L’élection présidentielle française de 2022 n’est pas en réalité sur toutes les lèvres, et si elle mobilise moins les foules que d’autres échéances passées, ou peut-être futures, c’est qu’elle a un air de déjà-vu : ce sera, comme en 2017, Emmanuel MACRON contre Marine LE PEN, au premier, comme au second tour. Les autres candidats ne serviront pas de faire-valoir, mais le risque est grand que la cheffe du Rassemblement National en soit, une fois de plus, réduit à ce rôle ingrat, mais prometteur. Pourtant, entre la droite modérée de MACRON, qui se mâtine de progressisme libéral, et la droite dure, voire extrême, de Marine LE PEN, il existe un fossé que voudrait combler la droite française dite traditionnelle, c’est à dire le Parti Les Républicains (LR). Pourtant, si Les républicains semblent aujourd’hui indisposés, tiraillés, et en fin de compte marginalisés dans leur propre identité, c’est que c’est Emmanuel MACRON, publiquement issu de la gauche régalienne pro-entreprise, et Marine LE PEN, de la droite autoritaire (prolétariste?), qui ont récupéré la politique, si ce n’est l’électorat, de la droite classique, en son versant démocratique pour MACRON, en son versant nationaliste pour LE PEN.
La droite française en effet, comme l’a si bien démontré notre confrère Guillaume TABARD dans son ouvrage La Malédiction de la droite française, s’est senti depuis la Seconde Guerre mondiale, si ce n’est moralement illégitime, politiquement coupable d’avoir sur elle l’héritage, aussi, de la droite pétainiste collaborationniste. Alors la droite se cherche un refuge, une valeur sûre, une absolution : ce sera DE GAULLE, et la croix du Rédempteur celle de Lorraine. Si des ouvrages comme Quarante Millions de Pétainistes par Henri AMOUROUX, ont pu laisser penser que l’on pouvait communément moins devenir gaulliste par conviction que l’être par opportunisme, il serait malsain de voir en la droite française actuelle, dont toute la base officielle découle du gaullisme, une héritière circonstancielle de l’héritage le plus glorieux, car en réalité le plus périlleux, qui ait pu être laissé aux Français : l’esprit de Résistance. La Résistance présuppose de l’abnégation, et la droite française dut en faire preuve pur se maintenir; conservateurs, ses membres et représentants ne sauraient manquer de l’esprit de conservation, et mettre celui-ci à l’usage de la France et de sa population, pour son bonheur et son bénéfice (et non le leur propre, celui de leurs dirigeants, partisans et alliés?). La politique est ainsi faite qu’elle doit voir ce qui est le bien commun, déterminer la marche à suivre, les idéaux à poursuivre, les combats à mener . . . les candidats à voter ?
La droite française, actuellement, comme tout parti du moins, ne peut que convaincre les électeurs que c’est vers elle qu’ils devraient orienter leurs voix et leurs faveurs; le problème demeurant que la droite elle-même, ici le parti LR, ne sait pas, si ce n’est quelle idée leur proposer pour se faire valoir, quel candidat leur présenter pour se prévaloir d’être, n’étant le parti au pouvoir (vraiment?), ni un parti au moins dominant, ou ne serait-ce que d’opposition. S’opposer, c’est là bien une exception dans l’histoire de la droite française, une tare honteuse, en ce que la droite a souvent eu la position favorable pour s’imposer. Pourtant, les deux septennats de François MITTERRAND, dans l’inconfortable et nouvelle position qu’elle les a mise , les a forcer à se repenser, à se reconstruire, à se repenser. En réalité, nous ne pouvons pas tout à fait dire que 1981 a envoyé la droite dans l’opposition, il faut en en effet souligner que de 1974 à 1981, c’était moins la droite que le centre (droit) qui était au pouvoir, et que la droite dont celle d’aujourd’hui se réclame, était alors RPR, opposé, comme le PS ou le PCF, au parti UDEF de Valéry GISCARD D’ESTAING, quand bien même CHIRAC, devenu par la suite leader du RPR (ancêtre de LR) ait été durant près de deux ans Premier ministre de VGE (1974-1976).
Lorsqu’un parti n’est pas au pouvoir, il s’oppose, c’est là sa manière d’exister; pour le reste c’est dans l’opposition que ce sont toujours construit les futurs partis de gouvernements, fussent-ils nouveaux (comme le parti En Marche du Président MACRON, fondé en 2016, qui dès sa genèse s’opposa, en soi, en même temps au parti au pouvoir, le Parti Socialiste, comme à l’opposition frontale de celui-ci, le parti UMP-LR, ce dans un ni-droite ni gauche, ou plutôt dans un et droite et gauche qui lui profita en tant qu’il devint par négation de deux points opposés, leur synthèse en les amenant, de gré ou de force, sur la ligne médiane, au dessus des distances idéologiques. Ne pas rejoindre la médiation macronienne, serait-ce pas être d’un côté, donc en déséquilibre, de telle sorte qu’il faille abandonner ses positions, ses places fortes politiques ou culturelles pour embrasser son melting pot politique ?
La peur de rejoindre le mélange ne serait-il pas motivé par le fait que confondant, au sens qu’il rend interchangeable alors même qu’il démasque (ôtant les déguisements partisans?), il efface tout, pour que ne reste que la dilution, ou le substrat dilueur, au détriment de ses éléments composites ajoutés ?
La droite de France, aujourd’hui, activement, se cherche une vision, un leader, ou même un porte-parole; pour ce qui est du dernier office, elle a trouvé un ambassadeur en la personne de Christian JACOB, Président de Les Républicains, qui en plus de l’intendance nécessaire à une telle charge, fait preuve de qualités désintéressées en ce qu’il ne revendique aucune place ou mandat politique pour lui-même; son ambition de gérer le collectif plutôt que de simplement s’en distinguer est à son honneur, et pourrait faire croire à une régence inhabituelle au sein du premier parti de droite. En effet, qui dirige le parti en dehors de l’intérim est de facto considéré comme le leader politique au sens de tête de proue devant être à son devant dans les grandes batailles électorales, et principalement pour la plus stratégique de tous : le suffrage présidentiel. Or il semble assuré que Christian JACOB ne présentera pas sa candidature à l’élection présidentielle de 2022. Rajoutons que la position de la droite, pour inconfortable qu’elle soit, entre la REM (République En Marche) et le RN (Rassemblement National) ne soit pas tant à son désavantage, elle pourrait être à l’affût et attendre son tour; pourtant elle ne le fait pas, mais au contraire s’impatiente, se divise, se disperse, se désespère, et cela mène à sa déstabilisation, or que la gauche traditionnelle n’est même plus en position de lui disputer le statut de premier parti d’opposition, encore moins de possible parti de gouvernement.
La droite, à notre sens, a mal compris sa défaite de 2017, car elle est sans doute consciente de ce que l’échec de Fillon au premier tour de l’élection de 2017 est aussi de sa responsabilité propre, pour ne pas dire directe. Comment alors ne pas se se méfier de se découvrir, de se clamer providence de la droite, alors que son symbole le plus consensuel car le plus effacé mais efficace, François FILLON, a buté sur les dernières marches du pouvoir parce qu’il s’était fait trop connaître (par son propre camp?). Le prochain leader affirmé de la droite ne devra pas se faire trop d’ennemis dans son camp, ou du moins avoir les moyens de circonvenir à toute attaque interne ou externe, mais surtout, à cet égard, être irréprochable ou au moins ne pas être en mesure de se voir denier son intégrité sur le plan, en premier lieu, de ses fonctions publiques, présente ou passées. La droite, tout de même, devrait savoir qu’elle ne peut gagner que si elle est lisible, claire, distincte : comment ne pourrait-elle pas laisser à d’autres formations l’apanage de l’incertitude et du doute ? Il faut donc qu’un vrai leader s’incarne, or cela fait défaut; ce qui en soi n’est pas bien grave; le seul problème de la droite étant la gestion du temps : son échéance n’est pas 2022, mais au moins, 2027 ! Voulant remonter le temps à l’époque bénie ou la droite pouvait se permettre des primaires, impitoyable machine à éliminer ses principaux leaders, et à la diviser encore plus, LR est-elle devenue une machine à démonter le temps, afin de pas voir l’usure inarrêtable qui nécrose ses membres, en leurs fibres et tissus, de par ce qu’elle n’aurait pas conscience qu’elle est presque morte, si ce n’est déjà, et qu’alors il lui faudrait, pour ne pas avoir à renaître de ses cendres, se réinventer par le rayonnement qui lui est propre ?
Devant la défaillance politique de François FILLON, MACRON a repris le flambeau de la droite contemporaine, tout en ostracisant les gauches, par marginalisation ou récupération des talents. La première mission de la droite est donc de remédier à cette défaillance originelle, celle de ne pas avoir hiérarchisé, en interne comme vis-à-vis de son électorat, les remplaçants potentiels d’un leader en difficulté. En effet, la primaire des Républicains a établi une hiérarchisation des prétendants, non pas celle des remplaçants, c’est à dire de ceux amenés à directement reprendre en main les affaires, donc la représentation univoque du parti à l’égard du pays.
Tous ses prétendants se sont entretués, alors faute de remplaçants, il ne peut être chez LR que des intendants.
Pour représenter, il faudrait prétendre à, voilà la ligne directrice à laquelle n’a pas souscrit Christian JACOB qui donc, comme souligné plus haut, dirige, par régence, le parti Les Républicains sans prétendre à une quelconque future élection à l’échelle nationale (les régionales de 2021 ou la présidentielle de 2022). Toutefois, sans prêter de telles intentions à quiconque, n’ignorant pas le danger représenté par ceux qui ne prétendant à rien se sentiraient indignes de tout, à moins ce qu’ils ne considérassent que rien ne fut dignes d’eux. Beaucoup de prétendants à droite, voici ce qui préoccupera ses éventuels dirigeants, les incitant à la prudence et partant, à attendre leur tour, pourtant, le faire savoir démontrerait que 2022 n’est pas en ligne de mire, et alors il forcerait l’ensemble à se préserver pour plus tard, or pour qui est patient, il vaudrait mieux attendre que tous ce soit déjà découvert.
DOMINIQUE BOSSET, ATHYTHEAUD GNADOU
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