L’avocat Olivier Metzner, dont le corps a été découvert dimanche au large de son île privée dans le golfe du Morbihan, « incarne l’un des plus grands pénalistes de notre barreau, qui avait su faire de la procédure pénale une arme au service de la défense », a déclaré à l’AFP le bâtonnier du barreau de Paris, Christiane Féral-Schuhl.
Un des plus grands spécialistes de la procédure pénale
Dans « un état de choc » après l’annonce du décès de Me Metzner, Me Féral-Schuhl souligne qu’il était « l’un des plus grands spécialistes de la procédure pénale ». « On le retrouve dans beaucoup des grandes causes » de ces dernières années, a-t-elle rappelé.
Âgé de 63 ans, Me Metzner était une des très grandes voix du barreau de Paris, présent dans la plupart des grands dossiers pénaux de ces dernières années. Il a notamment défendu Jérôme Kerviel, Bertrand Cantat ou encore l’ex-dictateur panaméen Manuel Noriega. Son corps a été retrouvé dimanche vers 10 heures, flottant au large de son île privée, dans le golfe du Morbihan. Une lettre évoquant sa volonté de mettre fin à ses jours a été retrouvée chez lui
D’autres confrères témoignent
Des confrères d’Olivier Metzner témoignent également après sa disparition. Jean-Yves Liénard (avocat pénaliste) « Je ressens de la tristesse, il avait probablement décidé de rendre les armes. Il a probablement inventé la lecture de la procédure pénale, il a été le premier à regarder les dossiers sous l’angle de la procédure, c’est son apport le plus important au barreau. Dans ce domaine, il a fait un malheur en faisant ses armes. Il a fait ainsi tomber de nombreuses procédures lourdes et nous avons été nombreux à nous en inspirer. C’était également un homme très solitaire et secret. »
Patrick Maisonneuve (avocat pénaliste) : « Je suis totalement abasourdi, consterné et assez choqué. Je le connaissais depuis 30 ans, on se côtoyait, côte à côte ou comme adversaires. Je lui ai encore parlé jeudi, nous devions entreprendre une démarche commune sur un dossier, il parlait alors encore d’avenir. Il avait fait dès ses débuts l’option de la procédure, il a été un précurseur de l’approche procédurale du débat pénal. C’était également un homme secret, qui ne partageait pas vraiment sa vie personnelle. »
Enfin, Me Georges Kiejman (sur Europe 1) : « Je suis abasourdi. Sa mort me surprend et me choque. C’est un grand défenseur qui disparaît. J’avais une admiration intellectuelle pour lui, mais ça ne m’empêchait pas de croire, à tort apparemment, que peut-être il pouvait manquer de coeur et de sensibilité. Tout à coup, les conditions de sa mort me permettent de réexaminer tout ça et de voir qu’Olivier Metzner avait lui aussi ses fragilités. »
Un éternel cigare aux lèvres
Me Metzner, un éternel cigare aux lèvres, est ainsi devenu l’avocat de l’ancien P-DG d’ELF, Loïk Le Floch-Prigent, condamné à cinq ans de prison dans le principal volet de l’affaire. Il a également défendu les intérêts de Jacques Crozemarie, condamné pour avoir pioché dans les caisses de l’association qu’il présidait, l’Arc.
Rompu à la recherche de failles juridiques dans un dossier, Me Metzner a également pris part à la plupart des procès qui ont éclaboussé le monde politique comme celui des faux électeurs du 3e arrondissement de Paris ou des écoutes de l’Élysée. En 2009, il a rejoint la défense de M. de Villepin quelques mois avant le début du procès Clearstream et a porté le fer contre l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog. Il obtient sa relaxe. Plus récemment, il représentait dans la saga Bettencourt la fille de l’héritière de L’Oréal, Françoise Bettencourt-Meyers.
Son domaine de prédilection était le droit pénal des affaires, avec des clients comme Bouygues, la compagnie Continental pour le crash du Concorde ou encore la société Rina, qui a délivré les certificats de navigabilité de l’Erika. Il a par ailleurs bataillé face à la Société générale en étant le conseil de l’ancien trader Jérôme Kerviel avant d’abandonner sa défense avant le procès en appel. Cet amateur d’art contemporain défendit également lors de son procès tenu à Vilnius le chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat, condamné pour la mort de l’actrice Marie Trintignant.
Associés depuis 1998
Emmanuel Marsigny connaissait Olivier Metzner depuis janvier 1994 et était devenu son associé en 1998. Âgé de 63 ans, Me Metzner était une des très grandes voix du barreau de Paris, présent dans la plupart des grands dossiers pénaux de ces dernières années. Il a notamment défendu Jérôme Kerviel, Bertrand Cantat ou encore l’ex-dictateur panaméen Manuel Noriega.
Une lettre d’adieu
Son corps a été retrouvé dimanche vers 10 heures, flottant au large de son île privée dans le golfe du Morbihan. Une lettre évoquant sa volonté de mettre fin à ses jours a été retrouvée chez lui.
Bertrand Cantat, Dominique de Villepin
Âgé de 63 ans, Me Metzner était une des très grandes voix du barreau de Paris, présent dans la plupart des grands dossiers pénaux de ces dernières années. Il a notamment défendu Jérôme Kerviel, Bertrand Cantat ou encore l’ex-dictateur panaméen Manuel Noriega. Il était le conseil de Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream, de l’homme d’affaires Loïk Le Floch-Prigent dans le dossier Elf, de l’ancien patron de Vivendi Jean-Marie Messier ou encore de Jacques Crozemarie dans le scandale de l’Arc (Association de recherche contre le cancer). Il représentait dans la saga Bettencourt la fille de l’héritière de L’Oréal Françoise Bettencourt-Meyers.
Avocat des grandes entreprises
Dans le dossier des biens mal acquis, Me Metzner était l’avocat de la Guinée équatoriale. Plusieurs grandes entreprises avaient choisi de s’attacher ses services : il était l’avocat historique de Bouygues, il représentait l’organisme de certification maritime Rina dans le dossier de l’Erika , ainsi que la compagnie Continental pour le crash du Concorde.
Il avait commencé sa carrière en défendant des truands
Plusieurs grandes entreprises avaient choisi de s’attacher ses services : il était l’avocat historique de Bouygues, il représentait l’organisme de certification maritime Rina dans le dossier de l’Erika , ainsi que la compagnie Continental pour le crash du Concorde.
Il y a un mois, il avait plaidé devant le tribunal correctionnel de Paris, assurant la défense du groupe pétrolier suisse Vitol, prévenu au procès des détournements du programme de l’ONU en Irak « pétrole contre nourriture ».
Il était parfois pris de quintes de toux qui n’étonnaient ni ses confrères ni les journalistes, lesquels le connaissaient depuis des années comme un grand amateur de cigares, qu’il fumait aux suspensions d’audience, en haut de l’escalier monumental du palais de justice. Fatigué, peut-être, il avait toutefois son habituel regard malicieux au-dessus de ses demi-lunes.
Issu d’un milieu modeste, cet homme né dans l’Orne était inscrit au barreau de Paris depuis 1975 et avait commencé sa carrière en défendant des truands.
Source : Le Point
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