LONDRES (Reuters) – La romancière britannique Doris Lessing, prix Nobel de littérature en 2007, est décédée à l’âge de 94 ans, a annoncé dimanche son éditeur.
Doris Lessing, l’un des écrivains les plus marquants de la littérature anglaise du XXe siècle, s’est éteinte paisiblement dimanche matin à son domicile londonien, a précisé HarperCollins.
« C’était un auteur merveilleux doté d’un esprit original et fascinant. Ce fut un privilège de travailler pour elle, elle va immensément nous manquer », a déclaré son agent, Jonathan Clowes.
En honorant Doris Lessing en 2007, le comité Nobel avait salué « la conteuse épique de l’expérience féminine, qui avec scepticisme, ardeur et une force visionnaire scrute une civilisation divisée ».
Née le 22 octobre 1919 en Iran, qui était à l’époque la Perse, Doris Lessing a vécu durant sa jeunesse dans la colonie britannique de Rhodésie du Sud, devenue à l’indépendance le Zimbabwe.
Elle était arrivée en Grande-Bretagne à l’âge de trente ans, avec dans sa valise le manuscrit de son premier roman, « Vaincue par la brousse », racontant la relation entre la femme d’un fermier blanc de Rhodésie et un domestique noir.
Succès immédiat en Grande-Bretagne, en Europe et aux Etats-Unis, il lui a permis de renoncer à son emploi de secrétaire et lui a ouvert la porte d’une carrière de romancière.
Doris Lessing est restée très attachée au continent qui l’a vu grandir. Ses premiers romans, publiés dans les années 1950 et 60, celles de la décolonisation, racontent la dépossession des Africains par les colons blancs et dénoncent la culture de l’apartheid en Afrique du Sud.
Pour la romancière, l’Afrique n’était « pas un endroit où il faut se rendre sauf si l’on choisit de vivre ensuite un exil permanent ».
UNE OEUVRE ÉCLECTIQUE
En 1962, son chef d’oeuvre, « Le Carnet d’or », lui assure une notoriété internationale, surprenant la critique et le public par son style et son format inhabituels, en même temps qu’il fait d’elle une icône du féminisme.
L’oeuvre de Doris Lessing est pourtant bien plus éclectique. Riche d’une cinquantaine de romans, nouvelles et essais, elle se penche aussi bien sur la place de la famille dans la société que sur l’indifférence de l’Occident envers la guerre en Afghanistan dans les années 1980, en s’aventurant même sur le terrain de la science fiction.
Mais c’est toujours vers l’Afrique que ses souvenirs la ramenaient, elle qui avait arrêté l’école à 13 ans et s’était construite en lisant Dickens, Tolstoï ou Dostoïevski, mais aussi en vivant proche de la nature.
Dans « La Marche dans l’ombre », le deuxième tome de son autobiographie, elle raconte qu’à 14 ans, elle savait « s’occuper des poules et des lapins, commander les chiens et les chats, chercher de l’or, (…) baratter du beurre, faire du fromage frais et de la bière au gingembre, (…) conduire la voiture, tirer sur des pigeons et des pintades, conserver les oeufs – et bien d’autres choses encore ».
« En faisant ces choses, j’étais vraiment heureuse », conclut-elle. « Peu de choses dans ma vie m’ont procuré un plus grand plaisir. »
Pascal Liétout et Tangi Salaün pour le service français
Reuters par William James et Michael Roddy
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