Le directeur de cabinet du président gabonais Ali Bongo Ondimba, Maixent Accrombessi, a été placé en garde à vue lundi en France, soupçonné d’avoir perçu illégalement de l’argent d’une entreprise française, avant d’être relâché dans la soirée, selon des sources concordantes.
« Il continuera à exercer ses fonctions »
« Il repart bientôt au Gabon et continuera à exercer ses fonctions », a déclaré à l’AFP son avocat, Francis Szpiner, à l’issue de l’audition de son client qui s’est tenue dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Les enquêteurs cherchent à savoir si cet homme clef du régime d’Ali Bongo Ondimba « a perçu de l’argent de la société Marck », une entreprise française spécialisée dans la fabrication d’uniformes militaires « en échange de l’attribution fin 2005 d’un marché public de sept millions d’euros au Gabon », selon une source proche du dossier.
Maixent Accrombessi a été interpellé lundi vers 9 heures à l’aéroport de Roissy alors qu’il allait prendre un avion pour Libreville.
Lors de son arrestation, il n’était pas en possession d’un ordre de mission du Gabon. « Il ne bénéficiait donc pas d’une immunité diplomatique qui aurait interdit toute mesure coercitive à son encontre », a relevé une source judiciaire. Il a alors été placé en garde à vue pour corruption d’agent public étranger et blanchiment.
Mais la présidence gabonaise a transmis quelques heures plus tard au ministère des Affaires étrangères un document indiquant qu’il se trouvait en France « dans le cadre d’une mission officielle ». « Le Quai d’Orsay a validé cette lettre et le parquet a dû le relâcher », a expliqué la source judiciaire.
L’organisme s’interrogeait sur « un virement de plus de 300.000 euros »
Parallèlement, la présidence du Gabon a protesté contre l’arrestation de Maixent Accrombessi, estimant, dans un communiqué, qu’elle violait « les principes fondamentaux et les pratiques du droit international ».
Une salariée de la société Marck, également interpellée lundi, était toujours en garde à vue mardi. Une enquête préliminaire avait été ouverte en 2007 par le parquet de Paris après un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement antiblanchiment de Bercy.
L’organisme s’interrogeait sur « un virement de plus de 300.000 euros émis en juin 2006 par Marck sur le compte monégasque d’une société de droit gabonais, dirigée par un homme d’affaires proche de M. Accrombessi », selon une source proche du dossier.
Les enquêteurs s’interrogent aussi sur six autres virements de 2 millions d’euros au total effectués par Marck au bénéfice d’une société domiciliée au Bénin et gérée par Maixent Accrombessi, selon cette source.
Sollicitée, l’entreprise française n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter ces informations. L’un des leaders de la société civile gabonaise, Marc Ona, responsable de l’ONG Brainforest, a de son côté demandé à la justice française « d’aller au bout » de l’enquête visant le directeur de cabinet.
D’origine béninoise et naturalisé gabonais, Maixent Accrombessi était au moment de la passation du contrat avec Marck l’un des conseillers d’Ali Bongo, ministre de la Défense de son père Omar Bongo de 1999 à 2009.
Source : 20 Minutes
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