PARIS (Reuters) – Un coeur artificiel développé par le groupe français Carmat a été implanté en France sur un patient souffrant d’insuffisance cardiaque terminale, une intervention réalisée le 18 décembre à l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris.
Cette opération s’est déroulée de façon satisfaisante, « la prothèse assurant automatiquement une circulation normale à un débit physiologique », a annoncé le groupe vendredi dans un communiqué.
« Le patient est actuellement sous surveillance en réanimation, réveillé et dialoguant avec sa famille », a ajouté Carmat.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a salué « un espoir nouveau » offert aux patients souffrant d’insuffisance cardiaque terminale face à la rareté des greffons disponibles.
« Il ne faut pas aller trop vite, il va falloir évaluer cette innovation, cette opération, mais c’est vrai que de grandes perspectives s’ouvrent », a-t-elle déclaré sur BFM TV.
Inventé par le chirurgien français Alain Carpentier, le coeur artificiel de Carmat mime le fonctionnement du coeur naturel. Il est destiné à des malades ayant une insuffisance cardiaque à un stade terminal et dont l’espérance de vie est très courte.
Le groupe avait indiqué en novembre qu’il devrait avoir terminé avant la fin 2014 les essais cliniques sur l’homme de son coeur, ce qui permettrait une commercialisation en Europe dans la foulée.
Après le lancement commercial en Europe, Carmat fera les tests nécessaires pour qu’une étude puisse être approuvée par l’agence américaine des médicaments (FDA).
La société a obtenu en septembre l’autorisation des autorités françaises pour tester ce coeur artificiel sur quatre patients en France dans trois établissements. Elle avait déjà obtenu en mai l’autorisation de quatre centres médicaux à l’étranger.
La première phase des tests, qui doit durer un mois à compter de l’implantation du quatrième malade, portera avant tout sur la sécurité de la prothèse.
Au cours d’une seconde phase se déroulant sur six mois et visant à mesurer son efficacité, Carmat a prévu d’élargir ses tests à 20 malades tout en augmentant les centres d’implantation en France et à l’étranger.
UN COEUR ESTIMÉ ENTRE 140.000 ET 180.000 EUROS
La commercialisation en Europe doit avoir lieu sur les marchés privilégiés que sont la France, l’Allemagne et l’Italie.
Entre 100.000 et 120.000 malades pourraient potentiellement bénéficier de la technologie de Carmat en Amérique du Nord et en Europe, pour un marché mondial évalué à environ 16 milliards d’euros.
Le prix de ce coeur artificiel de quelque 900 grammes est estimé par les analystes entre 140.000 et 180.000 euros alors qu’une transplantation classique coûte 250.000 euros en France et presque un million de dollars aux Etats-Unis, selon des chiffres communiqués par Carmat.
Aujourd’hui, la prothèse est anatomiquement compatible avec 86% d’hommes et environ 20% de femmes. Mais Carmat envisage d’élaborer un coeur plus petit pour l’adapter notamment à la morphologie féminine.
Le capital du groupe est contrôlé par EADS (30,1%), le fonds Truffle Capital (24,8%), le professeur Carpentier (15,8%), le solde étant dans le public.
L’action Carmat a clôturé sur un cours quasi stable de 102,86 euros. Elle accuse une baisse de 19% depuis le début de l’année, après une hausse de 52% en 2012, pour une capitalisation proche de 436 millions d’euros.
Benjamin Mallet avec Sophie Louet
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