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Théorie de l’Âge Musical (Chapitre I : MEGADETH)

Théorie de l’Âge Musical (Chapitre I : MEGADETH)

1. ON EXPÉRIMENTE L’ÂGE À TRAVERS LA CROISSANCE et la métamorphose du corps humain, en somme par les jours qui passent.

Pour certaines traditions, le cap de l’âge est représenté par l’anniversaire, ou d’autres cérémonies d’ordre plus ou moins rituel.

Néanmoins, nous savons également que ce ne sont pas exclusivement les jours qui font grandir, mais plutôt ce que l’on fait de ces journées.

A cet égard, l’âge peut-il être considéré comme subjectif ? Un jeune français de dix-sept ans attend t-il de souffler ses dix-huit bougies pour devenir adulte ?

Ce n’est pas l’année dans son statut qui confère l’expérience de la vie et une vision du monde, mais l’existence dans ces « couples de jours ».

Couple de jours (celui de l’aujourd’hui et du demain) qui est l’essence même de la vie, dans le sens où si vous qui me lisez vous sentez en vie, c’est parce que ce n’est pas exclusivement ce jour présent qui indique vous indique la vie, mais l’assurance qu’il sera suivi d’un lendemain.

Lendemain qui lui-même, lorsque vous y serez, pour que votre expérience de la vie ne soit obscurci par quelque morbide pensée, devra vous donner l’assurance d’être suivi, lui aussi de son successeur, le surlendemain, et ainsi de suite…

Le contraire de cela serait une vie coupé de la certitude de vie, donc une survie. Mais bien entendu, la vie ne consiste pas qu’au fonctionnement des fonctions vitales, mais dans le fait d’avoir une existence digne. Dans le cas contraire, la vie serait alors une (sur)vie inhumaine. Vie et survie, vaste sujet que nous traiterons dans un article dédié, mais qui nous amène ici à nous interroger sur l’âge.

2. L’âge, nous l’expérimentons, mais pouvons nous l’exprimer ? Dire son âge, est-ce (nécessairement) l’exprimer ? Nous avons déjà vu des personnes confesser un tel âge et nous, en être incrédules, du fait de l’apparence, de la forme physique, du comportement (c’est à dire l’externéité).

N’avons-nous pas un jour été surpris du comportement immature et inconséquent d’un adolescent, qui se révèle être un adulte d’un âge plus avancé que l’on ne l’aurait imaginé ? Ni par un homme calme, assuré, réfléchi qui se révèle être un collégien fraichement diplômé du brevet des collèges ?

L’âge semble n’être le même pour tous que sur le papier, tant la maturité se dévoile changeante selon les personnes. Et ce n’est même pas la seule expérience qui confère cette maturité, puisque ce n’est pas la vie en elle-même qui augmente l’homme, mais ce qu’il en retient.

Ce qui importe est comment il compte mettre à profit toutes ces secondes et tous ses actes, qui pris indépendamment semble n’avoir aucun sens,  mais qui dans leur compréhension et leur analyse consciencieuse peuvent se révéler dans leur sens, et éclairer le sens que l’on souhaite donner à sa vie.

L’âge a t’on dit, a donc du mal à s’exprimer si ce n’est par l’affirmation des jours vécues depuis la naissance.

L’internéité d’un individu peut trahir, comme l’on le dit avec si peu de prévenance, son « âge mental ». L’externéité peut troubler la détermination de son âge biologique.

3. De même, si l’on peut presque affirmer que les hommes ont deux âges, celui lié à leur corps et celui lié à leur esprit, il en est de même pour toute création agissante, qu’il s’agisse d’un cerf, d’une association culturelle, d’un logiciel, d’une entreprise industriel ou d’une école primaire, ou même d’une nation.

Ces choses ont été mises à bas, fondées à une date plus ou moins précise et définie, leur âge en est donc fixé à partir de cette naissance. Ainsi dira t’on en 2018 d’un club de football fondée en 1896 qu’il a cent-vingt-deux ans d’âge, et que son ancienneté le rend vénérable.

Néanmoins, si ce club se révèle renouvelé de fond en comble, qu’il ne base sa politique sur la tradition et le rapport au long terme dérivant du passé,bref qu’il apparaisse tel qu’un nouveau venu que la connaissance du club d’autrefois ne permet de cerner, nous dirons que c’est un club nouveau, jeune et ayant quelque chose à prouver que nous avons face à nous.

L’état d’esprit de cette vielle équipe en fera un outsider fraîchement débarqué de nulle part, qui pourra compter sur l’effet de surprise et l’inconnu pour l’emporter sur ce qui naguère ne le connaissait que trop bien.

Ainsi l’âge statuaire de ce club n’indique pas nécessairement son âge spirituel ou cognitive. La réflexion et la maturité de ce club, ou d’une agence gouvernementale, ne sera pas basé sur le nombre de jours depuis lequel elle existe et opère, mais sur l’expérience et la profondeur acquise non dans le temps, mais sur le temps.

Le restaurant quatre étoiles peut donc exprimer son âge statuaire en indiquant qu’il a été fondé il y’a soixante-dix ans, mais cet âge n’est qu’un indice faible, la partie visible de l’iceberg pouvant exprimer l’âge acquis par le restaurant sur le temps.

Celui-ci peut bien être autant inférieur à l’âge statuaire en ce qui concerne ou bien dans le meilleur des cas la fraîcheur et l’innovation ou dans le pire le manque d’expertise et d’expérience véritable, ou alors bien supérieur, en faisant plus qu’un élément dans le temps et l’espace, un monde lui-même recelant en lui-même son arrière -monde et ses ressources cachées.

Mais comme expliqué plus haut, cette âge « spirituel » ou « métaphysique » de la chose agissante est à la fois difficilement quantifiable et exprimable, d’autant plus que son expression passe par la juxtaposition de qualificatifs temporels et d’expressions liées aux « périodes de la vie » (enfance, jeunesse, maturité, vieillesse).

4. Le meilleur moyen d’expression est la parole, les gestes; et il n’est à cet égard rien de plus vrai que l’expression artistique musicale sincère qui joint à la narration et à la possession sur le temps, une dynamique qui se meut dans une autre sphère que l’espace physique.

À cet égard, voyons comment l’expression musicale peut en lui-même faire voir la période de vie qui l’habite et la fait mouvoir. Nous étudierons la question sous le prisme de la « musique de guitare » (guitar music), car en plus de la voix, lorsqu’elle est présente, cet art à part est l’un des seuls dont le lien entre l’instrument et l’artiste est le plus ténu.

Physiquement d’abord, puisque le mouvement le plus infime du doigt, du poignet se retrouve répercuté sur les cordes.

La guitare (nous y incluons toutes ses variantes dont la basse) est l’un des instruments qui voit le tempérament de l’artiste s’y exprimer entièrement, mais aussi la dynamique qu’il entend donner à son souffle artistique et à la narration.

Les mouvements de bras rageurs, comme les délicates cueillettes de cordes, expriment, avec les paroles et la mélodie, l’état d’esprit et la sensibilité immédiate mais aussi profonde de celui qui les jouent. Connaissons nous un instrument ou le grattage des cordes est aussi lié au rythme du chant ?

De plus, notons que la guitare exacerbe le chanté et l’émotion qu’elle transporte, tandis que le piano et le violon sont en tout point dans la justesse, ne permettant pas comme on dit au football, les déchets dans le jeu, qui au contraire dans le rock et même le flamenco, donne à l’envolée guitaristique un aspect brut de décoffrage affirmant avec force l’externéité musicale.

En somme, avec la guitare, il y’a dans le jeu en lui-même un comportement, et dans la progression, l’histoire musicales une internéité qui s’échappe, que l’esprit peut saisir.

5. Nous allons mettre à l’épreuve notre théorie de l’âge musical, dans ce que la musique a de physiquement le plus viscéral, la « guitar music », et dans ce que celle-ci a de plus moderne et exacerbé, le rock.

Et pour que toutes les données de notre étude nous apparaissent plus clairement, dans notre premier livre sur l’âge en musicalité, dans ce que le rock a de plus sentencieux, tonitruant et extrême. À savoir la musique métal et toutes ses ramifications dont celle qui au détour des années 1980, l’a emporté sur tous les autres et à donner les nouvelles formes de métal lourd ou extrême que nous connaissons, le heavy metal et le trash/speed metal.

Le trash/speed metal qui donnera tous ces groupes virtuoses et enragés, parfois (perçus -à tort ?- comme) morbides, souvent épiques, que vous avez sans doute une fois entendu (je ne dis pas de votre plein gré).

Et le heavy metal qui lui domine d’une certaine manière la scène métal et entretient plus d’affinité avec le demi-frère décadent, le hard-rock, ainsi qu’avec le rock primaire, brut, que vous voyez là-bas, accoudé au bar, côtoyant sans mal le blues et le jazz des grands jours.

Trash/Speed metal, heavy metal, hard rock, rock classique ou primitif, jazz, blues … des termes bien mis, que vous comprendrez mieux en ayant écouté ce qu’ils sont censés nous faire imager, ou plutôt entendre.

Cela sera fait avec notre expérience didactique de l’âge musical, que nous allons effectuer avec un artiste, ou plutôt une formation musicale à dominance « guitaristique », qui hasard heureux, se trouve avoir navigué dans tous ces différents styles musicales.

Et qui, se trouve par ailleurs vous le verrez parfaitement distingué pour démontrer la subjectivité de l’âge en musique, et de la manière dont cet âge évolue avec le temps, mais aussi selon d’autres voies moins évidentes. La musique, c’est l’esprit qui voyage, et le cœur qui chante.

Allons-y donc ! Megadeth, son oeuvre, ses âges, sa Weltanschauung !

SOMMAIRE

Les titres de chapitres sont basés sur l’ordre chronologique des albums produits par la formation musicale Megadeth.

1. KILL’EM ALL (Premier album du groupe Metallica, dont Dave Mustaine, cofondateur du groupe Megadeth dont nous traiterons ici, faisait initialement partie): l’enfance aventureuse et tapageuse, ou l’union fait la force. Malheureusement, en plus de la fougue, Dave Mustaine rajouta aux premiers mois de la formation Metallica le tumulte d’un soliste pour le moins stupéfiant engagé dans l’occultisme (thème lourdement ou subtilement abordé par la suite par Mustaine dans ses oeuvres subséquentes estampillées MEGADETH). Comble de la destinée, le commando resséeré Metallica, qui se verra par la suite unaninement décerné par sa communauté de fans le surnom d’Alcohollica dû à sa forte prédisposition supposé à la boisson, renverra Dave de leur groupe, pour cause de forte prédisposition un peu plus que supposée à la boisson.

Écoutez l’album KILL’EM ALL par METALLICA

2. KILLING IS MY BUSINESS : pré-adolescent revanchard et endiablé (sans jeu de mots), mais marqué par les influences musicales éclectiques et pour ainsi dire surprenantes de l’enfance. Le chanteur et guitariste du groupe Dave Mustaine, parolier et compositeur principal du groupe a ainsi d’abord joué du piano dans ses jeunes années, en suivant les traces de sa sœur aîné qui prenait des cours de solfège à domicile. Cela se traduit notamment par l’introduction de la chanson d’inauguration de l’album, qui est une réinterprétation macabre de la Toccata et fugue en ré mineur par Bach. Mais également par une musicalité globalement plus abouti ou référencé que l’album Kill’em All, dont les différentes sources jaillissent de la fontaine rock/metal, tandis que Killing is My Businness aurait très bien pu être un album de jazz, d’ambiance typé années 70/80. En effet, en dehors du son technique de l’album qui n’est pas des plus plaisants en raison d’une faible réelle considération du budget studio pour l’enregistrememtn de ce premier album par le groupe Megadeth (qui préféra user de cet argent pour … leurs diverses addictions toxico-médicamenteuses qui n’iront que grandissant, et conduiront notamment au décès, des années après son départ -ou plutôt éviction du groupe Megadeth, puisque c’est de Megadeth qu’il s’agit- de leur premier batteur, le phénoménal Gar Samuelson, qui officiera également en tant qu’Armaggedon sonore sur l’album suivant, l’infernal Peace Sells !)

3. PEACE SELLS : jeune ado -pleine adolescence, à la fois dans toute sa juvénilité et la dangerosité de ses emportements, début de la passion « geek » (non pas nerd), c’est à dire création de l’imaginaire fantastique en lien avec la réalité que l’on perçoit et projette.

4. SO FAR, SO GOOD, SO WHAT ? : Milieu de l’adolescence, puberté, tentation du hard rock et du heavy metal classique. Ressemble étrangement, dans sa toute nouvelle fraîcheur punk, à son véritable tube sentimental « In My Darkest Hour », à l’attention porté à l’apparence et à la présentation, y compris dans les représentations live dont vous pourrez remarquer le changement entre l’époque Mégadeth Peace Sells et lépoque Megadeth So Far, So Good, SoWhat ?… à l’entrée dans l’adolescence et la puberté, non pour les membres, mais pour le groupe Megadeth, sa musique et son évolution, qui n’est plus le juvénile raconteur d’histoire à dormir debout et à dreser le s cheveux sur la tête dans le macabre et survolté Peace Sells … but Who’s Buying. Les affaires sérieuses commencent, le son se professionalise, rentre dans la nouvelle ère de metal « technologique », où l’on n’aura de moins en moins l’impression d’écouter un jam, une session privé (presque secrète et confidentiel comme pour le premier album Killing is My businnes, qui comme la majorité des albums de guitar music donnent quasiment toujours l’impression d’avoir été enregistré dans un garage, endroit de leurs entraînements premiers et continus pour en arriver là pou ils en sont aujourd’hui, un groupe jouant de la musique dans un vacarme instrumental, mais un groupe professionnel en studio, dans le son a été traité et nous parvient directement, comme si … le studio n’était plus la salle d’enregistrement mais notre tête, voyez-vous. Chose qui sera d’ailleurs représenté, et qui est une cause ou une conséquence de la démocratisation des walkmen et autres appareils d’écoute musicale et phonique portatifs dans le tournant des années 80.

5. RUST IN PEACE : fin de l’adolescence, retour à un univers de jeunesse dans le gimmick et le ton (celui du cinématographique Peace Sells) mais construction de son identité (dont musicale), sophistication de l’expression, préoccupations plus sérieuses, mise en avant directe de son opinion, affirmation d’un train de vie plus adulte (la romance malheureuse juvenile dans In My Darkest Hour, le hit du troisième album de Megadeth est supplanté par les affres plus tourmentés de la relation enterrée dans Tornado of Souls, classique de l’album Rust In Peace).

6. COUNTDOWN TO EXTINCTION : années universitaires. Développement d’une conscience politique indépendante.

7. YOUTHANASIA : Pérégrinations et péripéties dans le monde des adultes, c’est la première fois que les membres du groupe (les deux Dave ici, Mustaine et Ellefson) évoquent leurs vies personnelles. Les thèmes sont plus adultes, et plus sombres d’un certain point de vue. Avant aussi ils l’étaient (dans le premier album avec l’horreur décrite, dans le second aussi où se mêlent messes noires et tueurs en série, mais ici c’est l’esprit même dans ses tourments qui est évoqué et non plus seulement les causes de ce trouble -À cet égard, Dave Mustaine affirmera dans un interview « black magic ruined my life ».

8. CRIPTIC WRITINGS – L’album de la maturité, pont entre le hard-rock de Youthanasia et le pop-rock de l’album suivant, Risk.

9. RISK – son de père de famille, daddy rock comme on dit aux States – la musique Breadline aurait presque pu être composé par Francis Cabrel … or lorsque l’on voit d’où le groupe est parti avec notamment leurs premières chansons et demos, on ne peut q’affirmer que la formation, sans parler de son âge statuaire, a acquis un certaine paix et une maturité que l’on voyait déjà poindre à travers l’évolution de leur musique et de leur attitude.

Même si il est possible d’imaginer que celui-ci ait occasionnellement pu faire partie d’un acting, d’une politique marketing que l’on observe à chaque nouvel album où les membres du groupe, sans doute sous l’impulsion de Mustaine, change tous de look et adopte de concert ce que l’on pourrait clairement définir comme un dress code pré-établi, voire un uniforme (ce que font également dans un ordre plus enjoué les rockeurs suédois du groupe The Hives), un nouveau  bleu de travail pour la saison, celui-ci touchant même la capillarité ou l’attitude (calme ou déchaîné selon la direction emprunté par Megadeth à chaque nouvel album, et selon l’âge, et donc le public qu’il entend toucher ou auquel il s’identifie).

Ce qui fait penser que l’âge musical peut être influencé selon l’audience à laquelle on s’adresse ou que l’on veut conquérir. Mais dans ce cas existe alors en la musique et en l’expression une sorte de feinte qui si elle échoue peut mettre en perspective une dichotomie entre les intentions, le statut réelle de l’artiste et l’image qu’il essaie de renvoyer à ses fans et aux nouveaux auditeurs potentiels.

Ce à des fins qui si elles sont mises à jour menaceraient tous l’édifice, car personne n’apprécie d’expérimenter une musique ne soit sincère mais façonné expressément en un but intéressé précis, même si cette condition puisse être la norme d’un artiste essayant de rester dans le vent ou de capturer l’air du temps.

Dans l’album Risk, on décèle des préoccupations de père (voir le clip breadline), ou on y voit des jeunes, le clip mettant clairement lumière que ces jeunes ne sont plus de la génération des membres du groupe Megadeth, comme c’était le ces dans le clip Wake Up Dead ou In My Darkest Hour, mais qu’ils auraient pu être les enfants d’un deux. Ici, c’est la question de la responsabilité des choix et chemins empruntés, de la famille, de la descendance et de l’héritage, notamment celui de l’éducation qui transparaît tout au long de l’album-testament (le suivant sera celui d’une « renaissance » presque surnaturelle -comme montré sur la pochette de l’album The World needs a Hero – tant dans la volonté que dans les faits).

10. THE WORLD NEED A HERO : tentative de redevenir les jeunes et insouciants metalleux de l’ère Killing is My Business, comme  des adolescent « guitar-geek », on le voit notamment dans le style (metal, qui est d’abord celui joué par les jeunes schredders, puisque ce style est leur apanage).

Le son, les lyrics, les thèmes, la couleur et l’atmosphère musical, et même l’artwork (provocation tapageur qui signifie que la créature vengeresse que nous avons aux débuts du groupe (après la sortie de Metallica qui fera dire à Mustaine à propos de ses anciens compères de San Francisco : « I wanted their blood ») ressort du corps du Dave Mustaine assagi qui comme pris sous le contrôle du monstre Vic Rattlehead, reprend du poil de la bête, et reviens aux affaires, c’est à dire dans le metal tout simplement.

On peut dire que contrairement aux critiques et idées reçues, c’est avec cet album que Megadeth a renoué avec la jeunesse fan de metal, non plus la sienne (celle des années 80-90, mais celle des années 2000-2010, qui pour la plupart l’ont découvert et écouté principalement sur Internet, et qui constitue le vivier de l’audience metal-geek moderne. Ceux-là le suivront principalement à partir de l’album suivant, The System has Failed jusqu’aujourdh’ui avec la tournée de l’album Dystopia sorti en 2016, réuni avec les indéfectibles fans de la première heure du Megadeth enragé des débuts, et qui s’est bien fait une frayeur en croyant que le groupe américain allait quitté le monde de l’agressif pour celui du calme, du luxe et de la volupté.

11. THE SYSTEM HAS FAILED : Doté d’un son plus recherché, les thèmes de cet album sont parfois politiques, traités de manière théâtrale voire cinématographique, comme dans le morceau Blackmail the Universe.

12. UNITED ABOMINATIONS : Ici les thèmes politiques sont abordés mais de manière plus directe et moins symbolique, tout est implicite, comme le titre de l’album qui détourne le nom des Nations Unies (United Nations), que le groupe détruit littéralement dans son cover art.

On peut voir que le groupe, en particulier son chanteur et parolier principal Dave Mustaine est passé d’un « rouge » à la limite de l’anarchie dans Peace Sells… but who’s buying et So Far, So Good, So what à un gauchiste critique (et cynique ?) des gouvernements et des armées (Rust in Peace et Countdown).

Puis fin de la parenthèse politique, de Youthanasia à Risk, passage plus pop rock hard rock consensuel qui ne balance pas des maximes politiques fortes aux oreilles des auditeurs de la radio. Risk était d’ailleurs l’album qui devait sceller l’union du groupe et du mainstream, ou au moins du rock grand public et familial. L’album The word neeeds a hero renoue avec l’affirmation d’une vision du monde et une narration des grands mouvements historiques rien que dans son intitulé. Megadeth, qui se calibrait pour remplir des stades et réunir toute la famille autour de la dinde de Thanksgiving retourne dans la chambre mal rangé du fils rebelle, qui ponctue son adolescence de riffs de mauvais augure et de pogos sabbatiques.

Cette agressivité retrouvé dans la musique se retrouve également dans le verbe, ou l’on ne susurre plus ni ne chantonne de refrains entraînants. L’heure est au cri de rage et au martèlement d’une vérité qui naguère révolté politiquement contre les élites religieuses, politiques, culturelles, militaires, technologiques, et économiques devient une mise en garde conservatrice et libertaire (les deux font souvent la pair aux États-Unis ou le patriotisme peut aller jusqu’à l’hostilité envers l’administration fédérale). Cette croisade nouvelle du groupe s’élève contre l’asservissement de ce que les élites mondiales  dirigent, les populations civiles américaines et autres (voir le cover art et les lyrics de l’album Endgame et ceux de Dystopia). Le complotisme new age à la Alex Jones n’est plus loin.

Cette tendance se confirmera, et s’accentuera en prenant de la qualité avec l’âge. Megadeth a pris un temps d’arrêt et de réflexion quasiment ontologique à l’âge adulte à l’époque de l’album Risk, ou il se voyait à un point de non-retour. A la croisée des chemins, le groupe poursuivait son chemin dans l’apaisé, le moral, la responsabilité et le succès pop(ulaire) des traditionnelles formations de rock familial des USA capable de fédérer les amoureux de rock, de country et de musique populaire (pop, dance, électro, etc).

Ce que le guitariste soliste Marty Friedman souhaitait, voulant faire entièrement assumer au groupe son tournant dans la sphère open success. Chose qui aurait alors été le cas le plus majeur et le plus difficile auquel les fans du groupe aurait été confronté (outre la sempiternelle rivalité avec les confrères de Metallica, ancien groupe de Dave Mustaine dont il fut viré pour des questions de comportement et de conflits d’ordre privé.

Cet album en effet semble alterner entre les deux, sans assumer ni l’un (rock tonitruant) ni l’autre (musique agréable et accessible aux allergiques de la musique du démon, comme l’on traite alors les formations hard tock et metal de l’époque, qui pour certains dont Megadeth n’hésitait pas faire montre d’une catéchèse peu convaincante (voir lyrics des chansons de l’album Peace Sells).

Mais ce ne fut pas de l’avis de Mustaine, retour dans l’underground (à cet égard, l’album The World Needs a Hero est le plus confidentiel au niveau de la diffusion et de l’écoute, carence que viendront combler puis faire oublier de plus en plus fortement (avec toutefois quelques accroc inévitables) les albums suivants.

Si le style s’est considérablement rajeuni (arriéré diront les plus prolixes à la critique directe) en passant de l’album Risk à The World Needs a Hero, il est allé au fur des albums suivants, en se complexifiant et en s’alourdissant, comme si la basse électrique y prenait une envergure nouvelle, révélant sa nature d’instrument ambiant.

Les paroles et les thèmes abordés par Megadeth sont néanmoins en grande partie de plus en plus politique. Ces thèmes sont d’ailleurs abordés d’une manière de plus en plus directe, et la nuance est de moins en moins convoquée, pour un effet maximal des plus tonitruants.

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