ruines du terminal.
Voyageant sur un camion du gouvernement, les journalistes de Reuters sont prévenus: « C’est risqué. La colère est forte », déclare un lieutenant, Jewel Ray Marcia.
Le typhon a détruit 70 à 80% des constructions en traversant les provinces côtières de Leyte et Samar. La plupart des dégâts et décès semblent avoir été provoqués par les vagues géantes qui ont recouvert les villes et rasé des villages entiers, comme lors du tsunami de 2004 dans l’océan Indien.
On est encore sans nouvelle de la ville en grande partie détruite de Guiuan, dans la province de Samar, qui comptait 40.000 habitants avant la catastrophe. Dans la seule ville de Basey, située sur la côte à une dizaine de kilomètres de Tacloban, on compte 2.000 disparus.
L’AIDE S’ORGANISE
Les secours s’organisent, des dizaines de pays et d’ONG ont promis des millions de dollars pour venir en aide aux quelque 660.000 sinistrés, dont beaucoup sont privés d’eau, de nourriture ou de médicaments.
Les Etats-Unis ont annoncé l’envoi vers l’archipel d’un porte-avions à propulsion nucléaire, l’USS George Washington, qui devrait arriver sur place dans les 48 à 72 heures.
L’arrivée du navire, qui transporte 5.000 marins et plus de 80 appareils, devrait permettre d’accélérer la distribution de l’aide et l’évacuation des blessés vers les hôpitaux des régions épargnées par le cyclone.
Le porte-avions peut purifier jusqu’à 1,5 million de litres d’eau de mer par jour. Il est accompagné d’une escorte de deux croiseurs et un destroyer.
Le Premier ministre David Cameron a également décidé l’envoi d’un bâtiment britannique équipé de machines de désalinisation.
Avant son départ pour les Philippines, Valerie Amos, la secrétaire générale adjointe des Nations unies chargée des affaires humanitaires, a annoncé le déblocage de 25 millions de dollars lundi puisés dans le Fonds central d’intervention d’urgence. Valerie Amos devrait se joindre mardi au gouvernement de Manille pour lancer un appel aux dons.
L’état de catastrophe nationale permettra aux autorités d’utiliser des fonds de l’Etat pour l’aide et de contrôler les prix. Benigno Aquino a précisé que le gouvernement avait réservé 18,7 milliards de pesos (432 millions de dollars) pour la reconstruction.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Reuters : par Andrew R.C. Marshall et Manuel Mogato
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