NAIROBI (Reuters) – Les autorités kényanes ont dit mardi que leurs forces de sécurité avaient pris le contrôle du centre commercial où des activistes islamistes ont tué au moins 62 personnes et que tous les otages avaient été libérés.
A cours d’une journée d’intenses combats, des survivants sont sortis au compte-gouttes du centre commercial de Westgate mais le sort de nombreuses personnes restaient encore inconnu dans la matinée de mardi.
Selon les autorités kényanes, l’attaque revendiquée par les Chabaab somaliens a été menée par une équipe de 10 à 15 personnes.
Le président américain Barack Obama a offert le soutien des Etats-Unis, se disant certain que le Kenya, visé en 1998 par l’une des premières attaques d’envergure d’Al Qaïda, resterait un pilier de stabilité.
Les forces kényanes ont dit que la fin du siège était en vue et qu’elles avaient pris le contrôle du centre commercial.
Selon un responsable gouvernemental, les forces de l’ordre n’ont pas rencontré de résistance de la part du groupe d’activistes qui a investi le bâtiment samedi à la mi-journée, mais elles restent prudentes car des hommes armés pourraient encore être retranchés.
« Nos forces sont en train de passer au peigne fin tous les étages du bâtiment. Nous pensons que tous les otages ont été libérés », a déclaré le ministère de l’Intérieur sur son compte Twitter.
Le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, a déclaré croire que six ressortissants du Royaume-Uni figuraient parmi les morts. A Paris, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré sur BFMTV ne pas disposer d’indications lui permettant d’affirmer que des Français figurent par les personnes toujours retenues en otages. Samedi, deux Françaises avaient été tuées par le commando.
A Sotchi, sur la mer Noire, le président russe Vladimir Poutine a insisté sur le danger de contagion de l’islamisme radical aux anciens pays de l’Union soviétique en citant la tragédie de Nairobi.
DES ASSAILLANTS VENUS « DU MONDE ENTIER »
Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision PBS, la ministre kényane Amina Mohammed des affaires étrangères a déclaré que « deux ou trois américains » et une ressortissante britannique faisait partie des assaillants.
Il s’agit selon elle de « jeunes gens, peut-être âgés entre 18 et 19 ans (…) d’origine somalienne ou arabe mais qui vivent aux Etats-Unis, dans le Minnesota et ailleurs pour l’un d’entre eux. »
Selon des sources sécuritaires américaines, les Etats-Unis se penchent actuellement sur des informations rapportant que de ressortissants ou résidents américains faisaient partie du commando.
Lors d’une conférence de presse, le ministre kényan de l’intérieur Joseph Ole Lenku a déclaré que deux des assaillants avaient été tués dans la journée de lundi, portant à trois le nombre avéré de morts dans leurs rangs.
Il a précisé que tous les assaillants semblaient être des hommes même si certains étaient habillés en femmes.
Un responsable des services de renseignements et deux soldats ont toutefois déclaré à Reuters qu’une femme blanche faisait partie des activistes retrouvés morts, alimentant les spéculations sur son identité, notamment sur le fait qu’il pourrait s’agir de la veuve de l’un des auteurs des attentats de Londres de 2005.
Surnommé la « veuve blanche » par la presse britannique, Samantha Lewthwaith est recherchée pour son implication présumée dans un complot visant à s’en prendre à des hôtels et des restaurants du Kenya. Prié de dire si la femme retrouvée morte était bien Samantha Lewthwaith, l’officier de renseignement a répondu « nous ne le savons pas ».
« NOS MOUDJAHIDINE TUERONT LES OTAGES »
Selon les autorités, le commando se serait longtemps retranché dans le supermarché Nakumatt du Westgate Mall mais un soldat kényan a affirmé lundi que les djihadistes étaient en fait dispersés en plusieurs groupes aux troisième et quatrième étages du complexe, notamment dans une salle de cinéma.
L’attaque a été revendiquée dès samedi par le groupe islamiste somalien des Chabaab, lié à Al Qaïda, qui exige le retrait des troupes kényanes présentes en Somalie depuis octobre 2011.
« Les forces israéliennes et kényanes ont tenté d’entrer de force dans le Westgate Mall mais n’ont pas pu, nos moudjahidine tueront les otages si les ennemis ont recours à la force », a menacé un porte-parole du groupe armé dans un message diffusé en ligne.
L’armée kényane a indiqué de son côté sur son compte Twitter qu’elle ferait en sorte qu’une « conclusion rapide » soit donnée au siège.
Les forces de sécurité kényanes, qui bénéficient de l’assistance de conseillers occidentaux et israéliens, avaient annoncé dimanche avoir repris le contrôle de la majeure partie du complexe commercial.
KENYATTA RESTE FERME
Le président Kenyatta a déclaré qu’il « ne céder(ait) pas dans la guerre contre le terrorisme » et qu’il ne retirerait pas les forces kényanes de Somalie.
Outre les morts, au moins 175 personnes ont été blessés, dont des enfants, lors de cette attaque qui a commencé lorsque les assaillants ont fait irruption samedi midi à un moment où le centre commercial était bondé. Selon un témoin, ils ont crié aux musulmans de quitter les lieux avant d’ouvrir le feu.
A La Haye, la Cour pénale internationale (CPI) a ajourné pour une semaine le procès du vice-président kényan William Ruto afin de lui permettre de rentrer dans son pays et de participer au règlement de la prise d’otages.
Avec Edmund Blair, Drazen Jorgic, Humphrey Malalo et Kevin Mwanza; Bertrand Boucey, Danielle Rouquié, Henri-Pierre André, Guy Kerivel et Jean-Loup Fiévet pour le service français
Reuters par Duncan Miriri et James Macharia
Facebook
Twitter
Pinterest
Google+
RSS