LA PUISSANCE ÉCONOMIQUE, DIPLOMATIQUE ET MILITAIRE DE LA CHINE NE FAIT PLUS DÉBAT, de même que son allant technologique.
Mais là ou l’on a le défaut de ne considérer la puissance qu’en elle-même, et de la quantifier, la comparer (ne parle t’on pas de première, de deuxième puissance mondiale ?), serait t-il insensé de la vouloir penser en son application, sur les objets de sa dite-puissance ?
Les objets de sa puissance, quels sont t-ils ?
Premièrement ses « concurrents » directs, c’est à dire les puissances mondiales.
Puissances mondiales dont nous avons tort de penser qu’il ne s’agit premièrement que d’États.
Il s’agissant en ce domaine plutôt d’une galaxie de systèmes dont l’ordre est la galaxie qui les contient lui-même.
Si d’États nous parlons, nous évoquerons ici les principaux fers de lance de la libéralisation dont la Chine s’est saisi du sens pour le tourner à son avantage, selon la science du faire sans rien faire.
Ainsi en lieu et place de l’hégémonie, du fracas et de la prédation, l’Empire du Milieu a t-il substitué dans la manière le bien nommé partnership, la discrétion, ainsi qu’une attitude qui ferait passer l’option avec offre publique d’achat pour la négociation d’une fusion-acquisition ?
Car c’est bien de cela qu’il s’agirait alors; d’une fusion-acquisition qui fusion n’en n’est pas moins acquisition, entre l’acheteur et l’acquéreur.
Mais comme cela n’échappe à personne, la Chine n’est pas une simple entreprise, ni un simple État ne discutant comme État qu’avec des États, comme le Chef d’État qui ne négocierait qu’avec ses homologues en tenant les réunions d’affaires en horreur par principe régalien.
Car même le Premier citoyen d’une nation, le plus régalien soit-t’il, ne manquera pas lors de nombre de ses déplacements d’y convier les représentants de son économie diversifiée.
Et n’oublions pas que le terme régalien provient du régalisme, qui n’est autre qu’originellement le droit de régale, le droit qui appartient en propre à un souverain, celui-ci étant notamment constitué par la régale monétaire, qui est ce droit qu’exerce ou que s’octroie un souverain de percevoir les revenus des évêchés pendant leur vacance (régale temporelle) et de nommer, pendant le même temps, aux bénéfices qui en dépendent, tout au moins aux bénéfices ne comportant pas charge d’âmes (régale spirituelle).
Le terme de régalien, qu’avec grande alacrité nous adjugeons aux questions de justice, de police et de défense du territoire, mais également à la définition de la politique fiscale et de la gestion financière de l’État en lui-même et en ses collectivités, ne doit faire oublier qu’ici il est avant tout au service de la maîtrise de l’argent dans le temps imparti. Mais pour qu’il y’ait maîtrise, il faut qu’il y’ait possession. Or la monnaie permet d’échanger, de posséder Or pour la maîtrise du flux financier, il a fallu le posséder.
Désormais que le flux est possédé, ce dont témoigne la santé galopante de l’économie chinoises en dehors de ses murailles férocement gardés -n’est-ce l’apanage d’une nation libéral au dehors, « étatistement » planifiée au dedans ?- l’étape à suivre n’est-elle plus la maîtrise de ce que ce flux peut acheter, submerger adoucir, contenter, et ce avec quoi, avec qui elle peut échanger, comme il est d’usage en cas de toute fusion-acquisition ?
La question qui se pose est : pourquoi rachète t’on une entreprise, un commerce ? Pour son nom, pour son prestige, pour ses murs, son personnel ? Dans l’économie libéralisée, convenons-en d’emblée, cela est illusoire.
L’on rachète une entité non pour ce qu’elle est mais pour ce qu’elle possède et sur ce quoi elle a l’influence.
L’Europe politique et ses constituants ont-ils encore des capacités d’influences, des zones géostratégiques majeures ?
Ou alors la Vieille Europe, comme aime à semi-condescendamment l’appeler les esprits analytiques Outre-Atlantique, a t’elle perdu toute autorité transcontinentale, toutefois prompt à faire se manifester partout, en Grande-Bretagne, en Italie, dans les Balkans, en Allemagne et chez tous leurs pays voisins, les visées urgentes d’une Nation qui tel un bombardier, voit sans être vu, largue ses munitions sur ces cibles mais déjà vogue sans bruit vers sa base pour repartir et refaire le même et incessant mouvement, jusqu’à ce que la manœuvre porte ses fruits, et que les fruits de l’arbre patiemment coupé ne tombent dans le panier d’un tiers système qui, construit au fil des décennies, n’entend se priver de sa galaxie propre d’astres par la grâce des fils du contrat prochainement, invisiblement, mais sensiblement retenus ?
MAÎTRE SUN A DIT :
« ÊTRE VICTORIEUX DANS TOUS LES COMBATS N’EST PAS LE FIN DU FIN; SOUMETTRE L’ENNEMI SANS CROISER LE FER, VOILÀ LE FIN DU FIN. »
SUN TZU, L’ART DE LA GUERRE, Chapitre III, Combattre l’ennemi en ses plans (p58, l6-8); Hachette Littératures, traduit du chinois et commenté par Jean Lévi
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