L’extrême droite israélienne s’est déchaînée contre le couple. Le président israélien a, lui, félicité les mariés.
Pour ce qui devait être le plus beau jour de leur vie, Mahmoud et Morel, tous deux israéliens, n’avaient pas imaginé qu’ils devraient se frayer un chemin sous les hurlements de manifestants de l’extrême droite israélienne. Motif de ce déferlement de haine ? Il est musulman, elle est née juive et s’est convertie à l’islam. L’union de Mahmoud et Morel a été troublée, dans la soirée du dimanche 17 août, au sud de Tel-Aviv, par les vociférations de plusieurs centaines de jeunes manifestants répondant à l’appel de l’organisation d’extrême droite israélienne Lehava (« La Flamme »), qui milite contre « l’assimilation des juifs et les mariages mixtes ».
Vêtus de tee-shirts aux slogans racistes, échauffés par des semaines de guerre dans la bande de Gaza, les manifestants ont passé leur soirée à jouer au chat et à la souris avec la centaine de policiers déployés, à essayer de s’approcher des invités pour les insulter et à échanger des invectives avec quelques dizaines de sympathisants anonymes émus par l’histoire de Mahmoud et Morel.
« L’amour est plus fort que tout »
Les supporters des mariés ont distribué des roses et brandi des pancartes proclamant « l’amour est plus fort que tout » ou encore « juifs et musulmans refusent d’être ennemis ». « Mort aux Arabes ! » et « Vous n’aurez pas ma sœur ! » leur ont lancé les protestataires, qui agitaient des drapeaux israéliens. Les incidents ont été retransmis en direct par les chaînes de télévision, passionnées par l’image ainsi rendue des réalités israéliennes du moment.
Les mariés, un entrepreneur de 26 ans et une éducatrice de 23 ans, se sont rencontrés il y a cinq ans. Morel Malka, juive, s’est convertie à l’islam depuis. Morel et Mahmoud Mansour s’attendaient à ce que leur mariage crispe les relations familiales. Pas à ce qu’il cristallise les tensions qui traversent le pays et que la guerre à Gaza a exacerbées. La situation leur a complètement échappé le jour où ils ont découvert qu’après avoir posté leur faire-part de mariage sur Facebook, l’organisation d’extrême droite Lehava appelait à manifester devant la salle de réception.
« Rien ne nous atteindra, on aura un beau mariage, le plus beau mariage que l’on puisse imaginer », disait avant la cérémonie Mahmoud, jeune homme au visage rond et souriant. Quatre heures avant la grande réception, dans le petit appartement de la famille Mansour à Jaffa, quartier portuaire de Tel-Aviv connu pour sa douce coexistence entre juifs et Arabes israéliens, on a poussé les meubles, décoré le salon et garni les plateaux de pâtisseries orientales.
« L’assimilation est un fléau »
La mariée fait son entrée en musique, vêtue d’une robe blanche décolletée, écrasée par les marques de tendresse de sa belle-famille. « Morel, c’est ma deuxième fille, j’en avais une, maintenant j’en ai deux », s’amuse Mohammed Mansour, son futur beau-père. Le père de la mariée est absent. Il a annoncé à la télévision qu’il ne viendrait pas au « mariage de sa fille avec un Arabe ».
Le futur marié a passé une partie du jour J au tribunal de Rishon LeZion, pour tenter de faire interdire la manifestation prévue dans la soirée. Son avocat a fait valoir les tentatives d’intimidation et de harcèlement dont le couple est victime depuis plusieurs jours. Mais le juge a autorisé le rassemblement, à condition qu’il se tienne à une distance de 200 mètres de la salle de réception.
Les mariés ont donc dû recruter des gardes du corps pour fouiller les invités et vérifier les listes. A 20 heures, dans la zone industrielle de Rishon LeZion, où a lieu le mariage, les centaines d’invités doivent eux, se frayer un chemin au milieu des manifestants. « C’est un mariage, mais il n’y a rien à célébrer car l’assimilation [les mariages de juifs avec des non juifs] est un fléau », explique le responsable de l’organisation Lehava, Bentzi Gopstein, militant d’extrême droite et habitué des déclarations racistes sur les plateaux de télévision.
Des pressions « scandaleuses et inquiétantes »
L’affaire, largement relayée par les médias locaux, est remontée jusqu’au président israélien Reuven Rivlin, qui s’est inquiété, en apprenant la tenue de la manifestation, qu’on ne franchisse là « une ligne rouge ». « Ce couple a décidé de se marier et d’exercer ses libertés dans un Etat démocratique. Les pressions contre eux sont scandaleuses et inquiétantes, a expliqué le président israélien, comme le rapporte Times of Israël (article en anglais). Personne n’est obligé de se réjouir de cet heureux événement, mais tout le monde doit le respecter. »
Reuven Rivlin a ajouté que les menaces contre ce mariage sont comme « les rongeurs qui grignotent les bases démocratiques et juives d’Israël ». De son côté, la ministre de la Santé, Yael German, a souhaité aux mariés « de nombreuses années d’amour, de bonheur et de tolérance ». « J’espère que votre mariage marquera une nouvelle étape dans la transformation de la société israélienne vers une société plus tolérante et pluraliste », a aussi écrit la ministre dans un message envoyé aux mariés.
-
Toutes les photos du dernier Bal des Débutantes (Vanity Fair)
-
Les meilleurs appareils photo 2013-2014 (Zone Numérique)
-
70 ans, Catherine Deneuve en 70 photos (Vanity Fair)
Facebook
Twitter
Pinterest
Google+
RSS